Université de
la Sorbonne Nouvelle
(Paris III)
institut d'études
iraniennes
Osman sebrî
(apo)
analyse bio-bibliographique
diplôme d'étude
approfondies
(d.e.a)
Thèse présentée par
Mamed Jemo
Sous la direction de Monsieur le Professeur
Charles-Henri
de
Fouchécour
octobre 1990
Paris
TABLE DES MATIERES
Introduction p.
4
I- VIE DE
OSMAN SEBRÎ p.
7
1- Son enfance et sa jeunesse (1905-1929) p. 8
2- La lutte, la prison et l'exil (1929-1938) p. 12
3- Activités intellectuelles (1932-1980) p. 16
4- Fondateur du Parti
démocratique kurde en Syrie (1956) p. 23
II- OSMAN
SEBRÎ, POETE
1- ANALYSE THEMATIQUE
a- La période 1932-1950 p. 31
b- La période 1950-1980 p. 40
2- LA METRIQUE p. 67
III-
OSMAN SEBRÎ, PROSATEUR p.
74
1- Œuvres narratives p. 76
2- écrits critiques p. 87
3- écrits
politico-philosophiques p. 92
4- études ethnologiques p. 96
IV-
APPORTS LINGUISTIQUES p.
99
Conlusion p.
105
Bibliographie
1- Généralités p. 108
2- Ouvrages concernant Osman Sebrî p. 109
3- Bibliographie (par ordre alphabétique et par thèmes) p. 112
4- Bibliographie (par ordre chronologique et par thèmes) p. 121
Index general p.
130
AVANT-PROPOS
Faisant notre DREA (Diplôme de Recherche et
d'Etudes Appliquées) avec Madame de Wangen sur le doyen des écrivains kurdes soviétiques, Erebê Şemo, en 1988 à l'INaLCO, nous voulions continuer à travailler dans le
domaine de la littérature des Kurdes d'URSS. Ainsi, avions-nous décidé de faire notre DEA et,
ensuite, notre doctorat sur la littérature kurde en URSS. N'ayant pas pu atteindre notre objectif pour
certaines raisons, notre choix s'est porté vers un autre sujet..
Parmi les sujets qui nous ont
intéressés Osman Sebrî a le plus attiré notre attention pour les raisons
suivantes : d'une part, la facilité d'accès aux documents le concernant;
d'autre part, pour la place qu'il occupe parmi la génération des intellectuels
de Hawar (1932-1943), revue kurde publiée à Damas par Mîr Celadet Bedir-Xan.
Nous exprimons notre gratitude et
notre grande estime à Monsieur le Professeur Charles-Henri de FOUCHECOUR, qui a accepté volontiers de diriger un travail
d'études kurdes. Nous le remercions également de nous avoir aidé et de nous
avoir fait des remarques utiles dans notre travail durant les deux années de
DEA.
Nos remerciements vont à Monsieur le
Professeur Christophe BALAY qui a suivi de près le déroulement de notre travail,
qui nous a donné de précieux conseils et qui nous a surtout aidé dans
l'élaboration du plan et dans la bibliographie. Nous remercions également la
kurdologue Madame Joyce BLAU qui n' a pas cessé de nous aider.
INTRODUCTION
Né en 1905 et originaire du
Kurdistan septentrional
(Turquie), Osman Sebrî est considéré comme l'un des plus grands écrivains kurdes
(dialecte kurmancî) du XXème siècle. Dès 1929, persécuté par les
Kémalistes, O. Sebrî, homme politique, se réfugie au Kurdistan
du Sud-Ouest (Syrie).
Nous lui consacrons ce travail. Pour mieux comprendre le contexte historique
dans lequel Osman Sebrî est apparu sur la scène de la littérature kurde, il
convient d'en donner un bref aperçu.
Déterminer les débuts historiques de
la littérature kurde reste encore sujet à polémiques au sein des chercheurs
kurdophones. Nous ne cherchons pas à nous placer dans cet optique. Cependant,
nous pouvons adhérer à l'hypothèse de Kemal Fuad qui considère le poète Mela PerîŞan comme le
précurseur de la littérature kurde. Ce poète a vécu à la fin du XIVème et au
début du XVème siècle [1].
De Mela PerîŞan jusqu'à la fin du
XIXème siècle, la littérature kurde a connu de nombreux poètes dans différents dialectes.
Ils étaient presque tous des lettrés religieux abordant quasiment - à
l'exception de leurs sentiments nationaux - les mêmes sujets dans leur poésie
que ceux des peuples voisins. Citons quelques poètes kurdes de l'âge classique
: Melayê Cizîrî (1570-1640), Feqiyê Teyran (1590-1660), Yusuf Xaskî (m. 1636), EÌmedê Xanî (1650-1706), Şêx EÌmed Textî (vers 1640), Elî Îerîrî (XVI-XVII), Mewlana Xalêd (1777-1827), EÌmed Beg Komasî (1795-1876), Nalî (1800-1873), Kurdî (1805-1859), etc…
Au début du XXème siècle, la situation des
Kurdes au Kurdistan, qui était déjà partagé
entre les deux empires rivaux : persan et ottoman, va s'aggraver à la suite des nouvelles données de
la carte géo-politique du Moyen-Orient imposée par les vainqueurs occidentaux de la
Première Guerre mondiale. Le Kurdistan est alors partagé entre la Turquie, l'Iran, l'Irak et la Syrie. Une forte communauté kurde restera également en
Union soviétique. Aussi la
littérature kurde partagera-t-elle le même sort tragique que le peuple kurde.
Partout, le Kurde est persécuté et contraint à s'assimiler aux nations
dominantes : arabe, persane et turque. Seul les Kurdes d'Arménie, Yézidis pour la plupart, ont bénéficié relativement de
droits culturels au début des années 1920, mais la présence du mot
"Kurdistan" au sens politique était interdite dans leurs
ouvrages. D'autre part, Staline a assimilé de force, à l'initiative des responsables
turcs azerbaÎdjanais, une partie des Kurdes se trouvant en Union
soviétique.
Dès que la résistance kurde commença
à se manifester contre l'oppressions culturelle et nationale mises en œuvre par
les régimes occupants, la littérature kurde évolua d'une manière inégale dans
chacune des parties du Kurdistan. C'est dans cette période de résistance que Osman
Sebrî comme les autres écrivains kurdes a commencé à
écrire.
La famille de Osman Sebrî n'échappa
pas à cette oppression : soupçonnés de vouloir participer à la Révolte kurde de
1925 par les Kémalistes, ses deux oncles, Şukrî et Nûrî, seront pendus à Amed (Diyarbakir). Osman Sebrî,
à son tour, sera emprisonné, puis libéré, réemprisonné et finira par se
réfugier au Kurdistan du Sud-Ouest en 1929, où il rencontrera tout un groupe
d'intellectuels kurdes expatrié en Syrie. celle-ci était mandatée par les Français qui
facilitèrent relativement les activités culturelles kurdes. Au début des années
1930, ce groupe composé de Cegerxwîn (1903-1984), Qedrîcan (1917-?), ReŞîdê Kurd (1910-1968), Mîr Kamuran Bedir-Xan (1895-1978),
Nûredîn Zaza (1919-1988), EÌmed Namî (1906- ?), et bien d'autres, se mirent donc à écrire
dans la revue Hawar que Mîr Celadet Bedir-Xan (1893-1951)
publiera par la suite. Osman Sebrî commencera ainsi sa carrière d'écrivain comme poète
et comme prosateur.
Le travail que nous présentons ici
comporte trois parties. Dans la première partie, subdivisée en quatre
chapitres, nous aborderons la vie de Osman Sebrî.
La deuxième partie comprend trois
chapitres. Les deux premiers présentent une analyse de la poésie de l'auteur.
Cette analytique est menée de façon chronologique. Le troisième chapitre
présente la métrique.
Dans la troisième partie, quatre
chapitres, nous nous intéressons à la carrière de prosateur de O. Sebrî.
Dans un chapitre indépendant qui ne
constitue pas en lui-même une quatrième partie, nous tentons de parler de ce
que nous considérons comme apports linguistiques de Osman Sebrî.
Concernant la bibliographie, à part la
généralité et les ouvrages à propos de l'auteur, elle est divisée en deux
parties : l'une est classée par ordre alphabétique et par thèmes, l'autre par
ordre chronologique et par thèmes.
Pour
la transcription des noms propres et des lieux kurdes, nous avons adopté
l'alphabet kurde, communément appelé alphabet Hawar, du nom de la revue qui l'a popularisé à Damas en 1932. Cet alphabet est publié dans le livre Grammaire kurde (dialecte kurmandji). Nous
avons ajouté deux lettres qui n'ont pas été publiées mais qui nous sont
indispensables : Î et ›.
la translittération de L'ALPHABET KURDE latin ([2])
caractères valeur
1. a â
2. b b
3. c dj
4. ç tch
5. d d
6. e a très bref
7. ê ê très allongé
8. f f
9. g g
10. h h aspiré
11. Ì Õ arabe
12. i e allemand
dans "machen"
13. î î très allongé
14. j j
15. k k
16. I I
17. m m
18. n n
19. o ô très allongé
20. p p
21. q ‚ arabe
22. r r
23. s s
24. Ş
ch français
25. t t
26. u u bref
27. û û très allongé
28. v v
29. w w anglais
30. x ch allemand
31. x ⁄ arabe
32. y y français (dans yeux)
33. z z
I- VIE DE OSMAN SEBRî
Engagé dans la vie politique depuis
sa jeunesse jusqu'au début des années soixante-dix, Osman Sebrî a vécu une
période extrêmement dure et difficile à raconter. Il est emprisonné dix-huit
fois dans les prisons turques, françaises et arabes. A cinq reprises on le contraint à vivre dans des
résidences surveillées et aujourd'hui il vit à Damas.
Osman Sebrî a écrit son
autobiographie depuis longtemps, mais il ne l'a pas publiée. Il a toujours
préféré faire de celle-ci un ouvrage posthume pour une raison qui, d'après nos
entretiens, est la suivante : la
narration objective et critique des événements pendant lesquels il a vécu,
sont, sans doute aujourd'hui, difficilement acceptables par les nouvelles
générations kurdes qui ont été leurrées par le "communisme" de l'Est
et la "démocratie" de l'Ouest. Nous lui avons demandé plusieurs
fois de publier son autobiographie, mais en vain. Répondant à notre question
concernant son autobiographie, O. Sebrî dit :
"(...) Je n'ai pas
tout écrit. J'ai écrit environ deux cents pages. Lorsque je voulais écrire mes
souvenirs au Kurdistan méridional, je me suis arrêté. C'est difficile de révéler la
vérité. Puisque je ne peux pas écrire la vérité telle qu'elle est, pourquoi
est-ce que j'écris ? Ces deux cents pages que j'ai écrites, quelqu'un me les a
demandées à lire. Il a déchiré trente pages ! (..)" [3].
Toutefois, pour parler de la vie de
Osman Sebrî sur tous les plans, nous nous basons sur nos entretiens avec lui,
sur les entretiens publiés dans les revues kurdes et sur d'autres sources.
Etant donné qu'il nous manque des références précises en ce qui concerne chaque
période de sa vie, nous avons essayé de comparer les documents que nous
possédons avec nos entretiens pour faire une analyse globale par ordre
chronologique. D'autre part, nous avons préféré citer plutôt que commenter.
1- SON ENFANCE ET SA JEUNESSE (1905 -1929)
Osman Sebrî est né le 5 janvier
1905, dans le village de Narinc de la tribu Mirdês, dans le district de Gext,
département d'Adiyaman au Kurdistan
septentrional. A la mort de son père il avait huit ans et c'est son oncle Şukrî
qui l'élevera. Il parle :
"(...) Mon oncle m'a élevé. Je l'aimais beaucoup. Que tous les
oncles au monde soient comme lui (...) Mon oncle était très gentil avec moi,
c'est la raison pour laquelle je suis resté avec lui (...) Il était pour moi
beaucoup plus qu'un père (...)" [4].
Fils du chef de la grande tribu
mirdês, il apprend à lire et à écrire en kurde et en turc :
"(...) J'ai fait six ans d'études. A l'école, j'aimais beaucoup
les livres d'histoire et de poésie. Hélas, à part le Dîwan de Melayê Cezîrî et le Mem
û Zîn de EÌmedê Xanî, je ne possédais aucun vers en kurde. En revanche,
j'ai appris par cœur ces deux derniers (...)" [5].
Osman Sebrî vit son enfance et sa
jeunesse, comme tous les enfants des riches villageois kurdes de l'époque, dans
un milieu qui lui permet d'apprendre le métier de la chevalerie et
l'utilisation des armes dans les combats entre les tribus. Etant fils unique,
on l'empêche de poursuivre ses études . On le marie tôt afin que ses enfants
héritent les biens de sa famille. Il raconte :
"(...) J'étais un enfant villageois.
Je ne me rappelle que de cela (...). Ce qu'on m'a infligé, c'était de me
contraindre à abandonner les études. Je n'avais pas de frères. Nous avions
beaucoup de biens. Ma famille disait : . On ne pensait pas à moi, mais aux biens !
On m'a fait quitter l'école (...). Ce qu'on m'a fait apprendre, c'était la
chevalerie, l'utilisation des armes, la réussite et l'échec dans les combats
(...)" [6].
En ce qui concerne les origines de
la pensée de O. Sebrî, il est influencé par un professeur d'origine kurde,
nommé îsmayîl Efendî, un socialiste qui militait dans l'opposition au gouvernement
kémaliste. Il fait l'objet d'une sanction et il est obligé d'enseigner dans la
région du Kurdistan, négligée et arriérée. A partir de cette époque-là, O.
Sebrî s'oppose à la féodalité :
"L'auteur : l'année de votre certificat, vous aviez un professeur
dont les idées étaient...?
Apo : On a envoyé
un professeur à notre village après mon obtention du certificat. Il s'appelait îsmayîl
Efendî. Il était kurde. Il était professeur de collège.
Les Turcs l'ont désigné comme professeur de l'école primaire
et l'ont envoyé à notre village en raison de ses idées socialistes. Il m'a
rencontré dans le village et m'a influencé par ses idées. Depuis ce jour-là, je
suis resté contre les cheikhs, les mollahs et les aghas (...)" [7].
Lorsque Osman Sebrî termine ses études à l'école RuŞdiye en 1922, les nationalistes kurdes se préparent à se
révolter sous l'impulsion de Xalid Begê Cibrî,
officier kurde dans l'armée ottomane, contre les Kémalistes qui nient les droits des
Kurdes en Turquie. Xalid Begê Cibrî sera détenu et Şêx Se'îd prendra la direction de la révolte :
"(...) A cette époque-là, nous avons informé Şêx Se'îd : vous arrivez à SiwêrekAxa,
vous êtes au tribunal et non pas à la montagne des Mirdês !». Şukrî Axa et ses camarades savaient d'avance qu'ils
allaient être pendus comme tous les autres révolutionnaires kurdes pendus par
le même tribunal, appelé le (...). Lorsque un proche vint leur rendre
visite, le combattant Osman Sebrî demanda de leur apporter un pistolet lors de sa
prochaine visite afin de tuer le juge. Mais son oncle, Şukrî Axa,
n'accepta pas sa proposition en lui disant : . En fait, le révolutionnaire Osman Sebrî est sorti de la prison et a tué l'agent
publiquement. Ensuite, il est allé dans les montagnes de Mirdês pour réclamer à nouveau le soulèvement. Comme il
s'est rendu compte qu'il ne pouvait pas réussir tout seul, il est allé à
Suleimaniya et à Barzan au Kurdistan
méridional (Irak). Il a rencontré le Şêx MeÌmûd Berzencî et le Şêx EÌmed Barzanî afin d'unir les forces kurdes. Il n'a pas non plus
réussi à cause de plusieurs raisons (...). Il est retourné chez lui et a trouvé
sa région occupée et investie par les militaires turcs. Il n'avait aucune
possibilité de reprendre la lutte (...)" [9].
Les deux oncles de Osman Sebrî ont été immédiatement pendus à Amed (Diyarbakir) après la Révolte de 1925. O. Sebrî est resté incarcéré dans la prison de Denizli (ville à l'Ouest de la Turquie) jusqu'à la fin de l'années 1928. Au début des
années 1929, il est de nouveau arrêté et est ramené à Meletiya pour être jugé par le tribunal
militaire, Dîwanî Herb. O. Sebrî raconte :
"(...) Les autorités turques ont repris leur agression contre
nous, après nous avoir relâchés. Elles ont fait quelques fausses accusations
contre nous. J'ai été arrêté ainsi que vingt-six aghas et nous fûmes conduits
devant le Dîwanî Herb.
L'auteur : "Dîwanî Herb"
était un tribunal ?
Apo : Oui, c'était un tribunal. Parfois, vous savez
lorsque Dieu veut aider quelqu'un, personne ne peut l'en empêcher. Le juge
était un Kurde de Dêrsim que Mustafa Kemal Pacha aimait beaucoup pour l'aide qu'il avait
apporté aux Turcs durant la guerre greco-turque (...). Si ce n'avait pas été
lui, ils nous auraient tous tués (...)" [10].
A sa sortie de la prison, O. Sebrî décide de quitter le pays pour rejoindre ses
compatriotes qui ont fondé l'Organisation Xoybûn
(Indépendance) à Beyrouth.
2- LA LUTTE, LA PRISON ET L'EXIL (1929 -1938)
Le 24 novembre 1929, O. Sebrî traverse la frontière turco-syrienne et s'installe
près de celle-ci. A l'époque, la Syrie est sous mandat français. Les mandataires français veulent
profiter de l'occasion pour se servir de lui. Néanmoins, il refuse leurs propositions et reste
indépendant. Il raconte :
"(...) A mon arrivé ici (la Syrie - NDLR), les Français ont voulu m'exploiter, mais je m'y suis opposé. Ils
ont dit : «Nous savons que vous êtes le fils d'un chef de tribu. Nous vous
promettons de vous donner le salaire d'un chef de tribu ainsi que six villages
à construire (...) à condition que vous ne fassiez rien sans nous prévenir préalablement,
puisque vous ne comprenez pas la politique». J'ai dit : . A la suite de ma réponse, je perdis le
droit à une aide financière dont je devais bénéficier en tant que réfugié
politique. (...) lorsque j'ai critiqué les personnes qui s'étaient ralliées à
eux, ils m'ont arrêté et m'ont déporté par la suite (...)" [11].
Les mandataires français déportent O. Sebrî dans une ville arabe syrienne, appelée Raqqa. Malgré cela, O. Sebrî peut entretenir des
relations avec Xoybûn. Le 1 juillet
1930, il participe à la révolte de l'Agirî (Ararat). "Mais, hélas, lui (îÌsan Nûrî PaŞa,
le dirigeant de cette révolte - NDLR) et Xoybûn
ont été trompés par les mandataires" [12]. Au mois d'octobre 1930, déçu, il revient
au Kurdistan du Sud-Ouest et se cache de crainte d'être livré aux Turcs par les Français. Après, il s'enfuit au Kurdistan méridional :
"(...) Sur cinq fronts, ils (les membres de Xoybûn - NDLR) s'apprêtaient à franchir la
frontière vers le pays (Kurdistan septentrional- NDLR) pour se battre contre les Turcs. A ce moment-là, j'ai été déporté à Raqqa. Ils m'ont prévenu afin que je me joigne à eux
(...). Le dernier front était celui de Berazan (région du nom de la grande tribu kurde Berazan au
nord de la Syrie - NDLR) guidé par Mustefa Şahîn Beg et Bozan Şahîn Beg.
Ces derniers m'ont envoyé vingt-cinq combattants en me disant : «Vous avez deux
gendarmeries à Sirûc à détruire. Demain, nous viendrons et nous irons à
Sirûc. Puis, nous continuerons le chemin jusqu'à Ruha (Urfa). Après avoir occupé Ruha, nous vous enverrons des combattants afin que vous
alliez dans votre région». Nous avons alors détruit les deux gendarmeries. A
peine les Français ont-ils entendu qu'il y avait eu des combats et que
des gendarmes turcs avaient été tués, qu'ils ont arrêté Mustefa Şahîn
Beg et Bozan Şahîn Beg et les ont conduits à Alep. Lorsque les combattants qui m'accompagnaient ont
entendu la nouvelle de l'arrestation de ces derniers, ils m'ont quitté. Je suis
resté tout seul (...). A la fin de l'écrasement de la Révolte de l'Agirî, les Turcs se sont retournés contre moi (...). Je suis resté
comme clandestin pendant environ deux mois parmi les tribus arabes (les 'Iniz - NDLR). Ensuite, je suis allé au Kurdistan
méridional (...)" [13].
A l'occasion de son séjour chez les
tribus 'Iniz, O. Sebrî nous raconte une histoire très drôle qui
illustre sa lutte. Etant donné que O. Sebrî est devenu un personnage très
réputé pour sa lutte, les gens racontent parfois des rumeurs à son propos au
Kurdistan du Sud-Ouest :
"L'auteur : Apo, est-il vrai que vous avez frappé le juge avec
l'appareil de téléphone dans le tribunal ?
Apo : il ne dit pas la vérité celui qui a
raconté cela, Apo [14]. Les gens mentent. Je vous jure qu'une fois nous
étions chez quelqu'un qui ne nous connaissait pas. Nous étions trois : un
camarade, mon fils (Welato - NDLR) et moi. Il faisait nuit lorsque nous sommes
rentrés dans un camp arabe en Syrie, après avoir traversé la frontière turque. L'hôte
nous a demandé : . , avons-nous répondu. A l'époque, les
habitants de la région ont entendu mon nom (...). L'hôte a dit : . , avons-nous répondu. Il a dit : , il s'arrête toujours chez moi». C'est
ainsi que les gens mentent (...)" [15].
Revenons à son séjour au Kurdistan
méridional, O. Sebrî narre :
"(...) J'étais tombé dans les mains des Arabes qui m'ont amené dans une gendarmerie dont je ne me
souvenais plus du nom. Le chef de la gendarmerie était kurde, c'était le cousin
de Şêx MeÌmûd Berzencî. Il s'appelait 'Adil Beg. Il a abandonné la Révolte de MeÌmûd Berzencî et
s'est livré aux Arabes qui, à leur tour, l'ont nommé chef de la
gendarmerie et l'ont envoyé à Zîbar dans le but de convaincre Şêxê Barzan de se livre
aux Arabes.
C'est Şêxê Barzan, lui-même, qui me l'a dit (...). Je ne savais pas
qui il était. Il appartenait à la famille de Berzencî, il était fier de lui (...). Après m'avoir
interrogé, il m'a demandé plusieurs fois où était mon passeport. La dernière
fois, lorsqu'il me l'a redemandé, je lui ai fait un geste qui ne lui a pas plu.
Il m'a alors insulté. Je lui ai répondu de la même manière. Un lieutenant arabe
qui était présent est intervenu et n'a pas laissé la situation s'aggraver (..).
Il a dit à 'Adil Beg : «Vous ne les (les Kurdes
septentrionaux - NDLR) connaissez pas, moi, je les connais. Nous étions huit
cents prisonniers arabes. Les Anglais sont parvenus à tous nous effrayer excepté un
compatriote, nommé Îec Extî (l'un des dirigeants de la Révolte de Şêx Se'îd en 1925 - NDLR). Donc, vous ne pouvez lui inspirer
aucune crainte (...)». 'Adil Beg s'est excusé et m'a invité chez lui (...). Après, il
m'a ramené à la prison de Mossoul dont le chef de police était kurde, nommé Şukrî. Ce dernier m'a demandé : . J'ai dit : vous pouvez m'obtenir une
autorisation de séjour en Irak, etc.» (...). Ils m'ont posé la question : . , ai-je répondu. , ils ont tous ri en me disant : ?». J'ai rétorqué : ?». Ces gens-là qui sont morts ont écrit
leurs souvenirs en turc. D'autres ont écrit en kurmancî affaibli, etc..." [27].
La même année, après avoir été
interrompue environ six mois, Hawar revoit le jour le 15.04.1941. Une rencontre a lieu
entre la famille Bedir-Xan et O. Sebrî dans le but de faire revivre Hawar. "Certaines personnes ont voulu nous rapprocher,
Celadet et moi, afin que nous travaillions ensemble dans le domaine
linguistique. Nous nous sommes promis de ne pas parler entre nous de politique
puisque nos idées étaient différentes (...)" [28], raconte O. Sebrî.
Revenons à la participation de O.
Sebrî dans Hawar et Ronahî, supplément illustré de Hawar, la période entre 1941 et 1945 est le plus
prolifique : travaux de recherche, de poèmes, des œuvres narratives et
d'articles nombreux. Il convient de dire que, excepté les frères Bedir-Xan, O.
Sebrî est le principal rédacteur dans ces deux revues, ses œuvres dominent
largement [29]. Nous présentons deux tableaux en ce qui concerne
ses œuvres parues dans Hawar et Ronahî tout en précisant les numéros, les dates et le genre
de ses oeuvres. Cela nous permet de connaître ses débuts soit comme poète, soit
comme prosateur.
HAWAR (15 mai 1932 - 15 août 1943)
n° date poème
nouve. récit conte
écr. crit. écr. polit. étud. ethn.
ling. divers
02 01
juin 1932 1
14 31
déc. 1932 1
20 08
mai 1933 1
21 05
juin 1933 1 1
22 01
juil. 1933 1
27 15
avr. 1941 2 1
28 15
mai 1941 1 1
29 10
juin 1941 1 1
30 01
juil.1941 1
31 01
aoû.1941 1
36 01
déc. 1941 1
48 15
aoû. 1942 1 1
49 15
sept. 1942 4 1
50 12
oct.1942 1
51 15
nov. 1942 1 1
52 20
jan. 1943 1 1 1 1
53 15
mar. 1943 1
54 15
mai 1943 2
55 15
juin 1943 1 1
56 15
juil. 1943 1 1
19 5 3 2 2 2 3
RONAHî (01 avril 1942 - mars 1945)
n° date poème
nouve. récit conte écr. crit.
écr. polit. étud. ethn. ling.
divers
12 01
mar. 1943 1 1 1
13 01
av. 1943 1
14 01
mai 1943 1 2
15 01
juin 1943 1
16 01
juil. 1943 1 1
17 01
août 1943 2 1 1
18 01
sep. 1943 1 2
19 01
oct. 1943 1 1 1
20 01
nov. 1943 1 1 1 1 1
21 01
déc. 1943 1 1 1
22 01
jan. 1944 1
23
fév-mar. 1944 2
24
avril 1944 2 1
25
mai 1944 2
26
jui-juil. 1944 2
27
av-sept. 1944 1
28
mars 1945 2
5 1 7 1 18 3 2 4
Après la présentation de ces deux
tableaux, nous continuons à parler de sa participation à la revue Çiya (la Montagne) publiée en Allemagne par ÎemreŞ ReŞo
de 1965 à 1970, tout en passant par la période des
années cinquante où il s'engage à nouveau dans la politique en fondant un
parti. Le chapitre suivant sera consacré. Avant cela, il est utile de souligner
quelques points. Premièrement, O. Sebrî écrit quelques articles et poèmes dans
la revue Roja Nû {le Jour Nouveau - (1943-1964)} publiée à Beyrouth par Mîr Kamuran Bedir-Xan. Deuxièmement, il enseigne le kurde à un kurdologue
suédois, nommé Stig Wikander en 1953. Ce dernier est parti de Paris chez O. Sebrî d'après les conseils de Mîr Kamuran
Bedir-Xan. Stig Wikander publiera quelques écrits inédits de O. Sebrî dans
son livre Recueil des textes kourmandji. Troisièmement, O. Sebrî publie dans les années
cinquante quelques œuvres telles que Bahoz
û çend nivîsarên dinê (1956), Derdên
me (1957) et Elifbêya
kurdî (1954). La publication de ces œuvres s'effectue peu
avant et après la fondation du parti dans le but de transmettre ses idées
politiques.
Quant à la revue Çiya (1965-1970), huit numéros sont publiés. O. Sebrî
écrit des poèmes et des récits dans tous les numéros sauf le premier et le
quatrième. C'est la première fois que O. Sebrî emploie son surnom "Apo" dans le dernier numéro de cette revue. En
plus de la revue Çiya, Hêviya Welêt, revue des étudiants kurdes en Europe, publie des extraits d'écrits et des poèmes de O.
Sebrî dans les années soixante--dix. Dix ans vont s'écouler durant lesquels O.
Sebrî n'écrit pas, car il participe à la Révolution kurde au Kurdistan
méridional dirigée
par Mollah Mustefa Barzanî dans les années soixante-dix. O. Sebrî quitte le
Kurdistan méridional à la suite de certains désaccords avec Mollah
Mustefa Barzanî, et est emprisonné au Kurdistan du Sud-Ouest. En outre, à part les revues du Kurdistan
méridional,
il n'y avait aucune revue kurmancî à cette époque-là à laquelle puisse y participer O.
Sebrî.
Au début des années quatre-vingt, la
situation des Kurdes s'est tragiquement aggravée en raison des régimes
militaires qui occupent le Kurdistan. Les intellectuels kurdes se réfugient en
Europe et publient des revues. Ils entretiennent des
relations avec O. Sebrî à Damas qui, à son tour, commence à réécrire à l'âge de
soixante-dix-huit ans dans la revue
Berbang (Suède), Roja Nû (Suède), Gelawêj (Syrie) et Hêvî (Paris). Quand l'Institut kurde de Paris est fondé le 24 février 1983, O.
Sebrî devient l'un de ses membres d'honneur. Il correspondra avec Hêvî, la revue culturelle de l'Institut, et publiera
trois poèmes dont "Neviyê kalê Siyamend" (le
descendant âgé de Siyamend) est surnomé : Kalo.
A présent, O. Sebrî reste le dernier
intellectuel vivant de sa génération, raison pour laquelle les intellectuels
kurdes se rendent chez lui de temps à autre pour avoir des entretiens qui
éclairent ainsi son époque.
4 - FONDATEUR DU PARTI
DEMOCRATIQUE KURDE EN SYRIE (1956)
Lorsque la revue Hawar s'interrompt
définitivement en 1943, O. Sebrî cherche un emploi à Damas. En 1944, il occupe un poste de fonctionnaire et
sera expulsé par le Ministère de l'Intérieur en 1949 [30]. Entre-temps, O. Sebrî se marie en 1949 (?)
avec une Tcherkesse, appelée Şadiya. Elle est décédée en 1986. De cette
femme, O. Sebrî a trois fils : HoŞeng, HoŞîn et Heval; et deux filles : Hingûr et Hêvîn. Ils se sont tous réfugiés en Europe. O. Sebrî a de plus adopté une fille, appelée Kew, qui reste toujours avec lui.
Au milieu des années cinquante, O.
Sebrî va reprendre la lutte politique au Kurdistan du Sud-Ouest. En collaboration avec quelques amis, il fonde le
premier parti politique kurde au Kurdistan du Sud-Ouest en 1956. En ce qui
concerne la fondation de celui-ci, Nûredîn Zaza essaie de se désigner comme fondateur d'une façon
indirecte dans son livre intitulé Ma vie
ou le cri du peuple kurde, ce qui est faux. D'autre part, si nous comparons
quelques paragraphes de ce livre à nos entretiens avec O. Sebrî en ce qui
concerne la date de fondation de ce parti, ainsi que d'autres renseignements
précis à ce sujet, nous pouvons tirer une conclusion correcte. Nûredîn Zaza écrit :
"Entre mon départ en Europe et mon retour, en 1956, la Syrie avait subi d'importantes transformations dans tous
les domaines (....)
Comme aucun parti
politique, en Syrie, n'était alors résolu à prendre en compte
l'existence des Kurdes, quotidiennement persécutés, il devenait nécessaire de
créer une organisation qui leur permette de préserver leur identité, voire de
la développer tout en préparant la voie de leur libération nationale,
pensais-je, et cela dans le cadre de l'Etat syrien. Les lycéens et les étudiants de Damas me pressèrent dans mon projet ainsi que de vieux
militants, des mollahs, des féodaux et de simples paysans de régions kurdes de
Syrie. Bien qu'étant engagé au titre de professeur de
pédagogie et de sociologie à l'Université de Damas, je me mis à la tâche. Celal Talebanî,
l'un des responsables les plus en vue du Parti démocratique kurde d'Irak, alors réfugié politique en Syrie, collabora à mon travail en étudiant les statuts de
son parti. Ensemble, nous les confrontâmes avec la réalité kurde en Syrie.
Vers la fin de l'année
1957, le se
concrétisa. Le Parti démocratique kurde de
Syrie [31], dont les buts consistaient à défendre
l'entité nationale des Kurdes de Syrie, à exiger pour eux des droits culturels et
administratifs (dans le cadre d'un régime démocratique pour l'ensemble du
pays), devient réalité. Dès que les statuts furent élaborés, les membres
fondateurs du PDK élurent un comité exécutif provisoire qui
fonctionnerait jusqu'à la convocation du Congrès, organe suprême du parti.
Après mon élection en tant que président du PDK, le comité exécutif élu se mit à recruter des
membres (...)" [32].
Toutefois, O. Sebrî affirme qu'il
est le fondateur mais, plus tard, ils (O. Sebrî et ses camarades fondateurs -
NDLR) appellent Nûredîn Zaza à adhérer au parti et le désignent à la tête de
celui-ci du fait qu'il a le meilleur niveau culturel scientifique parmi eux. Il
nous raconte :
"J'ai fondé le parti. Il y
a avait trois personnes avec moi : Îemîdê Îec DerwîŞ de Cezîre (région kurde au nord-est de Syrie - NDLR), Îemze N.
de Serê Kaniyê (ville kurde au nord-est de Syrie - NDLR) et la troisième personne était du Kurdistan
septentrional qui
s'appelait Sado. Plus tard, les autres ont adhéré au parti
(...)" [33].
Quatre ans plus tard, c'est-à-dire tout au
début de l'année 1960, Celal Talebanî parvient à influencer Nûredîn Zaza,
Îemîdê Îec DerwîŞ et
quelques autres pour changer la politique du Parti. Par conséquent, une réunion
du Comité Central a lieu et une nouvelle politique est adoptée : tout d'abord,
le changement de nom du Parti
démocratique kurde en Parti
démocratique du Kurdistan; deuxièmement, l'alliance avec les aghas et
les begs kurdes. Quant à O. Sebrî, il s'oppose avec ceux qui vont changer la
politique du Partî [34]. La majorité du Comité Central admet la
nouvelle politique, ce qui inquiète les autorités syriennes qui arrêteront au
moi d'août 1960, tous les membres du Comité Central du Parti démocratique du Kurdistan -
Syrie, y compris O. Sebrî. Les défenseurs de la nouvelle politique changent
d'avis sous la torture et ils admettent que le Parti démocratique du Kurdistan est une association sociale et culturelle et
non pas un parti politique. Cependant, O. Sebrî reste le vrai défenseur de la
nouvelle politique devant le tribunal. Nous allons voir comment O. Sebrî se
défend devant le tribunal :
"L'auteur : Comment
avez-vous ajouté le mot au nom du Partî
?
Apo : C'était le jeu de Celal Talebanî.
Lorsque nous avons accueilli Nûredîn Zaza dans le Partî et que nous l'avons désigné comme secrétaire général
de celui-ci, Celal Talebanî l'a convaincu de changer le nom du Partî en Parti
démocratique du Kurdistan. Je me suis opposé à cette idée dans la
réunion du Comité Central et j'ai dit : . Nûredîn Zaza m'a dit : vous ne pouvez pas accepter cela,
allez-vous-en. , ai-je dit. A nouveau devant le tribunal,
ils ont dit que le Partî n'est pas un parti politique, c'est une association
culturelle et sociale. Le programme, la discipline et les communiqués au nom du
Partî démocratique du Kurdistan trouvés avec eux, sont sur la table du
président de tribunal. Ce dernier m' a dit : reconnaît que le Partî est une association sociale et culturelle, qu'est-ce
que vous répondez ?». , ai-je dit (…) Il m'a dit : . , ai-je répondu. Il a dit : vous ne croyez
pas que vous êtes chauvins, je vais vous condamner à deux peines. , ai-je dit. Je me suis rapproché de lui
après avoir fait mes excuses car j'entendais mal. Il a dit : j'étais chauvin,
le greffier étant kurde, je pourrais le remplacer par un Arabe. , ai-je dit. , a-t-il dit. , ai-je répliqué (...)
J'ai dit : . , a-t-il dit. ?», ai-je dit. , a-t-il dit. vous nous donnez les droits
que les Juifs donnent aux Arabesn'est pas la propriété de mon père. S'il l'était, je
la donnerais et je la quitterais». Le Kurdistan est aux Kurdes et non à mon père ! (...)"[41].
A
cause de son attitude contre la Ceinture
Arabe dont la réalisation aurait créé des événements
meurtriers entre les Kurdes et les Arabes nomades qui venaient de s'installer, O. Sebrî est à
nouveau recherché par les autorités syriennes, mais cette fois-ci O. Sebrî ne
veut pas se livrer. Les autorités le condamnent alors à deux ans de prison le
16 mars 1969. Il quitte le Kurdistan du Sud-Ouest et se rend discrètement au
Kurdistan septentrional le 14 juin 1969 pour se cacher. Rentré au Kurdistan
du Sud-Ouest au
début des années 1970, il sera emprisonné.
Cet emprisonnement est probablement le dix-septième. Désormais, les autorités
syriennes connaissent O. Sebrî. Voyons ce que dit le chef de
la prison à O. Sebrî lors de son retour en prison :
"Le chef : . , ai-je répondu. , a-t-il dit. J'ai répondu : (...)
A ces mots, il a ri (...)" [42].
Après avoir été libéré, O. Sebrî est
allé rejoindre la Révolution au Kurdistan méridional qui
triomphait de plus en plus contre le régime arabe irakien. A peine s'est-il trouvé en désaccord avec Mollah
Mustefa Barzanî qu'il
a quitté la Révolution et est rentré en 1972 au Kurdistan du Sud-Ouest, où il a passé un an de prison à Damas jusqu'en 1973 [43]. A cet égard, nous parlerons en détail dans
le chapitre suivant. Enfin, "depuis 1974 et jusqu'à maintenant, il vit en
une résidence surveillée à Damas", d'après ÎemreŞ
ReŞo [44].
II- OSMAN SEBRî, POETE
Le tout premier écrit de O. Sebrî à
propos duquel nous avons déjà parlé précédemment, est un poème intitulé
"Berdêlk" qui est dédié à son compatriote Qedrîcan. Ce dernier lui a écrit un mot dans le premier
numéro de la revue Hawar sous le titre "Hawar hebe gazî li dû ye" (Tant qu'il y a Hawar, le secours parvient après) en prose et en vers en
son honneur. De cet article, il convient de présenter un extrait accompagné de
réponse faite par O. Sebrî à celui-ci et qui traduit ses débuts dans le monde
poétique. Qedrîcan écrit :
"Jiyîn çikas delal e [45]
Di nav bav û biran da
Dil heye qu ne nale
Ber birînên riman da
Ev birîna riman e
Bareqî pir giran e
qezeb, gurçiq neman
Li pepûkên xwehan da" [46].
La traduction :
Comme la vie est agréable
Parmi les pères et les frères
Y a-t-il un cœur qui ne souffre pas
Des blessures faites par des flèches ?
Cette blessure est causée par des flèches
C'est un lourd fardeau
Les reins et les foies des sœurs
Désespérées sont réduits à néant
O. Sebrî répond :
"Jiyîn xweŞ e bi xurtî [47]
Li Kurdistan, bi Kurdan
Bav û biran çi bikim ?
Îemû min tê bi derdan
Min dil tu car nenalî
Min zar tu car nekalî
Bi dilÌiŞkî, bi lalî
Sînga xwe da ber riman
.................................
Derban li me tu zanî
Rim nîne giŞ nezanî
.................................
Xopan kirin kurdanî
Ev tiral û nezanan" [48].
La traduction :
La vie est agréable de force
Au Kurdistan, parmi les Kurdes
Les pères et les frères, que ferais-je avec eux ?
Je les ai perdus pour la patrie
Mon cœur n'a jamais souffert
Ma langue ne s'est jamais plainte
Vaillamment et silencieusement
J'ai exposée mon poitrine aux flèches
Vous savez les coups que nous avons reçus
Ils n'émanent point de flèches, mais de l'ignorance des gens
Ces fainéants et ces ignorants
Ont détruit le kurdisme
Ainsi O. Sebrî commence-t-il son
métier comme poète. Deux périodes marquent l'accomplissement de ses œuvres. La
première va de 1932 jusqu'à 1950. La deuxième va de 1950 jusqu'à la fin des
années 1980.
1- Analyse thématique
a - LA PERIODE (1932 - 1950)
Au cours de cette période O. Sebrî a
écrit 24 poèmes, dont douze sont empreints d'un fort sentiment patriotique :
"Berdêlk" (l'échange), "Lavelav" (supplique),
"MarŞa xortan" (la marche de la jeunesse), "Je dûr ve" (de
loin), "MarŞa felatê" (la marche de la libération), "Cejinpîroziya
Welato" (joyeuse
fête de nouvel An à l'attention de Welato), "Hêviya Nû" (le
nouvel espoir), "Sersala min" (mon
anniversaire), et "Berdiliya MiÌokê" (l'espérance
de MiÌokê), "XweŞxwana çiyayîkî" (le
chant d'une montagne), "MarŞa canbêzaran" (la marche des militants); six inspirés du folklore
: "Dongiya çeqel" (la mort du chacal), "Welatê Tirî-Viryan" (le pays de Tirî-Viryan), "Roviyê jîr" (le
renard intelligent), "Dîk û rovî" (le
coq et le renard), "Gurê pîr" (le
vieux loup); trois pour les enfants : "Dibistan" (l'école),
"Bihar" (le printemps), et "Tevdîra miŞkan"
(la
décision des souris); et quatre sont d'ordre romanesque : "Evîn" (l'amour), "Daylan" (Daylan),
"Keça Şi'rê" (la jeune fille à travers la poésie) et "XweŞxwana
çiyayîkî" (le
chant d'une montagne).
Comme tous les intellectuels de sa
génération expatriés du Kurdistan septentrional et
réfugiés au Kurdistan du Sud-Ouest, O. Sebrî n'a qu'une seule préoccupation : la
libération du Kurdistan, thème qui domine ses dix poèmes patriotiques de
cette période. Comment libérer le Kurdistan ? Quelles sont les idées de la libération ?
S'agit-il d'une question politique ou idéologique ? Avant de répondre à ces
questions à travers les poèmes que nous allons analyser, il convient de
reprendre les propos de O. Sebrî lors d'une interview accordée à Zîn :
"Zîn : quand et comment est-ce que vous avez entamé la
lutte politique ?
Apo : j'ai entamé la lutte politique avant de venir en
Syrie. Ce sont les Turcs qui nous ont poussés à la lutte. Nous ne
connaissions pas la politique. Les Turcs nous ont persécutés et nous ont jetés dans les
prisons où nous avons rencontré des gens éclairés, nous avons appris, et nous
nous sommes orientés vers la lutte politique" [49].
De ce qui précède, on constate que
bien qu'il existe une élite nationaliste kurde qui revendiquait l'autonomie, O.
Sebrî représente le sentiment qu'éprouvait la majorité du peuple kurde. Le
problème kurde dans les dix premiers poèmes de O. Sebrî n'a qu'une seule
dimension patriotique. Persécuté et incarcéré par les Turcs, il veut répondre de la même manière pour récupérer
ce qu'il a perdu : la patrie. Pour libérer celle-ci, il doit se venger des
Turcs. Il s'exprime très naîvement. Sa pensée est encore
superficielle. Il voit le problème kurde sous un seul angle. Il ne se rend pas
compte des autres considérations telles que : la présence de la France et de l'Angleterre au Moyen-Orient, l'émergence d'un nouvel Etat turc et celui de l'Etat socialiste en Russie, etc. Bien qu'il ait été persécuté et exilé par les
mandataires français, il ne mentionne même pas un seul mot critique dans
ses écrits à leur égard. C'est comme si tout lui était déjà prédestiné. Voilà
pourquoi nous le voyons supplier Dieu afin qu'il l'aide à se venger des Turcs dans le deuxième poème, "Lavelav" :
"YaReb tu tinê li min bi yar be
Ev dinya bila li ser min bi bar be
................................
Ne Tirqiyê, ne îraqê û îranê
Ne Sûriyê, Felestîn û Eman
Îemiyan li erdê xwe qirim der
Ez holê mame reben û sêser
.................................
Vê carê jî qêsa turq di me xî
Dengê top û qembera bi ser xî
.................................
Wê hîngê emê tola xwe raqin
Hîmê wan di hindav de belav qin
Dê xweŞ bibe qêfa dê û bava
Ger vê zû biqî mala te ava" [50].
La traduction :
Dieu ! Sois mon ami, vous tout seul
Que le monde soit un fardeau sur moi
Ni la Turquie, ni l'Irak, ni l'Iran
Ni la Syrie, ni la Palestine, ni Amman
Tous, ils m'ont expulsé hors de leur territoire
Aussi suis-je resté misérable et désespéré
Cette fois-ci, vous nous donnez l'occasion de nous battre contre les
Turcs
De les bombarder aux bombes et aux missiles
Nous pourrions alors nous venger
Les pères et frères seraient contents
Et nous les déracinerions complètement
Si vous faites cela rapidement, que soient rayonnantes les étoiles de
votre maison
En effet, la poésie de cette période
est le reflet et l'image de l'esprit de O. Sebrî dont la vie était bouleversée
par de pénibles événements. Il vit dans un monde très romantique. Il s'inspire
des poètes kurdes classiques tout en créant un état d'exaltation. A la
différence de la deuxième période dont nous parlerons dans le chapitre suivant,
cette période est caractérisée par des poèmes traduisant plusieurs idées qui ne
constituent pas un seul thème. Voici, à titre d'exemple, quelques vers du même
poème précédent :
"Ne Temûrleng im, ne jî Siqender
Bixwazim dinê bigrim seranser
Ne ez Mem im qo dilê min Zîn be
Ne Ferhad im derdê min Şêrîn be
.................................
Ez qurmê evînê dilsotî me
Qurmanceq im bendeyê Xanî me
.................................
Min ne aqil e ne hiŞ ne tevdîr
Min nîne xwedî heval û hevîr
Ez cendeqeqî bê dest û pê me
Dilqetî û serxoŞê vê rê me
.................................
Min mefer nedî li tu zindiyan
Vêca, vegerîme ser miriyan
Kîreq xweŞ da tirba Cizîrî" [51].
La traduction :
Je ne suis ni Timour-Lang, ni Alexandre le Grand
Qui veulent occuper le monde entier
Je ne suis ni Mem dont la bien-aimée soit Zîn
Ni Ferhad dont la maladie provient de Şêrîn
Je suis la mouche d'amour dont le cœur est brûlé
Je suis un Kurmanc, le serviteur de Xanî
Je n'ai ni la raison, ni la conscience, ni la décision
Je n'ai ni parents, ni collègues, ni moyens
Je suis un corps sans main, sans pied
Je suis amoureux et ivre de cette voie
Je n'ai pas trouvé la solution chez les vivants
Je suis donc allé chez les morts
J'ai lancé un appel à la tombe de Cizîrî
Son romantisme s'explique par une
pensée dont les propos sont éparpillés et diversifiés. Des idées politiques,
comme l'exaltation de l'union des tribus viennent se greffer à la pensée
initiale. Ainsi il l'améliore et le perfectionne peu à peu dans les poèmes
suivants. Cela s'explique : l'exil lui a fait comprendre que s'opposer tout
seul aux mandataires français est inefficace. D'autant plus un nombre de ses
compatriotes n'ont pas pris des positions comme lui. Ainsi O. Sebrî écrit-il
dans le poème "MarŞa xortan" (la
marche de la jeunesse) :
"Em welatiyên ciwan in wek piling dikine qîr
Me divê yekîtî û xurtî, naxwazin bend û eŞîr" [52].
La traduction :
Nous sommes des jeunes patriotes hurlant comme des tigres
Nous voulons l'union et la force et non pas la division et les tribus
Ecrivant sa poésie souvent dans un
langage très fort et direct, O. Sebrî recourt à la force, seul moyen selon lui
susceptible de lui faire atteindre son objectif. Cette pensée patriotique
abstraite va acquérir encore un autre aspect dans le poème, "Hêviya nû"
(le
nouvel espoir). Il faut éloigner les cheikhs, les mollahs, les derviches et les
soufis de la direction de mouvement national kurde et compter sur la jeunesse
patriotique. D'autre part, il va sans dire que le facteur subjectif pour
libérer la patrie, d'après lui, a la priorité au facteur objectif :
"Min xaç û pûtên xwe wekî îbrahîm Şikandin
Ez bûm bi serê xwe.
Min Şêx û mela, sofî û derwîŞ qewitandin
Ji pêŞ derê xwe.
.................................
Kes nîne ji dil bo gelê Kurd bike xebatê
Wek Rustem û îÌsan
Bi destê zorê veke rêya jînê û felatê
DilgeŞ bike Kurdan
Me hêvî nema ji kesî, bê xortên welatî
Ew hîmê welêt in
.................................
Yekîtî me divê, me rê ew e, dê em biçin her
Yezdan alîkar bit
Serdestî ji bo me ne pir e, em dê bibin, ger
Cîhan bi neyar bit " [53].
La traduction :
J'ai détruit mes croix et mes idoles comme Abraham. Je suis resté indépendant
J'ai chassé les cheikhs, les mollahs, les soufis et les derviches
devant ma porte
Personne ne lutte pour le peuple kurde de tout son cœur comme Rustem et îÌsan
Pour franchir la voie de la vie et de la libération par la force afin
de contenter ainsi les Kurdes
Nous n'avons plus d'espoir, si ce n'est dans les jeunes patriotes qui
sont les piliers de la patrie
Il nous faut l'union, c'est notre choix, nous continuerons jusqu'à la
fin, que Dieu nous aide
La libération n'est pas loin, nous l'aurons bien que le monde soit notre
ennemi
Quant aux poèmes inspirés du
folklore, ils ont pour but l'instruction des lecteurs et l'incitation à la
révolte. Citons le contenu de deux poèmes : "Dongiya çeqel" (la
fin du chacal), et "Welatê Tirî-Viryan" (le pays des Tirî-Viryan). Dans le premier, il
s'agit d'un chacal qui revêt la fourrure d'un animal monstrueux ce qui lui
permet d'être le roi des animaux de la fôret, y compris des lions. A peine
découvre-t-on la supercherie qu'on le tue. Le poème se termine ainsi :
"Bi kirasê Sikender Nabî Şahê dilawer
.................................
Bi derewa û virkerî Tu kar naçin
serî
.................................
Çêtir nîne ji rastiyê Yek pê
digihê dawiyê" [54].
La traduction :
Avec le costume d'Alexandre le Grand,
vous ne devenez pas le chah vaillant
Aucun travail ne s'achève dans les mensonges et dans les tromperies
Rien n'est meilleur que la vérité qui nous amène à notre fin
Dans le deuxième poème, il s'agit
d'un lion endormi, capturé par un renard rusé, appelé Tirî. Ce dernier va changer d'aspect physique et libèrer
le lion au nom de Virî. Telle est la réaction du lion :
"Şêr got : bi Ìeqê Xwedê Bi
wê keda bav û dê
Di nav van rêl û beran Namînim
li van deran
Girêdana bi Tirî Berdana
bi destê Virî
Vê minetê nagrim Bila
ji xwe re bimrim
Ji destê fênên roviyan Şêr
derketin ji çiyan" [55].
La traduction :
Le lion a dit : je jure au nom de Dieu et de mes parents
Que je ne resterai pas dans ces fôrets et ces rochers
Être attaché par Tirî et être libéré par Virî
Je n'accepte pas une telle obligeance, je préfère mourir
En raisons des ruses des renards, les lions ont quitté les montagnes
A propos des poèmes romanesques, O.
Sebrî n'en a écrit que cinq durant toute sa vie : "Keça Şi'rê" (la
jeune fille à travers la poésie - 1934), "Daylan" (1934),
"Evîn" (l'amour - 1936), "XweŞxwana çiyayîkî" (le
chant d'une montagne - 1943) et "MenewŞ" (1967). Il est curieux de savoir que O. Sebrî a écrit ces
poèmes lorsqu'il était loin du milieu kurde, sauf le troisième poème. Les trois
autres ont été écrit en exil : respectivement en Palestine et à Madagascar, le
dernier à Siweda (ville
syrienne). A l'exception du dernier poème, la bien-aimée de
notre poète est la patrie décrite dans l'image d'une fille, nommée Daylan que
l'on rencontre dans le deuxième poème et parfois dans sa prose. On comprend
donc que l'exil est à l'origine de la nostalgie du poète. L'adaptation dans un
autre milieu social, semble-t-il, n'était pas facile pour O. Sebrî, ce qui l'a
fait orienté vers le romanticisme afin de récompenser ce vide social. Nous
allons voir comment O. Sebrî adresse des vers élogieux à sa bien-aimée qui
partage avec lui le même sort dans le poème "Keça Ş'irê" :
"Te nadim bi Leylan û Şêrîn Zînan
Bi te ez ez im, hê ! mizgefta dînan
Ji ber ku sêser bûn bê war û Şûn
Ji lewre biskên te di ber talanê çûn
Zînatek mezin bû li min û te yar
Ji bîr va nakim qet vê êŞê tu car" [56].
La traduction :
Je ne te change pas contre Layla et les belles Zîn-s
Tu crois que j'ai conscience, oh ! La mosquée des fous !
Puisque nous n'avions pas de soutien et étions expatriés
Ta chevelure a été saisie par l'occupation
Bien-aimée, c'était une grande oppression pour toi et moi
Je n'oublierai jamais cette souffrance
Dans le poème "Evîn" (l'amour), en tant qu'exilé nostalgique, O. Sebrî
est très mélancolique de son destin. Rencontrer sa bien-aimée, c'est encore
beaucoup trop loin pour lui. Les poètes kurdes classiques, EÌmedê Xanî (1650-1706), Feqiyê Teyran (1590-1660) et Melayê Cizîrî (1570-1640) qui ont déjà eu des bien-aimées,
auraient été étonnés de sa beauté. Celle-ci fait pleurer le papillon, image
métaphorique du poète :
"Ev rewŞa Şeng û oflaz
Çavmat dihêle Xanî
Heke Feqî bidîta
Dê dest li ber bibesta
Melê bi sed kul û derda
Wê lêva xwe bigesta
.............................
Felekê kir neyarî
RahîŞt milê me avêt
Nav girava Sent-Marî
......................................
Hê pirpirokê sermest
Çavên belek tu kuŞtin
Bigrî û xwîn birêje
Gelek dûr e gihêŞtin" [57].
La traduction :
Cette beauté sublime et harmonieuse
Eblouit les yeux de Xanî
Si Feqî l'avait vu
Ses mains ne bougeraient plus
Mela, avec cent regrets et remords
Mordrait ses lèvres
Le Temps a éprouvé son hostilité envers nous
Il nous a pris par les épaules et nous a expulsés
A l'île de Sainte-Marie
Oh, papillon ivre
Les yeux noirs-blancs t'ont tué
Pleure et saigne
La rencontre entre nous est très loin
Puisque le poème "MenewŞ" est
le seul poème écrit pendant la deuxième période, nous allons maintenant
l'aborder. MenewŞ est une jeune fille bien décrite au niveau de la
beauté de son caractère. Il l'aime mais sa vieillesse le démoralise. Il essaie
de la séduire mais elle le refuse, préférant un jeune homme bien qu'il soit un
esclave éthiopien :
"Min gotê : ho keça çeleng ger tu zerî û Şox û Şeng
Kalan hene pir nav û deng pê distînin keçên keleŞ
Bersiv dida min wê gavê got : "nakevim ez vê davê
Min nav û dengê we navê xort be bila koley ÎebeŞ" [58].
La traduction :
Je lui ai dit : oh, belle fille, comme vous êtes charmante, jolie et
ravissante
Certains vieux ont de grande renommée. Ceci leur permet de se marier
avec de belles filles
Elle me répondit alors : je ne tombe pas dans ce piège
Votre réputation ne m'intéresse pas. Je préfère un jeune homme bien
qu'il soit un esclave éthiopien
En ce qui concerne les poèmes pour
les enfants, O. Sebrî a seulement écrit ces quatre poèmes :
"Dibistan" (l'école), "Bihar" (le printemps), "Tevdîra miŞkan" (la
décision des souris) et "Zozan" (le pays d'alpage). Il semble qu'il les ait
écrits à l'époque où il enseignait le kurde aux enfants du Club Saladin à Damas à la fin des années trente et au début des années
quarante. Dans le premier, il insiste sur le fait d'étudier; dans le deuxième,
il décrit la beauté de la nature au printemps; dans le troisième, il s'inspire
d'un conte folklorique : les souris veulent mettre fin à la tyrannie du chat,
mais aucun d'entre eux n'ose le faire; dans le quatrième, il parle de la
migration estivale du bétail kurde de la plaine vers les montagnes pendant
l'été au Kurdistan.
En conclusion, nous voyons que O.
Sebrî, expatrié et engagé très jeune dans la lutte politique, est en train
d'apprendre et d'acquérir certaines expériences durant cette période. Il vit
dans un monde romantique. Sa pensée n'est pas encore orientée vers une
direction idéologique donnée. L'évolution du facteur subjectif n'a pas atteint
le même niveau que celle du facteur objectif. En d'autres termes, O. Sebrî
traverse une période transitoire où ses expériences de lutte vont le conduire à
franchir une nouvelle étape dont nous parlerons dans le chapitre suivant.
b - LA PERIODE (1950 - 1980)
Les événements de la 2ème Guerre
mondiale et leurs conséquences sur le plan mondial et régional vont ouvrir des
horizons nouveaux à O. Sebrî. Sa pensée arrive à maturité pendant cette
période. Un changement remarquable s'effectuera au niveau de son approche de la
cause kurde à laquelle il a consacré et consacre encore sa vie intellectuelle,
sociale, voire même physique. Nous pouvons l'entrevoir à travers les poèmes de
cette période, période que nous divisons en quatre étapes : les années
cinquante, soixante, soixante-dix et quatre-vingt.
- LES ANNEES CINQUANTE :
Après l'interruption définitive des
revues : Hawar (1943), Ronahî
(1945) et Roja
Nû (1946), O. Sebrî n'écrit jusqu'au milieu des années
cinquante qu'un poème intitulé "MarŞa aŞîtiyê" (la marche de la paix) en 1949. Il
semble que l'interruption des revues kurdes soit la cause de l'absence d'une
décennie de production littéraire. Ce poème reflète les changements radicaux
ayant eu lieu dans sa pensée sur le plan humain, politique et religieux. Son
importance par rapport à la première période provient du fait qu'il passe d'une
dimension régional à une dimension mondial. En voici quelques vers :
"Xortê çak rabe zû me divê dilŞadî
Serxwebûn, aŞitî, serbestî, azadî
.................................
Kolîdar bûne har, wan divê ceng û Şer
.................................
Agirê Şer dadan, Koriya bû dûje
.................................
Mehêlin Şer, bibe aŞitî, ol û jîn
Em tev bira, Ìemî bo çi ev girr û kîn
Sor û gewr, reŞ û zer, em yek in tev bira
MesîÌî, Mûsewî, Bisilman hemdem in
Mecûsî, Eyzedî tev kurrên Adem in" [59].
La traduction :
Jeune homme, lève-toi, vite, nous voulons le bonheur
L'indépendance, la paix et la liberté
Les colonisateurs sont devenus rageurs, ils veulent la guerre
Ils ont allumé le feu de la guerre, la Corée est devenue un enfer
Arrêtez la guerre, que la religion et la vie soient en paix
Nous sommes tous frères, pourquoi éprouvons-nous de la haine les uns
contre les autres ?
Les rouges, le blancs, les noirs et les jaunes sont tous des frères
Les Chrétiens, les Juifs et les Musulmans sont pareils
Les Madjous et les Yézidis sont des fils d'Adam
A la différence de la première période
où il écrit une poésie romantique destinée à la patrie sans fournir arguments
idéologiques, O. Sebrî commence à décrire la réalité et se rend compte ainsi du
facteur objectif. Il prend conscience du fait que l'ignorance du peuple est la
cause de son malheur. Cette ignorance est bien exploitée par les mollahs, les
cheikhs et les aghas kurdes qui, à leur tour, servent les colonisateurs. Les
Soufis et les oppresseurs contribuent à semer l'ignorance parmi le peuple afin
de l'exploiter. Ainsi O. Sebrî traite-t-il cette question dan le poème
"Jan" qui signifie la souffrance, mais le poète
sous-entend l'ignorance :
"Tu jana giranî
Navê te nezanî
Bê Şik tu neyarî
Bi hogir û yarî
Yarên te neyar in
.................................
Melan bi niviŞtan
Şêxan jî bi xiŞtan
Axayên diz
Begên xiniz
Bûn bav û diyên te
.................................
Bin darên kolîdar
Em hêlane zîvar
Zorkerên xwînmij
Sofiyên porgij
Ji bo te piŞtmêr
Da ku bibin têr
Riça te avdan
Di canê milet" (...) [60].
La traduction :
Tu es la souffrance cruelle
Tu t'appelles l'ignorance
Sans doute, tu es ennemi
Tu as des amis et des collègues
Tes amis sont des ennemis
Les mollahs avec les niviŞt [61]
Les cheikhs avec les xiŞt [62]
Les aghas voleurs
Les begs traîtres
Ils sont devenus tes pères et tes mères
Ils nous ont laissés misérables
Sous la domination des colonisateurs
Les oppresseurs exploiteurs
Et les soufis prétentieux
Sont tes souteneurs
Pour s'enrichir
Ils t'ont enracinée
Dans l'âme du peuple
Face à une telle situation, les
intellectuels et les prolétaires se rendent compte de l'existence de l'ennemi
et l'attaquent en employant des moyens tels que : association, mouvement,
réunion, etc. :
"Em bûne Şiyar
Karker û cotkar
Belengaz û zîvar
.................................
Ji bo Şerê te Ìemî bûne yek
Îemî bûne yek
Komel
Civîn û civan
.................................
Tevger
Bû armanca wan
Dawî
Nasîn
Ku tu yî dijmin
.................................
Te cih nema
Di nav Kurdan "(...) [63].
La traduction :
Nous sommes conscients
Les ouvriers et les agriculteurs
Les misérables et les pauvres
Pour vous battre
Ils se sont unifiés
Ils ont créé des associations
Ils ont fait des réunions et des assemblées
Créer des mouvements
Cela est devenu leur objectif
Enfin
Ils ont appris
Que tu es l'ennemi
Tu as perdu ta place
Chez les Kurdes
Pour comprendre l'évolution de la
pensée de O. Sebrî pendant cette période, il convient de citer ce qu'a écrit
Nûredîn Zaza sur la situation en Syrie pendant les années 1950 et celle des Kurdes plus
particulièrement :
"A la suite de plusieurs
coup d'Etat successifs inaugurés en 1949 par Îusnî Zaîm,
la bourgeoisie et l'armée se réconcilièrent, en 1954, pour réinstaurer la
démocratie parlementaire avec toutes ses promesses de (...)
Pour leur part, les
Kurdes de Syrie se sentaient, d'un côté, menacés, provoqués et
défiés par le nationalisme du Parti baas, et de l'autre, tentés par le Parti communiste,
théoriquement , et en réalité avocat du nationalisme
auprès des Arabes et
idéologue du cosmopolitisme dans le milieux kurdes. Le kurde qui adhérait au
Parti communiste syrien était tenu de lire des publications en arabe, d'alarmer l'opinion contre les dangers impérialistes
menaçant le monde, de collecter de l'argent pour venir en aide à l'Algérie alors en guerre contre la France,
de se faire tuer sur la frontière syro-israélienne, mais à ne rien revendiquer
pour son propre peuple ! Il fallait taire le génocide culturel et même ethnique
dont les Kurdes étaient victimes aussi bien en Syrie, en Turquie qu'en Irak ou en Iran. Le seul fait de soulever de telle question était
immédiatement et impitoyablement taxé de "chauvinisme national" et de
déviation idéologique" [64].
Donc, les nationalistes kurdes tels
que O. Sebrî et ses camarades vont essayer de sortir de cette pénible situation
et contradictoire en s'engageant, eux aussi, dans la politique. Ils vont fonder
le Parti démocratique kurde au
Kurdistan du Sud-Ouest,
phénomène qui entraîne O. Sebrî vers le domaine culturel afin de véhiculer sa
pensée auprès du public kurde. Mais voyons comment il aborde politiquement la
question kurde dans son premier recueil de poèmes de cette période, Bahoz (la tempête), publié en 1956 à Damas. En outre, nous allons montrer l'évolution de ses
idées par rapport aux événements qui se produisent à l'époque :
Dans son premier poème
"Bahoz" titre sous lequel il a intitulé son recueil,
O. Sebrî se base sur la philosophie zoroastrienne : le conflit entre le bien et
le mal, ce qui nous amène à comprendre qu'il est sur le point de sortir de son
monde romantique et d'entrer dans un monde plus réel qu'avant. Il s'agit de
deux sortes de vents qui se heurtent et se battent. Un vent noir et mauvais
représenté par Ehrîmen; l'autre blanc et souriant représenté par Hurmiz. Le premier met le monde en désordre et détruit
tout. Il sera battu par Hurmiz qui va nous parler ainsi :
"Digot : ji bo çi ?
Bûne hevalê Şer
Dema ku Şer tê
Tev de dirrevin
Mixabin !
Çi kirêt !
Serî datînin
Bê Şerm û fihêt (...)" [65].
La traduction :
Il disait : pourquoi
Vous étiez pour la guerre /le Mal/
Lorsque la guerre vient
Ils s'enfuient tous
Hélas !
Comme c'est mauvais !
Ils se soumettent
Sans avoir honte, ni être timide
Il va sans dire que les vers
mentionnés ci-dessus reflètent les idées de O. Sebrî. Le monde de Hurmiz, pour lui, est un monde d'ouvriers et
d'agriculteurs élaboré à la place de celui de l'Ehrîmen, représenté par les colonisateurs. A la fin de ce
poème, il essaie de se montrer favorable au monde socialiste qui est, pour lui,
redevenu comme un Paradis :
"Dinya bi xweŞî
Ji nû ve ava bû
Zîvar û cewêlek
DilgeŞ û Şa bûn
Rêzan û Şêwrewî
Tev aŞîtîxwaz
Di nav wa neman
Birçî û belengaz
Cîhan
Ji nû ve
Holê bû buhiŞt
.................................
Vêca, dikarin
ReŞ û gewr
Sor û zer
Bi hev re bijîn (...)" [66].
La traduction :
Le monde du bonheur
S'est construit à nouveau
Les pauvres et les prolétaires
Sont devenus ravis et contents
Sont devenus politiciens et socialistes
Tous sont pacifiques
Personne parmi eux ne reste
Affamée, ni misérable
Le monde
A nouveau
Est ainsi devenu paradis
Désormais
Les noirs et les blancs
Les rouges et les jaunes
Peuvent vivre ensemble
Le deuxième poème "Bang" (Appel) est écrit à l'occasion du cinquième Festival
de la Jeunesse démocratique du monde qui s'est tenu à Varsovie, la capitale
polonaise, en 1955 (?). Ce poème reprend la même tendance politique que dans
"Bahoz" et dans "MarŞa aŞîtiyê". Il
félicite la jeunesse du monde pour son aspiration à lutter pour la fraternité,
l'égalité, la paix et, surtout, pour la reconnaissance des droits des peuples à
l'autodétermination. Dans ce poème, on s'aperçoit qu'il est manifestement pour
le Bloc de l'Est dont le régime est dirigé par des ouvriers et des agriculteurs
et contre le Bloc de l'Ouest qui envoie ses armées d'occupation au Moyen-Orient
sous le prétexte du "danger communiste".
Cela nous permet de constater qu'à l'époque O. Sebrî semble être influencé par
l'idéologie du Parti communiste syrien qui avait alors un fort impact sur les
Kurdes.
Parmi les représentants de la
délégation qui vont participer à ce festival au nom du Parti communiste syrien, il y a des Kurdes membres de celui-ci. O.
Sebrî, en tant que nationaliste kurde, a confiance en ces Kurdes qui doivent
s'exprimer au nom du peuple kurde et faire entendre leur cause au festival.
Avant d'évoquer l'attitude des communistes au festival qui provoquera un
changement radical de la pensée de notre poète, il convient de présenter
quelques extraits écrits à ce sujet par Nûredîn Zaza qui avait déjà participé à un tel festival en 1950.
Ceux-ci donnent un aperçu général des comportements des communistes à l'égard
des Kurdes opprimés dont la présence était indispensable dans une telle
manifestation. Signalons que l'écrivain Nûredîn Zaza était à l'époque en Suisse, président de l'Association des Etudiants Kurdes en
Europe :
"J'ai toujours eu le sentiment que le fait de parler des Kurdes
confirmerait leur existence, aux yeux des , et que cela ne nuirait pas à leur cause.
C'est pour cette raison qu'un an avant la dissolution de notre association,
j'avais répondu favorablement à l'invitation du Festival et du Congrès de la
jeunesse démocratique du monde qui allait se tenir à Budapest. Je comptais y trouver un champ propice à la
description de la situation du peuple kurde et y gagner des sympathies. Mais,
les représentants des délégations et des partis communistes du Moyen-Orient firent en sorte que nous restâmes effacés sinon
absents de ces manifestations. Malgré eux, je réussis à imposer la présence des
Kurdes. Arborant le costume kurde plusieurs camarades et moi suscitâmes la joie
des photographes et des curieux (...) J'étais d'autant plus ému de cet intérêt
à notre égard que le président de la Jeunesse démocratique du Monde, le Français Guy de Boisson, ignorait tout des Kurdes. Mais d'où sortions-nous
donc ? Une violente polémique éclata entre nous et je fus bientôt considéré
comme un paria et un agent saboteur par les organisations de gauche (...) Le
représentant de la délégation communiste syrienne voulait m'empêcher de
présenter mon rapport mais je persistai, malgré la concession que m'imposaient
les organisations du Moyen Orient. Ainsi, je dus m'exprimer au nom (...)" [67].
L'attitude des communistes à l'égard
des Kurdes fut identique lors du festival suivant. Cela décevra O. Sebrî qui
écrira un long poème intitulé "Ji dest bextê reŞ û hevalên ŞaŞ" (A cause de la malchance et des camarades trompés).
Dans celui-ci, il change complètement son attitude envers les communistes. Il
les critiquera tout en donnant son point de vue sur les importants faits de
l'époque. Le poète commence à critiquer tout d'abord les Kurdes, eux-mêmes, qu'ils
soient ou non communistes. Les Kurdes communistes vont attaquer les
nationalistes kurdes qui fondent un parti politique et vont les taxer de
trahison; les non communistes représentés par les mollahs et les cheikhs vont
les accuser d'être athées :
"Çiqas bextê me reŞ û kirêt e di nava cîhan !
Nemane bindest pepûk û reben ji xeynî Kurdan !
.................................
Her car bi rengek em tên xapandin dûvik û terrî
.................................
Dîndar dibêje : hûn Xwedê-nenas derketin ji dîn
Bêdîn dibêje : we rê Şemirand hûn bûne xayîn !
Bi Şan û rûmet azadî xwestin bêdîniya me
Îezkirina welêt sitem nekêŞan xayîniya me" [68].
La traduction :
Comme notre sort est mauvais et noir dans le monde !
Seuls les Kurdes sont opprimés, pauvres et misérables
Chaque fois, nous sommes toujours trompés, nous sommes devenus des
dépendants des étrangers
Les religieux disent : vous êtes devenus athées
Les non religieux disent : vous êtes fourvoyés en trahissant !
On nous traite d'athées, c'est parce que nous avons revendiqué notre
liberté avec fierté et dignité
On nous appelle de traîtres, c'est parce que nous sommes patriotiques
renonçant à la tyrannie
O. Sebrî critique à nouveau les
Kurdes qui se sont leurrés sur les intentions des autres peuples dominants. Ces
derniers, pour contrôler les Kurdes, ont désigné des Kurdes vils et faibles à
leur tête :
"Bav û kalên me digotin : em bûn bisilman
Ma ji bo çi em ferqê têxin nav Kurdan û Tirkan ?
Lê Tirk Û 'Ecem li me nenêrîn bi çavên biran
Li me siwar bûn, xwîna me mêtin wek seg û giran
Qels û pîsên me hildibijartin dikirin pêŞeng
Xurtên me kuŞtin, welat ji me çû bê qirên û deng" [69].
La traduction :
Nos pères et nos grand-pères disaient : nous remercions Dieu d'être
musulmans
Pourquoi faisons-nous une distinction entre Kurdes et Turcs ?
Mais les Turcs et les Persans ne nous ont pas regardés d'un oeil fraternel
Ils nous ont dominés et ont fait couler notre sang à la manière des
chiens et des loups
Ils ont sélectionné des kurdes vils et faibles et les ont nommés chefs
Ils ont tué nos braves. Nous avons perdu notre patrie sans guerre, ni
résistance
O. Sebrî essaie d'expliquer la
politique de l'assimilation du Parti
communiste syrien à l'égard des Kurdes qui se doivent
d'oublier leurs particularismes en adhérant au parti et en luttant pour l'unité
et la grandeur de la Nation Arabe :
"Sergermê wan bûne Şêwrewî yanê komonîst
Zor mixabin hevalên ne kurd bi eqlên wan lîst
Digotine wan : ji bona îro bi navê Kurdan
Divê hûn nekin di vî welatî tu peyv û dozan
Kurdîtiya we alîkarî ye ji bo kolîdar
Ger hûn vê bikin dibin xulamok di destê neyar
Bi vê gotinê hatin xapîn Kurdên bîrbir
Doza kurdîtiyê di dilê wan de bi carekê mir
Bi vê ramanê dema ku çûbûn Mehrecana geŞ
Nebûne xwedî ji kurdîtiyê
vegerîn rûreŞ
Kesî ji wana nediwêrî ku bêje : Kurdistan
Welatê min e, ez hatime vira bi navê Kurdan
Hineka ji wan kumê xwe veŞart bê Şerm û fihêt
Da ku nebêjin xwe Kurd dizane, eve ya kirêt !
Ev pîsiya han Ìemî ji bo careke din
Ji bo mehrecana û civîngeran ew bêne Şandin " [70].
La traduction :
Les plus actifs parmi eux sont devenus socialistes, c'est-à-dire
communistes
Hélas, les amis non kurdes les ont trompés
Ils leur disaient : pour aujourd'hui, il ne faut pas
Parler et lutter dans ce pays au nom des Kurdes
Votre kurdisme sert à aider les colonisateurs
Si vous faites cela, vous serez des agents à la solde de l'ennemi
Ces intellectuels ont été trompés par une telle parole
La cause kurde s'est éteinte complètement dans leur cœur
Lorsqu'ils ont assisté au festival avec cette pensée
Ils n'ont pas défendu les Kurdes. Ils sont revenus tous honteux
Aucun d'entre eux n'osait dire : le Kurdistan
Est mon pays. Je suis venu ici au nom des Kurdes
Certains d'entre eux ont caché leurs chapeaux sans scrupule, ni
timidité
Afin qu'on ne les accuse pas comme des nationalistes kurdes, cela se
nomme turpitude
Toute cette laideur-là est acceptée pour qu'on les envoie encore
Une fois aux festivals et aux congrès
A la fin de ce poème, O. Sebrî
exprime son point de vue à propos des deux Blocs : Est et Ouest. Il n'est pas
contre le fait d'adhérer à une idéologie, mais il s'oppose à ce qu'elle
devienne un asservissement. Les deux Blocs suivent leur intérêt. Il faut que la
jeunesse kurde compte sur elle-même et que la force soit le seul moyen de
libérer la patrie. Dans "Bahoz", les
pays occidentaux sont présentés comme des colonisateurs. Dans ce poème, il ne
fait cependant pas de distinction entre l'Est et l'Ouest. Sa conception des "colonisateurs" est
celle de personnes qui occupent une patrie et extermine les patriotes qu'ils
soient socialistes ou capitalistes :
"Kes nîne îro ku barê kesî hilgire ser xwe
Divê xortên kurd vî barê hana
bidine ber xwe
Hîn dixwazin ku barê xwe bavên derên ji meydan
Wekî nemerdan doza gelê kurd bispêrin cîhan
Divê me bigrin Ìeqê gelê kurd bi zor bi xweŞî
.................................
Divê binasî kolîdar kî ye ? Durvê wî çi ye ?
Kolîdar kesê ku welat ji min bi zor biriye
Nahêle tê de bijîm bi serê xwe serbest û aza
Bibe ji min havila erdan, bistan û rezan
Divê bimînim bê nivîsandin, xwedin û ziman
Da ku winda bin ji rûyê cîhan bê nav û nîŞan
Çi kesê ku vê yeka hanê dike kolîdarê min" [71].
La traduction :
Aujourd'hui, il n'y a personne qui porte le fardeau d'un autre
Il faut que la jeunesse kurde, elle-même, porte son fardeau
Quittez le champ si vous voulez vous décharger de votre fardeau
Et confier la cause du peuple kurde au monde comme le font les lâches
Nous devons obtenir les droits du peuple kurde de gré ou de force
Vous devez savoir qui est le colonisateur. Quel est son attribut
Le colonisateur est celui qui m'a dépossédé de ma patrie par la force
Il m'empêche d'y vivre indépendant et libre
Ils exploitent mes champs, mes terres et mes vignobles
Quant à moi, je ne dois ni lire, ni écrire dans ma langue
Afin qu'on disparaisse du monde sans laisser de trace, ni de nom
Celui qui fait cela est mon colonisateur
La pensée de O. Sebrî évoluera plus
clairement dans le poème "Ho, xort !" (Oh,
jeune homme !). Après s'être convaincu que les deux Blocs : Est et Ouest, n'apportent rien aux Kurdes, le poète insiste sur
le fait que les Kurdes doivent avoir leur voie propre. Adopter la pensée de tel
ou tel pays, signifie asservissement, on ne peut pas être indépendant. La
pensée de O. Sebrî sert la patrie. Pour lui, le problème réside dans la
servitude de la pensée et non pas dans la pensée elle-même :
"Hin ji me
Bawer in ku
Azadiya welêt
Ji neyaran
Ji zorkeran
Ew e serxwebûn
A rast,
Çi ramanek kevin
Çi ramenek nû
Ku me girêde
Me dike kolî
--------------
Divê me
Berî her tiŞtî
Bi nêhrîna xwe
Bi ramana xwe
Aza bin serbest
Çiqas em
Bêne girêdan
Bi ramanên xelkê
Li riya wan
Dê bibin bindest
Bo çi tu
Xwe qels dibînin
Kêmtirî xelkê" [72].
La traduction :
Certains d'entre nous
Croient que
La libération de la patrie
Se fait par les ennemis
Par les oppresseurs
Pour eux, c'est cela l'indépendance
Le juste
Que se soit une idéologie ancienne
Que se soit une nouvelle idéologie
Lorsqu'elle est adoptée par nous
Elle nous asservit
il faut
Avant toute chose
Avec notre opinion
Avec notre pensée
Qu'on se libère
Tant que
Nous sommes soumis
Aux pensées des étrangers
Et que nous marchons sur leur chemin
Nous resterons dominés
Pourquoi croyez-vous
Faibles
Moins que les étrangers
Enfin, O. Sebrî a écrit dans les
années 50 une vingtaine de longs poèmes dont nous avons analysé les plus
importants d'entre eux. En conclusion, le poète O. Sebrî est le seul militant
kurde de sa génération qui ait eu une pensée patriotique remarquable et qui
l'ait défendue jusqu'à nos jours. Grâce à celle-ci, il bénéficie d'une immense
considération chez les Kurdes.
- LES ANNEES SOIXANTE :
Les années cinquante étaient les
années où O. Sebrî a vécu des événements importants qui se produisent à
l'échelle nationale et internationale. D'un côté, la fondation du Parti démocratique kurde au Kurdistan du
Sud-Ouest le met en conflit avec les autorités syriennes qui
l'arrêtent, avec le Parti communiste
syrien qui l'accuse d'être "réactionnaire au
service de l'ennemi" (les impérialistes) et enfin avec les cheikhs et les
mollahs kurdes qui l'accusent de s'être fourvoyé. De l'autre, il y a le conflit
d'intérêt que se livrent dans la région les Blocs soviétique et occidental, qui
entraîne la prise de position de O. Sebrî contre la démocratie occidentale et
le communisme des pays de l'Est, au profit d'une voie indépendante pour les Kurdes.
Quant aux années soixante, c'est une période où les événements sont liés aux
problèmes idéologiques surgis au sein du mouvement national kurde du Kurdistan
méridional. En d'autres termes, nous pouvons dire que c'est une période
d'auto-critique et de division interne due à des conflits idéologiques du
mouvement national kurde du Kurdistan méridional.
A partir de l'année 1961, le
mouvement national kurde méridional dirigé par Mustefa Barzanî déclenche une lutte armée contre le régime militaire
d'Abdul Karim Qasim. Un an
plus tard, une division naîtra dans la direction du Parti démocratique du Kurdistan méridional jusqu'en 1964, date à la quelle celui-ci est
divisé en deux parties : l'une est dirigée par Mustefa Barzanî,
l'autre par îbrahîm EÌmed et son gendre, Celal Talebanî,
les deux membres du bureau politique. Cette dernière s'allie au régime irakien
contre la première. En conséquence, ces changements politiques se refléteront
sur l'avenir du mouvement national kurde au Kurdistan du Sud-Ouest. Tout
d'abord, il y aura un courant politique dans le Parti démocratique kurde du Kurdistan du Sud-Ouest favorable au changement du nom de celui-ci en Parti démocratique du Kurdistan en Syrie.
A peine les partisans de ce courant sont arrêtés qu'ils ont cédé du terrain.
Deuxièmement, dans sa conférence du 5 août 1965, le Parti démocratique kurde en Syrie se divise également en deux parties : l'une
est connue sous le nom de la Gauche qui soutiendra Mustefa Barzanî,
l'autre sous le nom de la Droite qui soutiendra les dissidents. Ainsi, les problèmes
dans le Parti démocratique Kurde en Syrie
dûs
à des facteurs internes et, surtout externes, vont préoccuper notre poète dans
cette période tel que nous l'avons déjà évoqué avant ces problèmes.
A cette période O. Sebrî a écrit une
vingtaine de poèmes que nous allons analyser quelques uns parmi eux pour
montrer comment O. Sebrî aborde le sujet d'auto-critique et de division interne
du mouvement national kurde. Avant de commencer, parlons du tout premier poème
du début des années soixante "Ker û azadî" (L'âne
et la liberté) écrit le 2 mars 1960 dans la prison de Mazé à Damas. Il s'agit, d'après nos entretiens avec lui, d'un
fait réel qui s'est déroulé entre lui et une famille kurde habitant à Istanbul.
Cette dernière, pour préserver ses intérêts personnels, préfère vivre
tranquillement sous la domination turque plutôt que réclamer la liberté. Suite
à cette histoire, O. Sebrî crée une histoire avec deux animaux : l'âne et le
cerf qui se disputent. Le premier représente la voie de ceux qui préfèrent ne
pas être libres; le deuxième représente la voie du poète qui critique le
premier. Le cerf a mené une longue discussion avec l'âne afin de le convaincre
de quitter la vie de servitude chez l'homme et de l'accompagner pour mener une
vie libre dans les montagnes. L'âne lui répond ainsi :
"Digot :
Bê axur nabim dema bû êvar
Azadî çi ye ? di gel tirsa can
Bê tirs min divê bixwim parîk nan»
Gava bihîstin kovî ev xeber
Digotê : " [73].
La traduction :
Il disait : je ne peux pas vivre sans chaîne
Lorsqu'il fait la nuit, l'étable est indispensable pour moi
Qu'est-ce que la liberté par rapport à la crainte de mon âme ?
Je voudrais manger un morceau de pain sans peur
Lorsque le cerf entendit cette parole
Il lui dit :
Ce poème écrit en prison montre bien
que O. Sebrî est conscient du prix élevé pour sa lutte mais il ne regrette
rien. Au contraire, la prison, d'après lui, n'est qu'un événement tout à fait
naturel pour quelqu'un qui lutte pour la liberté.
Dans ces deux poèmes
"Durû" (l'hypocrite) et "Qelsok" (le
faible), il critique ses camarades arrêtés avec lui en raison de l'insertion du
mot "Kurdistan" dans le nom du parti, mais l'emprisonnement leur a
fait changer d'avis. Citons quelques vers du premier poème :
"Ho reha çepel tev girêk û xar
Ji rûçikên çak Ìemiyan bêpar
Ola te qelsî, bawerî derew
Dilê te qirêj, bes zimanê te bedew
Ramanek ne rast bû rêberê te
.................................
Dikî û dibêjî her tiŞtê kirêt
Xwe jê didî paŞ bê Şerm û fihêt (...)" [74].
La traduction :
Oh, mauvaise racine ! tu es entièrement nouée et sinueuse
Vous êtes privée de tous les bons attributs
Votre religion est basée sur la faiblesse, votre foi est fardée
Votre cœur est mauvais, seule votre langue est bonne
Une fausse pensée est devenue votre guide
Vous dites et vous faites tout ce qui est mauvais
Vous vous résignez honteusement
Le poète est opposé à l'insertion du
mot "Kurdistan" pour des raisons qui seront expliquées dans
le poème "Ket destê me Kurdan" (Nous,
les Kurdes, avons triomphé). Selon lui, le rapport de force n'est pas favorable
aux Kurdes du Sud-Ouest pour qu'ils puissent défendre le mot
"Kurdistan". Celui-ci exige obligatoirement une lutte armée ce
qui est hors de question pour les Kurdes du Sud-Ouest moins nombreux par rapport aux Kurdes. D'autre part,
des préparatifs sont nécessaires avant de faire un tel pas. Il écrit :
"Cîhan ava bû bi havila west û xebatê, raman û tebatê
Mêran daçikandin Şûrê xwe pê sînor hilanîn, hin ji nû va danîn
.................................
Ger we divêtin wekî camêran xwedî giyan bin, bi rûmet û Şan
Divê berî gî bo xebatê em xwe li kar kin, ûŞtan gelek çar kin
Jê xortên welêt ramangelêr rakin xebatê ji bona felatê
Ew qenc dizanin ku bê ŞûreŞ aza nabit kes, kuŞtin û mirin
Tenê ji bona birîna me her ew in derman
.................................
Hînga dikarim bê dudilî bêjim Kurdistan" [75].
La traduction :
Le monde s'est construit avec peine et grâce à la lutte, à la pensée et
à la patience
Les braves ont porté leurs sabres avec lesquels ils ont détruit des
frontières et en ont construit de nouvelles
Si vous voulez avoir de la personnalité, de la dignité et du respect
comme les dignitaires
Tout d'abord, il faut s'apprêter à la lutte, résoudre plusieurs
problèmes
Engagez la jeunesse patriotique dans la lutte pour l'affranchissement
Eux, ils savent bien que la liberté est inconcevable sans la
révolution. Le sacrifice et le dévouement
Sont les seuls remèdes à notre plaie à nous, les Kurdes
A partir de cette donnée je peux prononcer "Kurdistan" sans hésitation
Le poète critique la fausse
fraternité entre les Kurdes et les Arabes propagée par Michel 'Aflaq,
le théoricien du Baasisme. Les partisans de cette théorie ont pris le pouvoir
le 8 février 1963 en Irak. Ils ont instauré un régime de terreur en Irak et plus particulièrement dans la région du
Kurdistan. Quant au régime syrien, "pour faire face au danger kurde", et
"sauver l'arabisme" de la région, il inaugure en 1962 le plan dit de
la "Ceinture arabe" (al-Îizam al-'arabi), prévoyant d'expulser toute la
population kurde établie en Cezîre le long de la frontière avec la Turquie et la remplacer progressivement par des Arabes (…)" [76]. Le poète n'hésite pas à critiquer les
conséquences de ce plan dans le poème "Gîsin" (le Soc) :
"Ramana biratiya derew, ew girêka reŞ
Ji kengî ve em pê xapîn, ji me birin heŞ
Ji azadî û serxwebûnê hêlane bê par
Bi me nehîŞtin reng û rûmet, ne ziman ne zar
Biratiya ku sînorê wê Eflaq xira ke
Destên Ereba bîne di gewriya Kurdan ke
.................................
Ev reng biratî pîsî ye me navê tucaran
Kesên bi rûmet xwe nakin ber destê xedaran" [77].
La traduction :
La pensée de la fausse fraternité, ce noyau noir
Nous a trompé et a asservi notre conscience depuis longtemps
Elle nous a privés de la liberté et de l'indépendance
Elle a attaqué notre dignité, notre caractère et notre langue
C'est une fraternité dont la frontière est violée par 'Aflaq
Qui fait que les Arabes colonisent les Kurdes
Ce genre de fraternité est mauvais et inadmissible
Que ceux qui ont de la dignité ne se soumettent pas aux perfides
Avec du recul, O. Sebrî observe le
mouvement national kurde qui s'est égaré dans le tourbillon de la phraséologie
idéologique. Ainsi, il exprime dans son poème "Hêviya kalemêr" (l'espoir
du vieux) son désarroi devant cette polémique et accentue essentiellement le
ton sur la défense de la cause kurde. Citons-en quelques vers :
"Ez dibînim xortên me bi felsefe û qirên
Îemî dûrî qada Şer dipeyivin diçin û tên
Dest navêjin tivingê nabin pêŞengê cotkar
.................................
Bes divê xwe rave kin Ìemî xwedî "IDEAL"
.................................
Ji bo îro me navê IDEAL û FELSEFE" [78].
La traduction :
Je vois que nos jeunes s'occupent de philosophie et de polémique)
Tous parlent et se vantent loin du champ de bataille
Ils ne portent pas les armes et ne guident pas l'ouvrier agricole
Ils veulent seulement prouver qu'ils ont des "idéaux"
Pour aujourd'hui, nous ne voulons pas les IDEAUX et les PHILOSOPHIES
Le mouvement national kurde, dirigé
par Barzanî, commence sa lutte armée acharnée contre le régime
baasiste irakien et remporte des succès vers la fin des années 60.
Les Kurdes dans les trois autres parties du Kurdistan commencent à espérer en lui. Dans son poème
"Kurdê biçûk" (le jeune kurde), O. Sebrî se donne la voix d'un
enfant kurde qui espère rejoindre le mouvement des Kurdes méridionaux à un tel
point qu'il croit que le Kurdistan sera bientôt reconstruit :
"Ez kurdekî biçûk im divê bibim ŞûreŞvan
Welatê xwe aza kim di wê rê bidim can
.................................
Da hilgirim tifingê biçim nik Şêrê Barzan
.................................
Armanca me serxwebûn, min bawerî bi Yezdan
Di nava van çend salan divê çêbe Kurdistan" [79].
La traduction :
Je suis un jeune kurde je veux être révolutionnaire
Pour libérer ma patrie à laquelle je sacrifie mon âme
Pour porter l'arme et aller chez le Lion de Barzan
Notre objectif est l'indépendance j'ai confiance en Dieu
Qu'au bout de quelques années le Kurdistan sera recréé
- LES ANNEES SOIXANTE-DIX :
Les années soixante-dix marquent des
événements encore plus violents que les précédents. La lutte du mouvement
national kurde du Kurdistan méridional remporte
des succès successifs contre le régime irakien grâce à l'aide multiple - le choix unique et imposé
- du Chah d'Iran et de la CIA [80]. A l'instar de ses autres compatriotes, O.
Sebrî se rendra au Kurdistan méridional pour
contribuer à la révolution. Le 11 mars 1970, un accord est signé entre le PDK du Kurdistan
méridional et
le régime irakien actuel. Celui-ci prévoit une autonomie pour les Kurdes
méridionaux. Ce sera une grande "joie" pour la majorité des Kurdes et
un désappointement pour les dissidents tels que îbrahîm EÌmed et Celal Talebanî.
Dans son poème "Serdarê bilind" (le haut dirigeant), le poète admire la personnalité
de Barzanî et critique les dissidents :
"Serdarê bilind gel te gîhand warê azadî
TêkoŞîna te da wan îro rûmet û Şadî
Her carê wana leŞkerê dijmin direvandin
Çavên Qasim û herdu Arif, Bekir Şikandin
.................................
Weha dibînim, va tîrijên roja me dertên
îbrahîm Ehmed, tevî
Celal serî di ber tên" [81].
La traduction :
Haut dirigeant, vous avez acquis la liberté pour le peuple
Aujourd'hui, votre lutte lui a rendu la dignité et la joie
A chaque fois ils infligeaient la défaite à l'armée ennemie
Ils ont vaincu Qasim, Arif et Bakir
Ainsi, je vois que les rayons de notre soleil brillent
îbrahîm Ehmed et Celal Talebanî viennent les têtes baissées
Quand O. Sebrî est en désaccord avec
l'équipe dirigeante de la Révolution, il commence à la critique, critiquant
même la personnalité du chef M. Berzanî, ce qui envenime la situation. Ce dernier tente de
le faire arrêter par son service secret, Parastin, mais en vain. Par la suite, il écrit un poème,
intitulé "Gazin ji Barzanî" (Des
plaintes adressées à Barzani) et daté du 15.06.1970, il l'envoie à M. Barzanî par l'intermédiaire de Îebîb Kerîm,
alors Secrétaire Général du PDK-Irakien. Citons quelques vers de ce poème :
"Serdarê bilind te keys neda me te pîroz kin
Ji bo felata Kurdistanê te xwedî doz kin
.................................
Her kes ji me bi ramana xwe ketiye xebatê
Her yek ji me di rêya xwe re diçe felatê
Ez hêvîdar im tu bîr bibî ev kir ne baŞ e
Gava nebîrî havila wê kirêt û ŞaŞ e" [82].
La traduction :
Haut dirigeant, vous ne nous avez pas donné l'opportunité de vous
féliciter
Pour vous désigner comme porteur de la cause de la libération du
Kurdistan
Chacun de nous est engagé dans la lutte avec sa pensée
Chacun de nous a sa voie pour la libération
J'espère que vous vous rendez compte que votre comportement n'est pas
bon
Si vous ne vous en rendez pas compte, les conséquences seront graves
En
septembre 1972, deux ans après la promesse d'autonomie, la Droite et la Gauche du Kurdistan du Sud-Ouest doivent
se rendre au Kurdistan méridional pour s'unir sous le patronage de M. Barzanî. Ce
dernier ne réussit pas à rassembler les antagonistes
sous sa bannière. Par conséquent, un nouveau parti est créé : le Parti
démocratique kurde-Direction Provisoire, appelé couramment le "Partî" qui sera reconnu par M. Barzanî. Désormais, le mouvement national kurde dans tout
le Kurdistan connaîtra les prémices d'une crise fatale. En
d'autres termes, il sera divisé en deux tendances : l'une
"progressiste" (pro-soviétique), l'autre "réactionnaire"
(pro-occidentale). Quant à O. Sebrî, il s'oppose à ces deux tendances. Il
adopte la même attitude qu'auparavant : ni pour l'Est,
ni pour l'Ouest, mais favorable à une voie propre aux Kurdes. Dans
son poème "Lawê gel" (le fils du peuple), il exprime clairement sa
position :
"Hinek ji wana aliyê çep, hinek jê rast in
Bi vî awayî gel û welat nayê parastin
.................................
Balafirên Mîg dewletek çep dan neyarên me
Bombeyên napalm bi wan gîhan koç û warên me
Çepê mafê min bi zor bixwe ew kolîdar e
Çawa dibe çep ? ne mirov e, ew segê har e
Neyê bîra we ku ez bêjim Roava baŞ e
Kî wê hêviyê ji min bike gelekî ŞaŞ e" [83].
La traduction :
Certains d'entre eux sont pour la gauche, certains d'autres sont pour
la droite
De cette manière, le peuple et la patrie ne seront pas libérés
Un Etat gauchiste a donné des avions Mig à nos ennemis
Ce sont leurs bombes au napalm qui ont été utilisées dans nos
territoires
La Gauche qui me prive de force de mon droit est mon
colonisateur
Commet peut-il être gauchiste ? Il n'est pas humain, il est le chien
enragé
Ne pensez pas que je dise que je suis favorable à l'Occident
Quiconque qui espère de moi ce qualificatif se trompe littéralement
Il paraît un peu contradictoire que
O. Sebrî soutient dès les débuts la Révolution des Kurdes méridionaux aidée par
les occidentaux. Il donne une réponse justifiant cette attitude dans le même
poème :
"Mebin neyarê hêlek ji bo xatirê yê din
Dostê neyarê me kî ye ew jî ji bo me dijmin
Ne dûr e îro yek bibe dost, sibe neyar be
Neyarê îro me dikuje sibe bi yar be" [84].
La traduction :
Ne soyez pas ennemis d'un camp pour satisfaire l'autre
L'ami de notre ennemi est notre ennemi
Ce n'est pas étonnant qu'un ami d'aujourd'hui soit un ennemi demain
Que l'ennemi d'aujourd'hui qui nous tue soit un ami
Après la défaite tragique de la
Révolution kurde du Kurdistan méridional en
mars 1975, on découvre le pessimisme et l'optimisme dans les derniers poèmes de
notre poète de cette période. Tantôt il est pessimiste, critiquant la direction
du mouvement national kurde, victime de sa dépendance vis-à-vis des puissances
étrangères, tantôt il est optimiste, espérant que la jeunesse kurde pourra
saluer le peuple kurde. Dans son poème "Gelê kor" (le
peuple aveugle), il écrit :
"Dibînim neyarên te gelek hene
Kambaxî rêberên te tewtewe ne
Di bin navê gelparêziyê bûn noker
Di gel Kurdên bi rûmet ew dikine Şer" [85].
La traduction :
Je vois que vous avez beaucoup d'ennemis
Le malheur c'est que vos dirigeants sont des imbéciles
Au nom de patriotisme ils sont devenus des laquais
Ils se battent contre les kurdes dignitaires
O. Sebrî exprime sa pensée plus
clairement dans le poème "Çûyîn" (Vers la mort) :
"Tevda bûn terriya dijmin bi navê Kurdan
Gava min wa dît, piŞta xwe didim dinê
Bi xweŞî xwe dispêrim sînga mirinê" [86].
La traduction :
Au nom des Kurdes ils sont tous devenus dépendants de l'ennemi
Quand je pense à une telle attitude, je tourne le dos au monde
Je me rend tranquillement à la mort
L'homme ne peut pas continuer à
vivre dans le pessimisme. Il doit également connaître des moments d'espoir.
C'est le cas de O. Sebrî. Il fait confiance à la jeunesse kurde avec optimisme.
Dans son poème "Gurraniya bêbavan" (l'aboiement
des bâtards), O. Sebrî écrit :
"Kurrên gel ên serbilind dakevin xebatê
Berên kesên mat û gêj ji nû bidin felatê
Li her alî saziyan bi lez vejînin, çar kin
Xortên lewend û Şepal bo têkoŞînê li kar kin
.................................
Gava min ev nivîsî dengek ji banî va hat
Digot : " [87].
La traduction :
Fiers fils du peuple, engagez-vous dans la lutte
Guidez vers la libération les personnes déçues
Partout, réanimez vite des organisations et créez-en
Engagez les jeunes gens dans la lutte
Lorsque j'ai écrit cela, une voix m'est venue d'en haut
Elle disait : ne sombrez pas dans le désespoir, la libération est très
proche
A la fin de cette période, signalons
que O. Sebrî a fuit devant Parastin. Il sera emprisonné à Damas et il conserve sa propre photo qui est publiée dans
son recueil de poème Apo. Au bas de celle-ci, on peut lire deux vers qui résument le combat cinquantenaire de
notre poète pour la liberté :
"Dawî vewestîm wa bûm kalemêr
Zîndan ji bo min wek rikeha Şêr" [88].
La traduction :
Enfin, épuisé, je suis devenu vieux
La cellule, pour moi, n'est qu'une tanière du lion
- LES ANNEES QUATRE-VINGT :
Les années quatre-vingt sont les
années où O. Sebrî atteint soixante-quinze ans. Passant sa vie dans une petite
maison à Taxa Kurdan (le quartier kurde) à Damas, avec sa femme, Şadiye, et sa fille adoptive, Kew, il écrit quelques
poèmes de temps en temps. Dans son poème "Şêrê min" (mon
lion), le poète s'adresse à un enfant, appelé MiÌemed Xêr.
Il voit en lui un guide pour le salut du peuple kurde. "Bijî welatê min"
(vive
ma patrie) décrit encore une fois les propos essentiels de notre poète.
Citons-en quelques vers :
"Welat ji me dixwaze xebat û têkoŞîn
Ne canxulamî, nokerî û serî danîn
.................................
Rûmet serxwebûn e di gel ramanek xweser
.................................
Holê, ji bona gel em dikarin bibin rêber" [89].
La traduction :
Il nous faut lutter et travailler pour la patrie
Et ne pas accepter la servitude, la trahison et la soumission
La dignité, c'est l'indépendance de la patrie et celle de la pensée
Ainsi, nous pouvons diriger le peuple
Le poème "Bersiva HoŞeng" (la
réponse de HoŞeng), est très long et instructif, car O. Sebrî
conserve des idées initiales au sujet des points faibles du mouvement national
kurde en général. Dans ce poème, il s'agit du fils aîné de O. Sebrî exilé en
Europe à qui on a délivré de fausses informations à propos
de son père et qui a accusé son père de s'éloigner de la lutte. Notre poète lui
répond ainsi :
"HoŞeng !
Roniya çavê min
Gelek caran
Ez ketim nav lepên neyaran
.................................
Di çavê min nedîtin tirs
Ji devê min negirtin yek pirs
.................................
Çi kesên ji zanîn û baweriya wan bi dûr keve
Dibêjin ŞaŞ e
Ji kesên wek xwe çepel û bizdok re
Dibêjin : têgihiŞtiye, gelekî baŞ e
.................................
Ji bo gel nawestînin ji xwe lingan
Ji bo xelkê xwe davêjin ser pilinga
Ev e rewŞa îro di nav gelê me yê nezan
Lîwana xwe spartine noker, bêbav û xinizan
.................................
Bê Şerm em gunehên xwe diêxin derên kolîdar û felek
.................................
Tenê ya ku me ji vê guhartiye
Me kolîdar xistiye Şona Şeytan
.................................
Kurê min !
Wa tu li Ewrupa yî, va me li Rohilat
Tu tenê dibihîsî, lê ez dibînim
Hophopa qeŞmeran
Canxulamiya nokeran
Dûvlûçandina nandozan
Devxumxumandina bêdozan
Demnasîna kêsbazan
.................................
Tertilîna gel
.................................
Ji vê rewŞa xwe ya kirêt qet nabin Şiyar
.................................
Ji lewra divya bû ji her kirê hûr bim
Dawî va ye her tişt xuya bû
Li Rohilat û li Roava dijmin li me şa bû
West û xebata çarde salan
Bi bêbavî hat firotin
Li êrdima şoreş gelek têkoşer
Ji bona gotina "çima" dihatin kuŞtin
.................................
Dongiya ŞoreŞ û gel bi zarê mirovekî ve hati bû girêdan
Ji lewra ŞoreŞa serdest hat firotin
Qelenê wê gîhaŞte destê Şahê Iran (…)
Divê hûn bizanin ku Barzanî xwe kuŞt
Xwîna cengewarên kurd bi dolaran ŞuŞt
Rûmeta xwe û Kurdan siparte neyar
Ji bo we keran her bindestî hîŞt (...)" [90].
La traduction :
HoŞeng !
Lumière de mes yeux
Bien des fois
J'ai été arrêté par les ennemis
Ils ne sont pas parvenus à m'effrayer
Ils ne m'ont même pas arraché un aveu
Quiconque qui s'éloigne et n'est pas d'accord avec les idées des
dirigeants
Ces derniers lui répondent : "il a tort"
Quant aux personnes lâches et vilaines,
Ils les appellent : consciencieux, magnifique
Ils ne s'efforcent pas de lutter pour le peuple
Ils sont capables de s'attaquent aux tigres au profit de l'intérêt des
étrangers
C'est ainsi la situation de notre peuple ignorant aujourd'hui
Il a confié sa direction aux laquais, aux bâtards et aux traîtres
Sans honte, on balaie nos fautes devant les portes de colonialisme et
du destin
La seule chose qu'on a changé
C'est qu'on a remplacé le mot "Şeytan" par celui de
"colonialisme"
Mon fils !
Tu es en Europe, je suis en Orient
Tu entends seulement, mais je vois
Les drôleries des stupides
La servitude des valets
L'imploration des mercenaires
Le bavardage des personnes sans cause
L'opportunisme des opportunistes
L'égarement du peuple
Ils n'ont pas conscience de leur situation précaire
Voilà pourquoi, il faut que je sois prudent vis-à-vis de tout
comportement
Enfin, toutes les choses sont évidentes
Les ennemis à l'Est et à l'Ouest se sont réjouis
La lutte et le combat de quatorze ans
Ont été soldés vilainement
Dans le territoire de la Révolution, plusieurs militants
Ont été tués pour avoir dit "pourquoi"
L'avenir de la Révolution et du peuple était confié à un seul homme
C'est la raison pour laquelle, la révolution triomphale est effondrée
Le prix de la Révolution est donné au Chah d'Iran
Vous devez savoir que Barzanî s'est fait tuer
Il a vendu le sang des combattants kurdes en dollars
Il a laissé les ennemis atteindre sa dignité et celle des Kurdes
Il n'a laissé pour vous, les ânes, que la servitude
Enfin, il reste à signaler qu'un
poème, intitulé "Agirî"
(Ararat) est publié dans Berbang en 1982, mais on ignore la date exacte. Il est
étrange de voir que O. Sebrî - malgré quelques observations - glorifie le
Zoroastre, alors qu'il est musulman pratiquant ! Cela nous
rappelle à plusieurs poètes kurdes tels que Melayê Cizîrî,
EÌmedê Xanî et bien d'autres, qui font référence au Zoroastrisme
dans leur poésie bien qu'ils soient des lettrés
religieux ! [91].
2. LA MéTRIQUE
Pour aborder la métrique, il
convient de présenter un bref et général aperçu de la littérature kurde afin de
permettre la compréhension du contexte historique dans lequel Osman Sebrî et la
première génération des poètes kurdes du XXème siècle ont écrit leur poésie.
C'est avec l'avènement de l'Islam
que la société kurde connaîtra successivement un développement littéraire sur
le plan de la poésie. Ainsi commenceront-ils à apparaître plus tard des savants
et des lettrés kurdes marqués par la culture islamique. Ils vont contribuer à
enrichir celle-ci et ceci en s'exprimant en "arabe, en persan, en turc, et fréquemment en deux de ces langues, ou en
toutes à la fois" [92]. D'un autre côté, ils vont faire le premier
pas dans la formation d'une littérature kurde écrite. C'est à partir de cette
période où l'âge classique de la littérature kurde est admise par la plupart
des chercheurs kurdes et des orientalistes.
Les classiques kurdes étaient tous
des lettrés musulmans. Citons-en quelques uns : Mela PerîŞan (XIV-XV), Melayê Cizîrî (1570-1640), Feqiyê Teyran (1590-1660), EÌmedê Xanî (1650-1706), Nalî (1800-1873), Kurdî (1805-1859), et bien d'autres. Ils ont emprunté la
métrique arabe, souvent modifiée, pour écrire leur poésie. Cette forme poétique
changera en fonction de la situation des Kurdes et du Kurdistan et des événements du début du XXème
siècle. Comment les poètes kurdes du XXème siècle se distingueront-ils des
classiques dans leur poésie et quelle métrique utiliseront-ils ?
Les révoltes kurdes écrasées dans
les siècles précédents par les deux empires ottoman et persan ainsi que les conflits intestines qui déchiraient
les principautés kurdes ont créé des conditions défavorables à l'épanouissement
de la littérature kurde. En outre, les nouvelles données géo-politiques de
l'après Première Guerre mondiale auront à leur tour des conséquences dont souffriront
ces poètes kurdes. Cependant, il y aura des périodes où la littérature kurde
sera fleurissante. En effet, c'est seulement pendant les années 1930-1940, les
années du mandat français en Syrie, où une élite nationaliste kurde, dialecte
kurmancî, se rassemble autour de la revue
Hawar à Damas et produit une poésie avec une métrique spécifique.
Ils n'étaient pas dans le même cas que leurs compatriotes méridionaux qui
profitaient relativement des droits culturels élémentaires depuis des années
1924. Les Kurmandjophones en sont privés depuis les années 1940 jusqu'à ces
jours-ci. Voilà pourquoi nous pouvons dire que la poésie chez les
Kurmandjophones connaît un "retard" et n'est pas aussi évoluée que
celle de Soranophones. En fait, ce sujet est large et exige une recherche.
Revenons à nos poètes précédents,
ils étaient tous dès le début de leur carrière littéraire des nationalistes
persécutés qui n'ont pas eu en général d'éducation dans le domaine de la
littérature kurde. D'autre part, la littérature kurde, elle-même, a connu un
vide presque total sur tous les plans. C'est l'une des raisons pour laquelle
cette élite s'est vue obligée de se consacrer à écrire à tous les niveaux à la fois.
Autrement dit, ils ont commencé à zéro tout en essayant à combler ce vide. Si
nous lisons leurs tout premiers poèmes, nous conclurons qu'ils sont débutants
dans ce domaine. Seul Cegerxwîn (1903-1984) qui a reçu une éducation religieuse et a
été mollah, a connu la métrique arabe, soit à travers la littérature arabe,
soit à travers la littérature classique kurde, soit grâce à ses contacts avec
les mollahs kurdes qui connaissait la métrique arabe. Il a employé la métrique
arabe modifiée dans une partie de sa poésie. En outre, il a suivi, dans une
certaine limite, le même chemin que celui de ses contemporains poètes.
Ecrire une poésie en utilisant la
métrique rythmique comme les classiques kurdes n'est pas du tout une tâche
facile pour ces nationalistes kurdes qui se sont engagés surtout dans la
politique et qui voulaient exprimer essentiellement les souffrances de leur
peuple. D'autre part, sachons qu'ils n'appartenaient pas au même milieu que
Cegerxwîn. En d'autres termes, ils ignoraient pour la plupart
l'arabe et
la culture arabe. Ils les ont appris après s'être réfugiés au
Kurdistan du Sud-Ouest.
De la sorte, Osman Sebrî et ses contemporains
poètes ont commencé à imiter à la limite la technique poétique de Melayê Cizîrî
et de EÌmedê Xanî,
les deux poètes très populaires dont les Dîwan
(recueil des poèmes) étaient répandus grâce aux mollahs dans la société
kurde. Cette technique s'explique par un nombre égal des syllabes et par la
rime pour des raisons que nous les reverrons par la suite. Ces deux éléments
qu'on peut découvrir dès leurs premiers vers publiés dans Hawar, constituent les deux facteurs essentiels de la
technique poétique de ces poètes. De la sorte, cette technique par rapport à
celle de la poésie classique ainsi que la reprise d'une poésie romanesque par
les poètes du XXème siècle qui ressemble à celle de la classique constituent un
néo-classicisme dans la poésie kurde.
En fait, la priorité des facteurs de
cette technique qui maintient le nombre des syllabes et la rime, d'après nous,
est accordée essentiellement au niveau de la pensée exprimée. Ensuite, vient la
compétence du poète qui peut créer un certain rythme cohérent dans ses vers.
Ceux qui partent de zéro et se mettent à écrire des vers en employant une
technique quelconque là où le rythme manque, s'affrontent aux critiques sur
deux formulées par ceux qui ont déjà exercé cette technique. Le reproche c'est
que le niveau de la pensée des jeunes poètes n'est pas assez élevé, ou plutôt
ils s'expriment mal en vers syllabiques, c'est la raison pour laquelle leurs
vers ne sont pas facilement acceptables par les poètes qui ont des
connaissances dans ce domaine. Le second reproche c'est que les jeunes
talentueux n'ont pas encore acquis l'expérience que leur permettent d'écrire
des vers avec des phrases bien construites, avec un niveau de vocabulaire bien
maîtrisé, avec un rythme relativement mesuré, etc. Bref, cette technique des
vers syllabiques est abstraite et faible puisqu'elle n'a pas un rythme définie.
Les phénomènes résultant de la
technique syllabique abstraite nous montrent pourquoi la poésie de Cegerxwîn écrite au rythme arabe était admirée et reconnue par
ces mêmes poètes. Ces phénomènes peuvent concerner les poètes kurdes pour
plusieurs raisons. D'abord, l'oppression culturelle et nationale dont le peuple
kurde souffrait sous les régimes successifs au pouvoir au Kurdistan fait que
les intellectuels patriotiques kurdes privés de leur propre culture et qui ont
reçu une culturelle étrangère qui leur était imposée par la force, commencent à
révéler le malheur de leur peuple en écrivant directement de la poésie.
Celle-ci est le moyen le plus simple, le plus touché et le plus approprié à la
situation d'interdiction de tout ce qui est kurde. Mais, comment écrire une
poésie lorsque la langue, cet organe humain, leur est toujours restreinte ?
En ce qui concerne Osman Sebrî et sa
génération, ils ont profité de la permission des publications kurdes entre 1930
et 1945 au Kurdistan du Sud-Ouest. Aussi ont-ils pu fournir une littérature kurde qui
est presque faite sur tous les plans. Depuis cette date et jusqu'à présent, la
poésie kurde, dialecte Kurmancî, connaîtra, à cause de l'oppression culturelle,
des tentatives poétiques balbutiantes à la romantique au niveau du contenu, à
la classique au niveau de la métrique (nombre des syllabes plus la rime) et à
la moderne au niveau de vers libre, sauf quelques rares exceptions. Quant à la
génération kurde expatriée et réfugiée au début des années 1970 en Europe qui
essaie d'écrire des vers et en publie dans des revues kurdes en Europe, elle subit évidemment les conséquences de la
politique assimilatrice exercée déjà sur elle et ne peut guerre, à quelques
exceptions, s'exprimer bien sur le plan de la forme. C'est d'une même situation
que Osman Sebrî et ses contemporains poètes sont parvenus objectivement à
adopter des vers syllabiques et rimés dans leur poésie. Etudions rapidement
l'évolution des poèmes de Osman Sebrî.
Nous avons déjà cité quelques vers
du premier poème de Osman Sebrî, "Berdêlk" (voir
pp. 42-43). C'est un poème qui montre très clairement que O. Sebrî ne
connaissait la métrique que par le nombre des syllabes et la rime. Cependant,
ce poème révèle un fait très net c'est que le poète a du mal à s'exprimer. Dans
le deuxième poème, "Lavelav" (voir
pp. 45-48 ), il fait un peu de progrès au niveau de la métrique et du contenu
bien qu'il manque à celui-ci une pensée claire et définie. Mais dans son
troisième poème, "Ji dûr ve", O.
Sebrî commence à maîtriser désormais la technique des vers syllabiques.
Rappelons que O. Sebrî a écrit ces trois poèmes au début des années 1930,
lorsqu'il était en exil. Depuis, il n'écrit et ne publie des poèmes dans Hawar qu'au début des années 1940. Cela nous fait penser
encore une fois aux problèmes des vers syllabiques. Nous avons déjà évoqué dans
les chapitres précédents qu'il y a eu, selon O. Sebrî, un désaccord entre lui
et le rédacteur-en-chef de Hawar, Mîr Celadet Bedir-Xan, parce que ce dernier avait modifié ses écrits
(voir p. 24) . La nature de ce désaccord, selon nous, venait du fait qu'à
l'époque, la langue kurde n'était pas encore bien établie et standarisée, la
bibliothèque kurde manquait des livres et encore moins la poésie kurde ne
connaissait que quelques poètes dont les oeuvres étaient inédites. Nous pensons
que c'est l'une des raisons pour laquelle il n'y a pas eu une cohésion entre
les néo-classiques.
O. Sebrî n'adopte donc pas le système
quantitatif dans ses vers, mais il faut souligner que dans ses poèmes inspirés
du folklore il y a un point important qui mérite d'être évoqué. Bien qu'il
introduise un certain rythme cohérent auditif dans ses vers syllabiques, on y
ressent parfois une faiblesse lorsque le poète veut exprimer en priorité sa
pensée tout en négligeant la métrique. En ce qui concerne les poèmes dont les
sujets sont inspirés du folklore, on découvre un certain rythme très
remarquable contrairement à celui qui se trouve dans ses autres poèmes. Cela
provient du système accentuel qu'il a acquis de la poésie populaire kurde [93].
Contrairement aux poèmes dont le
contenu reflète les événements de l'époque, les poèmes folkloriques de O. Sebrî
révèlent assez remarquablement le rythme accentuel. O. Sebrî n'a pas pu échappé
au rythme accentuel dans ces genres de poèmes. C'est le cas des autres poètes
aussi. Même Cegerxwîn qui a employé le système quantitatif n'a pas pu
échappé au système accentuel dans ses poèmes inspirés du folklore. Dans
ceux-ci, il est obligé d'emprunter le système accentuel et de l'employer avec
celui de quantitatif.
Etant donné que O. Sebrî ignore ce
système accentuel, il a mélangé l'Îambe avec le trochée dans ses poèmes
inspirés de folklore. Prenons le poème "Dîk û rovî" (le
coq et le renard) comme un exemple:
Une
possibilité à l'Îambe proposée par nous
— . — . . — . —
1-
Dîkek hebû qiros û xişt Go
: dîkekî qiros û xişt
. — . — . — . —
2-
Rabû li ser dîwêr venîşt
. — . — . — . —
3-
Rovîkî jîr dîk dît li wir
. — . — — . . —
4-
Hat cem silav jê ra dikir Hat cem silavek lê dikir
— . — . . — . —
5- Gotê : nîn in mizgeft û dêr Me nîn in - go - mizgeft û dêr
6-
Fermû were dane li jêr De fermû were dane l'jêr
7-
îro nimêj min ne kir hêj
8-
Bo min bibî tu pêŞnimêj
9-
Fêla rovî dîk bîr dibir
10-Zanî
ko ew dê wî bigir
11- Gotê :nimêj hîn nebûye Wî got : nimêj hîn nebûye
12-
Bi ser da min destmêj niye
13-
Rovî digo : ca were xar
14- Pir in li nik min text û dar Li nik min pirr in text û dar
15- Pagekî tu raveke min Tu pagekî raveke min
16-
Li der mane zarok û jin
17-
Ava bikin xanîkî çak
18-
Bo te bibin gundîkî pak
19-
Kês hati bû dîkê qiros Kês hate wî dîkê qiros
20-
Rovî êxist feqê bi los
21-
Gotê : biliv, li piŞt
dîwêr
22-
Kizîr bîne ez tême jêr Kizîr tu bîn ez tême jêr
23-
Rovî bêrî da cem kizîr
24-
Lê herde bû
tajîkî pîr Herde bû
lê tajîkî pîr
25-
Da xwe bi lez û bez revî
26-
Çû cihekî b'rêl û devî
27- Gava
ko dîk Ìalê wî dî Gava ku Ìalê wî dîk dî
28- Şa bû dikir qîqî
qîqî [94]. Ew
Şa bû d'kir qîqî qîqî
Le trait
d'union est le signe d'une syllabe accentuée et le point d'une syllabe non
accentuée. Les mots en caractères gras sont Îambiques, ceux en italiques trochaÎques.
Dans les hémistiches (1, 6, 11, 14, 15, 19, 21, 24, 28), O. Sebrî a employé l'Îambe
et le trochée à la fois. Toutefois, nous avons donné une possibilité qu'on
pourrait les écrire tout facilement à l'Îambe. Dans les hémistiches (21, 22),
l'accent des verbes à l'impératif tombe toujours sur la première syllabe et ne
change pas. C'est le cas des verbes au négatif, au subjonctif, au futur et au
vocatif respectivement dans les hémistiches (5, 12), (18), (10) et (28). Dans
le mètre Îambe, il peut y avoir des pieds trochaÎques, ou vice versa comme dans
les hémistiches (4, 7, 11, 14).
En ce qui concerne la rime, les
poètes du XXème siècle ont employé presque toutes sortes de rimes : kurde,
arabe et européenne. A ce sujet, Lucie Paul-Margueritte et
l'Emir Kamuran Bedir Khan écrivent :
"Les rimes, qui consistent en l'homophonie des mots terminant deux
vers, peuvent être jumelles ou alternées. Le vers libre est également employé.
On use en kurde de presque toutes les formes poétiques admises" [95].
O. Sebrî, il a écrit sa poésie en
vers isosyllabiques et rimés. Il a utilisé différents mètres : hexamètre,
pentamètre, tétramètre, septenaire... La rime est remarquable, voire
essentielle dans la poésie néo-classique. Nous trouvons de façon générale des
rimes riches et rarement des rimes pauvres. Elles se succèdent dans divers
ordres tels que : abab, defe ... aabb, ccdd ... aabab, ccdcd ... aa, bcdc, efgf
... abab, cdcd ... aaab, cccd .... etc. L'ordre "aabb, ccdd" est
dominant dans la poésie de O. Sebrî. Nous ne voyons pas l'utilité de citer des
exemples, mais il suffit de voir les vers que nous avons déjà mentionnés dans
les chapitres précédents.
Nous allons terminer ce chapitre
pour dire quelques mots quant au modernisme dans la poésie kurde. En dépit des
vers isosyllabiques et rimés chez les poètes Kurmandjophones, nous trouvons
également quelques tentatives vers le modernisme. Si les poètes Soranophones ont
été influencés par le modernisme chez les poètes turcs au début du XXème siècle selon le poète Şêrko Bêkes [96], les poètes Kurmandjophones ont introduit le
modernisme dans leur poésie plus tard. C'est à la fin de la 2ème Guerre
mondiale que le modernisme a vu le jour sporadiquement, mais il n'a pas été
adopté suffisamment.
A part le contenu, le modernisme
s'explique par la disproportion des syllabes et des vers non rimés. Il semble
que le modernisme qui se produisait à l'époque sur le plan de la forme dans la
poésie des peuples voisins n'a pas donné satisfaction à ces néo-classiques
kurdes, bien qu'ils aient tenté d'écrire d'excellents vers dans la forme
moderne. Ils ont préféré rester dans leur cadre néo-classique.
Dans ses poèmes de forme moderne qui
sont au nombre de sept : "Bahoz" (la -tempête), "Ho! Xort" {(Oh! jeune homme), voir pp. 72-73}; "Jan" {(la souffrance), voir pp. 59-60}, "Wefda
kurdî" (le délégué kurde), "Agirî" (Ararat), "Bang" {(Appel), voir p. 68} et "Bersiva HoŞeng" {(la
réponse de HoŞeng), voir pp. 90-94}, O. Sebrî emploie des vers libres
et des vers blancs. Les vers libres sont de longueur inégale et leurs rimes
sont combinés de façon variés, tandis que les vers blancs qu'on retrouve
parfois sont sans rimes.
III. OSMAN SEBRî, PROSATEUR
La prose, contrairement à la poésie,
fut très pauvre. Elle est née au milieu du XIX siècle. A ce sujet, plusieurs
hypothèses ont été avancées par les chercheurs kurdes. Il convient de citer ce
qu'a écrit Halkawt Hakim dans une étude récente :
"On ne connaît pas encore de prose en kurmandji antérieure à ce
résumé (le résumé du poème Mem û Zîn d'EÌmedê Xanî fait par MeÌmûd Beyazîdî {(1799
- 1860) - NDLR} écrit pendant l'été de 1856. Certains pensent qu'il existe
quelques ouvrages traitant de la médecine traditionnelle. Mais aucun preuve
n'en a été apportée jusqu'à présent. En soranî, le Mewlûdname de Îusên Qazî (1791-1870), ouvrage en vers et en prose, a été
pendant longtemps considéré comme le premier texte en prose kurde. En 1981,
MuÌemed Mela Kerîm a publié un texte attribué à Mewlana Xalêd NeqiŞbendî
(1779-1827)
exposant en prose les principes de l'Islam. Le manuscrit à partir duquel il a été établi
remonte à 1877, soit un demi siècle après la mort de son auteur. En partant de Mewlûdname et de ce dernier texte, 'Izedîn Mustefa Resûl et MuÌemed Mela Kerîm qualifie Îusên Qazî et NeqiŞbendî de . Or, aux quelques pages de ces deux
auteurs, on peut opposer plusieurs ouvrages de Beyazîdî. D'autre part, aucun autre texte en prose soranî
n'a été attesté au XIXème siècle. Par contre, le kurmandji n'a pas cessé d'en
produire, et allait même devenir la langue du premier journal Kurdistan (1898-1902). N'est-il pas justifié alors de
considérer Beyazîdî comme le véritable pionnier de la prose kurde
?" [97].
En fait, l'essor de la prose kurde
n'a pu se produire qu'après la Première Guerre mondiale, grâce aux efforts des
intellectuels qui ont eu des contacts avec les littératures étrangères.
"De là sont nées de nombreuses
traductions en langue kurde, permettant ainsi au vocabulaire de se
renouveler , se moderniser et s'enrichir. Ainsi ont été mis à la disposition
des lecteurs kurdes de récits de voyages étrangers au Kurdistan : Riche, Millingen, Hobbard, Lord Curzon,
Freya Stark, etc., des articles scientifiques et sociaux,
surtout médicaux, et aussi des pages connus de la littérature
universelle", écrit Thomas Bois [98].
C'est à partir des revues des années
20 au Kurdistan méridional et celles des années 1930 au Kurdistan du Sud-Ouest que
commencera véritablement la prose kurde. Osman Sebrî est l'un de la première
génération des prosateurs kurdes de ce siècle. Si O. Sebrî a écrit de bonne
poésie après Cegerxwîn, il a surtout produit une excellente prose.
"Mais c'est surtout comme prosateur", dit Thomas Bois,
"que Osman Sebrî mérite d'être mentionné. Il parle avec compétence des
montagnes d'Agirî et de Sason et du cimetière d'Amed. A l'occasion, il met au point quelques
renseignements sur l'Histoire des Kurdes et du Kurdistan. Il donne des éclaircissements sur des Yézidis et une notice biographique de Saladin et de Napoléon. Mais il n'est jamais si bien à l'aise que dans ses
récits d'aventures ou lorsqu'il parle des coutumes de ses compatriotes. Ses
histoires de chasse sont pittoresques. Dans son style simple, direct, imagé, il
fait revivre la scène devant nous. Il est probablement aujourd'hui un des
meilleurs prosateurs pour le Kurmancî du Nord" [99].
Ajoutons à ce qu'a écrit Thomas Bois,
nous estimons que O. Sebrî est l'un des meilleurs prosateurs kurdes-Kurmanc du
XXème siècle jusqu'à maintenant ayant un style purement kurde profitant surtout
du vocabulaire acquis de son milieu social. Sa langue et son style sont
considérablement distinctifs de ceux des autres prosateurs de sa génération et
de la génération actuelle qui ont été fortement influencés par les langues
étrangères. Contrairement à certains prosateurs, sa réussite dans le domaine de
la prose vient du fait qu'il est sorti d'un milieu tribal quasiment fermé aux
occupants ottomans et turcs, d'où il a acquis un bon vocabulaire et un bon
style à raconter des événements et de bonnes histoires. Celui-là l'a beaucoup
aidé quand il a commencé sa carrière d'écrivain. Nous pensons qu'il est peu
probable que les traductions étrangères soient à la disposition de O. Sebrî.
Cependant, il est possible que les premiers écrits prosaÎques dans Hawar et sa connaissance des revues étrangères l'ont
encouragé à s'orienter vers la prose. Son article intitulé "Gazind û gilî"
(plaintes
et protestations) dans Hawar, n° 14, révèle relativement ce point-là (Voir p.
140).
En tant que prosateur, O. Sebrî a
écrit des œuvres narratives et des écrits critiques, politico-philosophiques et
ethnologiques. Nous allons consacrer un chapitre pour chaque domaine.
1 - Oeuvres narratives
Osman Sebrî a écrit dans trois
genres narratifs littéraires : la nouvelle, le récit et le conte. Les récits
sont dominants par rapport aux nouvelles et aux contes. Les écrivains comme O.
Sebrî n'étaient que de simples prosateurs débutants. Ils n'ont pas entrepris un
seul genre narratif précis, mais des œuvres narratives sur plusieurs plans
littéraires. D'autre part, la prose kurde n'a pas connu des écoles comme celles
des autres peuples.
Commençons par la nouvelle. Nous
considérons "Şîna jinekê li ber gora Birho" (La lamentation d'une femme sur la tombe de Birho) et "Li goristaneka Amedê"
(Dans une cimetière de
Diyarbakir), comme des nouvelles pour les trois arguments
suivants : la problématique, la création littéraire et la longueur. Dans la
première nouvelle, O. Sebrî a beaucoup admiré la lutte de ses compatriotes
insurgés contre les Kémalistes tel que Birho. Elle décrit l'histoire d'une soirée
où O. Sebrî ne peut pas dormir, puis, il s'endort et voit un rêve. Dans son
rêve, il se rend au pays où, chemin faisant, il entend le cri et les pleurs
d'une femme ayant dans ses bras un petit enfant. C'était la femme de Birho, le
martyre qui
a succombé avec ses quatre fils. Il ne restait pour elle qu'un seul enfant. Ce
dernier, lui aussi, avait reçu deux coups de poignard sur le côté droit de sa
poitrine de la part des Turcs et était mort. Ainsi cette femme déclamait-elle un
poème élégiaque dont nous citons quelques vers :
"Rabe de rabe, Birho, de rabe,
Bo çi Ararat te hîŞt xirabe !
îro dîsa hat Roma bê eman
Gund Şewitandin nehîŞt xwedî can" [100].
La traduction :
Lève-toi, Birho, lève-toi
Pourquoi tu as laissé l'Ararat en ruine
Aujourd'hui, les Turcs cruels ont attaqué à nouveau
Ils ont brûlé les villages et n'ont laissé aucun vivant.
Face à cette barbarie des dirigeants
turcs, O. Sebrî essaie de trouver une réponse philosophique
en deux parties : l'une contredit l'autre. Tout d'abord, selon lui, cette
barbarie que les Kurdes subissent est due au fait que les descendants payent le
prix des "péchés" des ancêtres. La deuxième, après avoir enterré la
femme de Birho avec son petit enfant, il récite un poème en se plaignant auprès
de Dieu et lui demandant pourquoi exerce-t-il une telle tyrannie sur les Kurdes
? Une voie inconnue lui répond :
"- Oh, jeune
homme ! pourquoi vous plaignez-vous sans raison ? Le Dieu a crée vos ennemis
aussi bien que vous. Pour Lui, vous êtes tous égaux, mais la vie est un champ
de bataille. Si vous vous voyez battus et inférieurs, cela est dû certainement
à votre faiblesse. Luttez, ensuite confiez-vous à Dieu. S'il n'a pas répondu à
vos demandes, vous vous plaindriez alors.
J'ai voulu répondre à
ces questions, j'ai dit :
- Personne ne peut nier le rôle de la lutte, mais nous protestons
contre l'injustice et l'oppression. Convient-il que l'oppresseur reste sans
punition ?
- Non, mais pas aujourd'hui...
- Qu'elle est-elle notre présente situation ?
- Vous ne vous souvenez pas que vos ancêtres disaient : .
Je lui ai dit : pour
cela, il faut beaucoup de temps.
Il a dit : pas aussi
long. Regardez vers la montagne, vous allez tout savoir" [101].
Ainsi nous voyons que O. Sebrî vit
dans un conflit représenté par la cruauté de la réalité face à la passivité de
l'idéalisme auquel il croit. Bien qu'il soit croyant, ce conflit a abouti à un
résultat qui ne correspond pas avec son idéalisme : .
La nouvelle "Li Goristaneka
Amedê" atteste une création littéraire importante
dont la prose kurde n'en a connu que de rares exemples à l'époque. Il l'a
écrite en exil en 1933 à Musewa' (Jordanie ?). En effet, elle mérite tout une étude analytique
complète, mais nous la commentons très brièvement. Il s'agit d'un rêve dans
lequel O. Sebrî se trouve au Paradis. Ce rêve décrit sa connaissance de
l'organisation Xoybûn (l'indépendance), ses critiques envers
elle, sa nostalgie pour la patrie et ses louanges pour les anciens dirigeants
de la Révolte de Şêx Se'îd, y compris ses deux oncles qu'il a rencontré au
Paradis. Pour O. Sebrî, Şêx Se'îd représente la Ka'ba du nationalisme kurde. Il essaie de rappeler les
noms de ces dirigeants et de donner à chacun un rôle : Fuad Beg est le premier responsable qui
prépare les articles pour l'organe de Xoybûn,
HiŞyarî
(l'Eveil); Îesen Xeyrî est le chef-rédacteur de celui-ci; SaliÌ Beg est un écrivain; Kemal Fewzî est le directeur de l'imprimerie; Îec Extî est
le correspondant et Ezîz Axayê Silopî a présenté O. Sebrî à ces personnalités. Quant à son
oncle Şukrî, il ne supporte pas les fautes de ces dirigeants. Ces derniers
n'acceptant pas leurs critiques, Şukrî
ainsi que O. Sebrî s'éloignent et n'assistent pas aux réunions de Xoybûn.
O. Sebrî a écrit seize récits. Ces
huit traitent des faits sociaux réels : "Nêçîra Hirçan" (la
chasse des ours), "Pira Genderê û HemûŞkê Kulik" (Le pont de Gender et HemûŞkê Kulik),
"Warê min ne î kor e" (Ma race n'es pas éteinte),
"Mist-Awik" (Mist-Awik), "Şêrekî bi darekî" (Un
lion vaincu avec un bâton), "Segê ku gur tanî fêza pêz" (le
chien qui attirait des loups dans la bergerie), "Beraz û Berazî" (le
porc et les Berazî), "Şêxê Barzan çawa firandin ?" (Comment
on a fait voler le Cheikh de Barzan); les cinq suivants traitent aussi des faits
sociaux réels mais décrivant la superstition chez les Kurdes : "Enker û
Nekîr" (Enker
et Nekîr), "Şeytanqûnî-1" (Şeytanqûnî
-1), "Şeytanqûnî -2"
(Şeytanqûnî - 2), et "TerŞê Şevê" (le fantôme de la nuit); enfin les
quatre autres décrivent une petite partie des événements de la Révolte de Şêx
Se'îd (1925) et de la Révolte de l'Ararat (1929) : "Leheng - 1, 2, 3, 4" (Le
héros - 1, 2, 3, 4).
On peut distinguer dans l'ensemble
deux sortes de récits : le récit créatif et le récit réaliste. Dans le récit
créatif, il essaye de dépeindre la situation misérable, la souffrance et le
sort du peuple kurde sous l'occupation étrangère, notamment celle des Turcs. Il décrit des faits et des événements socio-politiques
en s'ingéniant à employer parfois l'imagination et la création littéraire. Dans
le récit réaliste, il raconte des histoires basées sur des faits, soit qu'il a
lui-même vécu, sinon il les raconte à la troisième personne. Pour mieux
connaître les sujets de ces récits, il convient qu'on donne un bref résumé pour
la plupart de ces récits ainsi qu'un commentaire. Il faut mentionner que dans
chaque récit aussi bien que dans chaque poème O. Sebrî veut toujours
communiquer un message, une idée, etc.
Dans
le récit "Nêçîra hirçan", il
s'agit d'une histoire qui a eu lieu avec un chasseur. Celui-ci qui venait de la
chasse des perdrix a rencontré un ours. Selon l'auteur, les ours n'attaquent
pas les hommes tant qu'on ne leur fait pas mal. Mais cet ours, semble-t-il, a
déjà eu mal. Il a voulu se venger sur le chasseur. Alors, l'ours l'a agressé
violemment. Il n'y avait qu'une solution pour le chasseur : prétendre mourir.
Ainsi l'ours a-t-il pensé qu'il est mort. Il s'est rassuré plusieurs fois en
sentant sa respiration. Ensuite, il a fait une tombe pour lui et l'y a jeté.
"Comme on sait", dit l'auteur, "que les ours ne mangent pas la
viande fraîche tant qu'elle ne soit pas pourrie", il est parti pour
revenir bientôt. Le chasseur s'en est allé. Quelque jours plus tard, il a tué
l'ours et l'a apporté au Dîwan de l'Axa
de Mirdês, Îecî Ebû Zer. En le regardant, les gens disaient : . Ce jugement essuyait un peu la honte de la
soumission du chasseur qui se disait : " [102]. Dans ce récit, O. Sebrî veut se référer au
cas des Kurdes et de leurs occupants.
Dans "Pira Genderê û HemûŞkê
Kulik" dont un extrait est traduit en français par Thomas Bois [103], O. Sebrî parle de la vaillance des Kurdes.
Ces derniers préfèrent n'importe quelle solution que de se livrer à l'ennemi.
HemûŞkê Kulik, originaire du Kurdistan septentrional, est le chef de la tribu Ziravikan. Depuis des années, il y avait toujours des
événements meurtriers entre cette tribu et la tribu Alikan. Cette dernière ne pouvait pas se venger de HemûŞkê
Kulik. Un jour, elle a saisi l'occasion, c'était sur le
pont de Gender. HemûŞkê Kulik est volontairement tombé avec son cheval du pont et s'est
échappé à la nage. "Autrefois, pour ne pas se livrer aux ennemis, les
Kurdes se jetaient de tels endroits", écrit O. Sebrî [104].
"Warê min ne yî kor e", traduit
brièvement en français par Thomas Bois [105], décrit aussi les coutumes tribales kurdes.
A Meletiya, au Kurdistan septentrional, la tribu Bêzikan était divisée en deux groupes : la famille de Ûsiv Axa
et de Omaxacê. Mustefa, le cadet de Qadir Axa de la famille de Ûsiv Axa a été tué par quelqu'un de Omaxacê qui s'appelait Seyîd Weqas.
Eprouvant la peur de Îemo, le frère aîné de la victime, dont la vaillance
était très répandue, Seyîd Weqas a décidé de se livrer et de solliciter la tolérance.
En le voyant, Qadir Axa et son fils, Îemo, l'ont pardonné intérieurement, mais chacun
craignait l'autre et ne savait pas l'avis de l'autre. Lorsque le père a su la
position positive de son fils, deux larmes ont coulé de ses yeux. Îemo lui a dit :
"- Père ! Est-ce
que c'est aussi douloureux pour toi que de pleurer la mort d'un fils ?
- Non, Îemo. Quand j'ai vu que tu suis un tel chemin honorable,
mes larmes ont coulé de joie. Je me réjouis de savoir que ma race n'est pas
éteinte" [106].
"Mist-Awik", traduit
brièvement en français par Thomas Bois [107], est écrit à partir d'un fait réel. Il
s'agit de la tribu Bûcêx qui s'installait à Siwêrek au Kurdistan septentrional. De cette tribu une famille, nommée Îec Eliyan,
est partie dominer la région. Un vieillard de cette famille, appelé Mist-Awik, allait construire le village Beremanî au bord de l'Euphrate ce qui a provoqué la colère des autres tribus qui
l'ont attaqué avec quatre cents personnes. Mist-Awik s'est retranché dans sa maison et a résisté jusqu' à
la fin bien que celle-ci soit mise en feu :
"- Sortez, nous
vous promettons de vous capturer et de ne pas vous tuer.
- Ce n'est pas honteux
pour vous de me proposer un tel chemin déshonorant ? Mieux vaut la mort dans
les flammes que la capture" [108].
Racontant ce récit O. Sebrî veut
aussi se référer à la légitimité de la lutte des Kurdes contre leur situation
de servitude.
Le récit "Şêrek bi
darekî", traduit
déjà en français par Thomas Bois [109] et republié par Joyce Blau [110], relate une histoire réelle et très drôle.
O. Sebrî le raconte d'après Şêx EvdilreÌmanê Garisî, une personnalité participant à l'organisation Xoybûn. Il l'a rencontré chez les Beraza en 1930. Comme "deux têtes de bélier ne peuvent
bouillir dans la même marmite, les Kurdes et les lions ne vivent pas
ensemble". Un jour à l'époque de Bedir-Xan Beg (1802-1868), un lion s'est égaré et s'est trouvé à
Cizîra Botan, au Kurdistan septentrional. Il causait la perte aux moutons. "Qui le
tue", a-t-il promis Bedir-Xan Beg, "il sera récompensé". Un
nomade garisî venait à Cizîre. Il a rencontré un grand animal et l'a tué avec son
bâton. Il a cru que c'était le chien de Bedir-Xan Beg et n'a dénoncé la nouvelle qu'à un boutiquier. Un
autre botî a vu le lion mort, a tiré des balles sur lui et a
prétendu devant Bedir-Xan Beg qu'il l'a tué. Quant la vérité s'est éclaircie, on a
emmené le nomade garisî devant Mîr :
"Mîr : Comment
vous avez tué ce lion ?
Koçer : Mon Seigneur,
supposons que tu sois le lion, et moi, moi. Lorsqu'il voulait sauter sur moi,
j'ai levé ainsi mon bâton et ai donné le coup sur son visage les serveurs ne
l'ont pas empêché alors, il aurait frappé le Mîr" [111].
L'histoire de "Seyê ku pez tanî
fêza pêz" a
eu lieu avec O. Sebrî lui-même. En août 1923, un loup attaquait toujours ses
moutons. N'importe quel loup aurait attaqué les moutons de la région, les gens
disaient : "C'est le loup de Osman Sebrî". Cela a irrité sa colère.
Il est allé lui-même une nuit surveiller son troupeau avec les bergers. Son
berger, Mislim, a été obligé de lui raconter la réalité : un des
chiens appelle le loup et partage avec lui les moutons. Mislim préfère ne pas
tuer le chien car il est grand et fort. Il attend qu'il féconde la chienne
quelques jours plus tard. Après avoir entendu l'histoire, Osman Sebrî tue le
chien infidèle et rappelle à son berger ce proverbe kurde : "L'herbe
pousse sur ses racines" (Tel père, tel fils)[112].
Ûsiv Axa, le chef de la tribu Bêzikan, qui s'installait au nord de l'Euphrate et qui est mort en 1880, avait un domestique. Ce
dernier a raconté à O. Sebrî l'histoire de "Beraz û Berazî" en
1914. Un jour, Ûsiv Axa et Îusên sont allés à la chasse des porcs. A midi, ils ont
rencontré un troupeau de porcs et en ont blessé un. Plus loin, un inconnu
marchait dans le même chemin du porc qui fuyait. Les deux se sont inquiétés
pour cet homme. Si ce dernier a été attaqué par le porc, ils seraient
coupables, ont-t-ils pensé. Ils ont fait de leur mieux pour le prévenir, mais
l'homme n'a éprouvé aucun sentiment de peur. A peine le porc s'est-il approché
de lui qu'il l'a tué avec son sabre et a continué son chemin. Ce comportement
étrange a attiré l'attention de Ûsiv Axa :
"- Qui êtes-vous,
mon cousin (appellation courante en kurde) ?
- Je suis berazî (le mot "beraz" veut dire porc en kurde -
NDLR).
- J'ai tué quelqu'un
et je suis à la recherche d'une aide financière chez les hommes généreux pour
payer le prix de son sang.
Ûsiv Axa l'a invité chez lui pendant quelques jours, a
satisfait son besoin et lui a fait ses adieux" [113].
"Şêxê Barzan çawa
firandin", traduit brièvement en français par Thomas Bois [114], relate un événement réel qui concerne Şêx
MiÌemed, le grand-père de Mollah Mustefa Barzanî.
O. Sebrî l'a entendu de Şêx EvdilreÌmanê Garisî et
d'autres ont confirmé l'exactitude de l'histoire. Şêx MiÌemed était un cheikh de Terîqe chez les tribus Mizûrî, Şêrwan et Berojiyan dans la région de Zîbar. Un jour, il décrivait Mehdî pour ses disciples d'une façon qu'il lui
ressemblait. "Il est possible", a-t-il dit Şêx MiÌemed,
"qu'il est venu au monde mais il attend le jour où le Dieu lui
ordonne". Un des disciples lui a dit : "On a entendu parler que Decal
(l'Antéchrist ou l'Antémehdî) se lève en même temps
que Mehdî et que son âne est très rapide... Comment Son
Excellence le Mehdî va échapper à ce tyran ?". Şêx MiÌemed ne s'attendait pas à une telle question, car il a
déjà décrit Decal d'une manière que Mehdî ne pouvait pas échapper à lui. Pour s'en sortir, il
a répondu : "Il vole, mon fils, il vole". Plus tard, les disciples
sont divisés en deux groupes : l'un croyait que Şêx MiÌemed est Mehdî lui-même, l'autre contestait. Parmi eux, un
vieillard est intervenu : "Vous ne vous rappelez pas que Şêx a dit que les
balles ne faisaient rien du mal à Mehdî. Allons chez lui et tirons sur lui une rafale de
balles. S'il l'est, les balles ne feront rien de mal". Six disciples sont
allés le prouver. Par chance, aucune balle ne l'a touché, toutes ont traversé
ses vêtements. Cette "épreuve" n'a laissé aucun doute pour un groupe.
Pour l'autre, il est toujours douteux. Ce même vieillard est intervenu et a
proposé cette fois-ci de le faire voler. Les deux groupes sont allés chez Şêx
MiÌemed :
- "Qu'on soit ton
sacrifice, la plupart d'entre nous croient que vous êtes Mehdî, mais certains non croyants ne le sont pas. Nous
voulons que Şêx ne les laisse pas sceptiques.
- Comment est-ce que
je peux ne pas vous laisser douteux et qui est-ce qui vous a dit que j'étais Mehdî
?
- Qu'on soit ton
sacrifice, nos cœurs nous disent que vous êtes Mehdî. Est-ce que Şêx n'a pas dit que si les coeurs de
quarante musulmans s'unissent sur une chose, cela ne serait pas faux. Donc
voler, c'est ne pas laisser le doute chez ces disciples.
- Disciples, êtes-vous
imbéciles, commet est-ce que je peux voler ?
Le disciple vieillard
est intervenu :
- Disciples, comme le
moment de Mehdî n'est pas encore venu, Şêx ne se déclare pas. Mais
on peut tout de même essayer de le faire voler de force.
Les disciples l'ont
fait voler du troisième étage et il est mort. Ainsi Şêx MiÌemed est devenu victime de sa propre faute" [115].
"Mijo û Xanê", traduit
en français par Thomas Bois [116], décrit la vaillance des Kurdes face aux
armées ottomanes. En 1841, après la Guerre de KarmilêÌ (une montagne au Kurdistan septentrional), les Kurdes de Sason ont infligé une défaite à l'armée du chef ottoman, Îafiz PaŞa.
Pour rétablir la paix, le gouvernement turc a donné une administration autonome aux insurgés de
Sason dont le chef s'appelait Îemedoyê Birho. Ce dernier allait toujours à Bidlîs pour régler les problèmes qui surgissaient. Pour
ceux-ci, le gouvernement turc lui a fait construire un palais juste devant
celui de Xan de Bidlîs [117].
Quant à ses quatre récits intitulés
"Leheng 1-2-3-4", dans le premier récit, il s'agit d'une résistance
héroÎque des Kurdes face à l'armée kémaliste. Cette dernière n'a pas pu écraser définitivement
la Révolte de Şêx Se'îd en 1925. Il y a eu toujours des combats sporadiques
la menaçant. La famille de MiÌemedê Eliyê Yûnis avec
ses membres se sont retirés de leur village et se sont retranchés dans la
montagne de Sason. C'était l'automne. Il faisait tellement froid que
les insurgés avaient besoin de plus de matelas. Sans prévenir personne, Remezanê
Herzo est descendu au village tout seul à minuit pour
aller chercher des matelas. A sa sortie de la maison, il a rencontré deux
soldats turcs et les a tués. L'armée qui était autour du village y
a recouru. Le combat a duré jusqu'au lendemain dans l'après midi. Remezanê
Herzo résistait toujours jusqu'à ce que l'armée turque ait tiré deux canons et l'ait blessé. Après avoir
entendu des tirs, MiÌemedê Eliyê Yûnis et
sa tribu ont appris que Remezan est embusqué. Ils y ont recouru et ont repoussé
l'armée turque. "Que Dieu bénisse EvdilreÌman Axayê Elîyê
Yûnis qui
m'a dit : , les corps étaient étendus autour de la
maison ressemblant à l'image d'un troupeau assis». Je lui ai posé la question
alors :
- Est-ce que vous avez
compté les corps ?
- Oui, nous les avons
comptés. Il y avait soixante soldats morts et blessés.
- Et comment
allait-elle la blessure de Remezan ?
- A peine vingt jours
sont-ils passés que Remezan a participé aux nouveaux combats et il est compté
cette fois-ci, parmi les héros" [118].
Le deuxième récit relate les combats
de la Révolte d'Agirî. En 1929, la lutte armée s'est intensifiée à Agirî sous la direction de îÌsan Nûrî.
Ce dernier avait besoin des chevaux pour continuer de mener les combats. Il a
envoyé Ferzende chez les tribus de SerÌedan. Quand l'armée turque a appris la nouvelle, ils ont attaqué avec deux
bataillons les chevaliers kurdes dans la Vallée de Zîlan. Ferzende a confié les chevaux ramassés à dix
personnes et a résisté avec cinquante chevaliers. Les deux bataillons sont
battus avec "au moins deux cents cinquante morts". Devant la honte
d'une telle perte humaine, les deux commandants ont écrit un faux rapport pour
le gouvernement d'Ankara en accusant les tribus de la Vallée de Zîlan d'avoir aidé les combattants. C'était pour cette
raison-là que "le gouvernement d'Ankara avait brûlé quatre-vingt villages de la Vallée de
Zîlan avec les femmes, les vieillards et les
enfants".
Ferzende était une personne dont l'héroÎsme a été prouvé dans
plusieurs combats. Dans le grand combat de 1930, les Turcs ont détecté la place de Ferzende protégée par des rochers à Agirî. Ils l'ont beaucoup bombardé et il a été blessé à
un de ses pieds. Ses amis lui ont proposé de le sauver, il a répondu :
"- Lorsque les
Rom (les Turcs - NDLR) savent que le fils de Îesenan (le nom de sa tribu) a reculé de deux pas, ils
allaient considérer cela comme un triomphe. J'accepte la mort, mais pas cela.
Il a résisté dans sa
place jusqu'à la tombée de la nuit où le combat s'est terminé. Que Dieu le
bénisse, durant sa longue vie il était l'un des précurseurs parmi les héros
kurdes qui ne connaissait pas la défaite" [119].
Dans le troisième récit, O. Sebrî
raconte également une histoire s'agissant de la Révolte d'Agirî. En 1930, le gouvernement turc a envoyé 120 000 soldats qui ont maté la révolte des
Kurdes en trois mois. îÌsan Nûrî et Ferzende se sont réfugiés en Iran. Mais les Kurdes de
SerÌedan résistaient encore sous la direction de Seyîdxanê
Îesenî et de Elîcanê Berazî.
Les bataillons turcs envoyés par Ankara n'osaient pas s'approcher d'eux. Ils faisaient
aller-retour entre Erzerum, MûŞ et Bidlîs.
En 1931, Elîcan est tombé martyr dans un combat. Ses chevaliers ont
rejoint ceux de Seyîdxan. Comme l'armée turque ne pouvait pas arrêter Seyîdxan, elle réprimait en revanche les villageois kurdes
ce qui a obligé Seyîdxan de tenter de se réfugier au Kurdistan du Sud-Ouest par
les deux vallées de Mêrdîn. Trois jours avant, les Turcs ont dissimulé une troupe de deux mille soldats dans
la première vallée qui a une longueur de quinze kilomètres, et une autre troupe
de neuf mille soldats dans la deuxième vallée qui a une longueur de cinquante
kilomètres. C'était l'été, à l'aube lorsque Seyîdxan avec ses trente-sept chevaliers sont arrivés près de
la vallée. Ils ont remarqué dix soldats turcs, les ont arrêtés et les ont désarmés. Plus tard,
ils sont tombés dans l'embuscade par des milliers de soldats. Ils ont résisté
durant treize heures et sont parvenus à traverser les deux vallées.
"Jusqu'àlors, deux chevaliers de Seyîdxan ont été légèrement blessés et ont disparus. L'un
était son cousin paternel, Silêman Axa,
l'autre son neveu, Mistefa. Seyîdxan avec ses trente-cinq chevaliers sont allés reposer
dans un village de Mêrdîn. Deux voitures blindées s'y trouvaient, mais ils ne
savaient pas. A l'entrée du village, Seyîdxan est tombé martyr par une seule balle au front. Ses
chevaliers l'ont enterré au pays et ont continué leur chemin vers le Kurdistan
du Sud-Ouest. Quant SaliÌ PaŞa a entendu le commencement des combats, il s'est
rendu sur place en prenant l'avion d'Ankara à Diyarbekir et de Diyarbekir à Mêrdîn. Il croyait voir les corps des combattants, mais on
lui a dit : "Nous avons arrêté un blessé et nous l'avons envoyé avec deux
soldats". Déçu et très furieux, SaliÌ PaŞa a conduit tous les officiers devant Dîwanî Herb (le tribunal militaire). "L'un de ces officiers
a fui en Syrie. Lorsque j'ai entendu qu'il était à Îasaka (ville à l'est de Syrie), je suis allé le voir pour savoir le nombre des
soldats morts", écrit O. Sebrî. "Quand je lui ai posé la question, il
m'a répondu timidement : . Mustefa, qui était arrêté, s'est échappé et a rejoint ses
amis en Syrie. Silêman Axa qui était blessé s'est caché. Quinze jours plus
tard, un paysan l'a emmené en Syrie" [120].
Dans le dernier récit, il s'agit de
la Révolte de Şêx Se'îd en 1925. "Cet événement m'est raconté en
1931", écrit O. Sebrî. "En 1925, la Révolte de Şêx Se'îd s'est effondrée. Il a été pendu avec 48 camarades.
Des milliers des combattants, des révolutionnaires et des militants sont
emprisonnés à Diyarbekir et à Xarpêt, sont jugés par le tribunal de
l'"Indépendance" et sont pendus (...) Dans les régions où la révolte
ne s'est pas étendue, l'armée turque déportait les notables, les vieillards et
les braves et confisquait leurs armes". 'Adil Beg était un Kurde qui s'est éloigné de la Révolte.
Lorsque l'armée turque est arrivée dans son village, il a sorti ses armes
volontairement pour les donner aux officiers. Trois soldats et un officier sont
venus chez 'Adil Beg et son frère. Il est allé les recevoir. Il a pris le
cheval de l'officier par son licol et l'a accueilli chaleureusement :
"- Descendez, s'il vous plaît,
nous sommes à votre service".
Sans prêter l'attention, l'officier
turc lui a frappé le visage avec son fouet. Etonné, 'Adil
Beg a ordonné à son frère de riposter :
"- Vous ne voyez pas ce qu'il
fait ce fils de chien ? Désormais, mieux vaut la mort que la vie. Tuez-le
!".
Son frère a tué l'officier avec les
deux soldats immédiatement. Les deux frères ne s'en sont pas contentés, mais
ils ont attaqué le reste des soldats, en ont tué vingt-trois, ont pris leurs
chevaux et leurs armes et se sont enfuis avec leur famille à Kotol sur la frontière de l'Iran [121].
Dans "Enker û Nekîr", O.
Sebrî raconte une histoire réelle qui a eu lieu dans un village. Répandre de
telles légendes au nom de l'Islam dans la société kurde, d'après O. Sebrî,
était la cause du drame kurde d'aujourd'hui [122].
Quant à ces deux contes
"Terlan" (le roi des oiseaux) et "Pirçemek û Silêman" (La chauve-souris et le roi Salomon), dans le
premier, il s'agit d'un roi des oiseaux qui, par ses mauvais comportements, a
éloigné les bons oiseaux et n'a laissé autour de lui que de mauvais oiseaux
qui, à leur tour, l'ont conduit à la mort [123]. Dans le deuxième conte "Pirçemek û
Silêman", il s'agit de la
chauve-souris qui était la première parmi les oiseaux à s'arracher ses poils
sous un simple ordre du Roi Salomon. Ce dernier changea
d'avis plus tard et la chauve-souris resta sans poils toute sa vie [124].
Enfin, il reste deux écrits
narratifs inspirés de son imagination : "Agirî" (Ararat) et "Li pêŞberê yarê" (Devant
la bien-aimée). C'est une sorte d'évasion sentimentale. Dans "Agirî" (l'Ararat), O. Sebrî personnifie, glorifie le Mont Ararat et lui adresse des paroles réjouissantes. Ce Mont,
du fait de sa hauteur et de sa grandeur, il est transformé en forteresse des
insurgés et des combattants kurdes depuis Zoroastre jusqu'aux Birho et
Ferzende, les deux combattants de la Révolte de l'Ararat. En concluant, il lui écrit : "Montagne! Il
est possible que la lutte de la libération d'un peuple s'arrête, mais sache
qu'elle ne se termine pas avant la libération, qu'elle continue et qu'elle
avance" [125].
"Li pêŞberê yarê" [126] a été écrit, semble-t-il, lors de son deuxième
mariage. Il s'agit d'un récit romanesque dans lequel O. Sebrî exprime sa conception
de l'amour pour sa bien-aimée dont il ne mentionne pas le nom. Si ce n'était
pas cet amour, les poèmes d'amour de Melayê Cezîrî n'éprouvaient toujours pas aucun sentiment chez lui.
Cet amour le pousse à croire à la renaissance des morts, le réconcilie avec la
vie contre laquelle il est toujours en guerre et lui fait admettre que sa
bien-aimée représente la vie même.
2- éCRITS
CRITIQUES
O. Sebrî a publié des écrits
critiques dans le domaine social et dans celui des livres. Dans le premier, il
a écrit trois articles traitant d'une seule question sociale : la femme. Nous
les commentons brièvement
Dans l'article "Boblatên me yên
civakî" (Nos problèmes
sociaux), O. Sebrî pense que "plus les peuples sont asservis, plus leurs
problèmes sociaux s'accroissent, ou bien plus les problèmes sociaux d'un peuple
s'accroissent, plus il est asservi". Pour lui, l'asservissement du peuple
kurde s'est répercuté sur la situation des femmes. Dans la société kurde, le
rôle de la femme est réduit à un tel point qu'on l'achète et qu'on la vend,
contrairement aux autres sociétés humaines, dont les bases sont construites sur
l'égalité entre les hommes et les femmes. Il critique les mollahs et les
cheikhs qui ont mal interprété le point de vue du Prophète Mohamed quant à la femme. Pour lui, les mollahs ont limité
l'éducation des femmes au Coran et au Hadîth. O. Sebrî développe
les propos du Prophète dans son esprit en disant que ce dernier voulait dire
toutes sortes d'éducation. Il critique également les Kurdes en ce qui concerne
la dot qui rapporte des biens pour eux en mariant leurs filles. "C'est
pourquoi", écrit-il, "que les Kurdes n'ont pas fait de progrès" [127].
Dans son article "Pirjinî û
belayên wê" (la polygamie et ses problèmes), O. Sebrî explique
en détail les répercussions de la polygamie en général. Celle-ci, pour lui,
crée des conflits, des bagarres et de l'hostilité et des relations fallacieuses
entre les enfants des deux femmes. Ces conséquences vont totalement détruire la
famille. Il approuve la polygamie admise par l'Islam qui met en condition l'égalité entre les femmes.
Comme cette condition, d'après O. Sebrî, n'est guère applicable, il faut
renoncer donc à la polygamie complètement. O. Sebrî essaie de sa part de
justifier la polygamie dans l'Islam : la polygamie était due à la domination de
fornication chez les Arabes de l'époque et à la naissance des
enfants bâtards. Il appelle l'homme et la femme à la fois à renoncer à la
polygamie. Les filles vendues, constate-t-il, ne peuvent être de bonnes mères
qui doivent élever une bonne génération d'enfants indispensables pour une bonne
société kurde [128].
Dans son troisième article "ŞaŞiyên
me Kurdan" (Nos fautes à
nous, les Kurdes), O. Sebrî reprend le même sujet des deux articles précédents.
Cette fois-ci, il va plus loin. D'abord, il critique les Kurdes et il voit la
situation dramatique des Kurdes dans un seul domaine : la non émancipation de
la femme. "Pourquoi nous, les Kurdes, avons la confiance aux étrangers et
pas en nous-même ? Pourquoi nous ne nous aimons pas et que nous nous confions
dans les étrangers", écrit-il. Sa réponse est la suivante : "Mes
confrères, émancipez vos filles, ne les mariez pas contre leur volonté, la dot
c'est la vente, c'est l'humiliation, ce n'est pas un acte des braves" [129].
Dans le domaine des livres, il a
publié trois séries d'articles critiques : sur l'histoire des Kurdes et du
Kurdistan, sur Napoléon et sur Saladin.
O. Sebrî a écrit une série de trois
articles à propos du livre Résumé de
l'histoire des Kurdes et du Kurdistan écrit
en dialecte soranî par le ministre Emîn Zekî Beg.
Ce livre publié en 1931 par l'Imprimerie Dar al-Salam à Bagdad a été traduit
en arabe par MiÌemed Elî Ewnî et a été publié en 1936 par l'Imprimerie al-Sa'ada
au Caire. Dans le première article, O. Sebrî donne une
simple présentation sur le livre et sur son auteur. Il compte sur la version
traduite. D'abord, il commence par Şerefname
qui, selon lui, ne peut pas couvrir l'histoire d'un
peuple. Ensuite, il critique les historiens arabes qui ont écrit
leurs livres avec une tendance politique et qui ont remonté les origines des
Kurdes aux Arabes QeÌtan. Enfin, il apprécie beaucoup ce livre et va le
critiquer dans le deuxième article [130].
Dans son deuxième article, O. Sebrî
critique la définition de la frontière du Kurdistan septentrional faite par Sir
Mark Sykes que Emîn Zekî Beg a cité dans son livre. "Selon Sir Mark Sykes,
la frontière du pays au Nord et à l'Ouest est ainsi définie : Alajgurd, Ezrerom, Zara, Egin, Meletî, Bêsnî, Bîrecik et Ruha. Dans cette définition de la frontière, Sir Mark
Sykes rattache trois départements entiers et la moitié de
trois autres à la Turquie. De la sorte, l'Est et le Sud d'Erdehan et de Kars, l'ensemble de MereŞ, Entab et Kilîs, le Nord d'Alep et l'Est d'Iskenderun sont détachés de la frontière
du Kurdistan. Sur ces territoires-là, plus d'un million de
Kurdes y vivent". Un autre point critique : O. Sebrî fait une citation de
Sir Mark Sykes apparue dans ce livre. Dans celle-ci, Sir M. Sykes
exclue le département de Ruha de la frontière du Kurdistan, excepté la région où habite la tribu Berazan. O.
Sebrî affirme que sauf le plus petit district Îeran qui est entré dans la frontière syrienne et qui est habité par les Arabes Gês, les cinq autres districts du département de Ruha sont habités par les Kurdes : 1) Sêwrek est habité par les Kurdes Zaza. Autour d'elle sont installées les tribus Bûcax, Qirwar Milan et Qeregêçî. 2) Îilwan ou bien Cirnê ReŞ est habité par les tribus kurdes Milan, Qeregêçî, Sînikan, Dodikan, Îecî Mûsan,
îzolan, Badilan, Dûgerinan et Gevozan. 3) Hewag est habité par la tribu kurde Bêzikan. 4) Bîrecik est aussi habité par les Bêzikan. 5) Sirûc est habité par les deux petites tribus Mersawî, Poxpinikan et surtout par la grande tribu Berazan. La grande partie de ce district est rattachée à la
Syrie en 1919 [131].
Dans son troisième article, O. Sebrî
évoque un autre point critique à propos d'un faux recensement des Kurdes en
Turquie mentionné dans Résumé
de l'histoire des Kurdes et du Kurdistan.
Ce faux recensement, selon O. Sebrî, est dû à deux raisons. La première c'était
que plus de 60% des Kurdes ne se soumettaient pas au gouvernement turc et
refusaient de s'inscrire pour ne pas payer les impôts et ne pas faire le
service militaire. A cet égard, O. Sebrî se souvient d'une histoire
intéressante qui a eu lieu en 1923-24. Le gouvernement turc a sorti une loi selon laquelle chaque 50 000 d'âmes
doivent élire un député. "Le recensement de notre district dans les
registres officiels n'atteignait pas 20 000 d'âmes. Il fallait compléter le
chiffre 50 000 afin d'élire un député. En ce moment-là, lorsqu'on voulait faire
inscrire quelqu'un, c'était comme si on l'amenait à la mort. Il disait :
- Puisque vous allez inscrire mon
nom dans les registres de Tirko (mot qui veut dire turc exprime le mépris des Kurdes à l'égard les Turcs), n'inscrivez pas au moins les noms de mes
enfants".
La deuxième raison c'était que les
chercheurs étrangers ont recouru toujours aux ressources officielles du
gouvernement turc qui essayait par plusieurs moyens de diminuer
l'importance de la population kurde aux yeux du monde [132].
En ce qui concerne l'histoire de
Napoléon, O. Sebrî a publié une série inachevée de treize
articles résumant le livre de l'auteur arabe, appelé Îesen Celal.
La série est achevée dès que la revue Ronahî
a cessé d'apparaître.
En fait, O. Sebrî est un homme qui a
aimé dans sa vie tout ce qui est d'ordre sublime, esprit hérité de son milieu
féodal et de son attitude politique renonçant à la servitude quelle qu'elle
soit. Il semble que, dans sa vie, il a lu des livres glorifiant Napoléon, c'est pourquoi il est très attiré par la vie de
Napoléon et l'a beaucoup appréciée. "Le nom de Napoléon m'est connu à l'école pour la première fois. Mon
amour et mon admiration pour ce dirigeant français date de cette époque-là", écrit-il [133]. Il donne une brève présentation sur ce que
les historiens ont écrit sur Napoléon, soit en le glorifiant beaucoup, soit en le
critiquant violemment. Pour exprimer son point de vue, il rappelle l'anecdote
citée dans la préface du livre de Îesen Celal. Il s'agit d'un groupe de six aveugles qui, faisant
chemin, ont rencontré un éléphant. Tous ont sauté sur l'éléphant pour le
connaître du fait de la réputation de sa grandeur. Chaque aveugle a touché un
membre et a décrit la grandeur de l'éléphant relativement au membre qu'il a
touché. O. Sebrî conclut : "bien que j'apprécie le livre de Îesen Celal,
toutefois je l'ai considéré comme un septième aveugle. Si certains, en lisant
ces articles, me considèrent comme un huitième aveugle, j'accepte leur jugement
d'avance" [134]. En fait, on ne commente pas son regard à propos de
Napoléon puisqu'il s'est déjà jugé.
O. Sebrî résume la vie de Napoléon étape par étape depuis son enfance dans sa famille
en Corse jusqu'en 1795 date à laquelle il fut nommé par
Barras commandant en chef de l'armée de l'intérieur et
allait réprimer l'insurrection royaliste dirigée contre le Directoire. Lisant
ces treize articles, on constate que O. Sebrî est très influencé par les propos
et le caractère de Napoléon décrits dans les livres dont il disposait. Nous
allons les sentir dans ses écrits politico-philosophiques. C'est très rare que
O. Sebrî évoque un point reprochable à l'égard de Napoléon. Bref, il admire Napoléon pour n'avoir pas connu dans sa vie la peur et
l'impossible, et d'être misérable au début, puis un militaire compétent et
enfin un empereur détrônant les autres empereurs.
O. Sebrî a publié dans Ronahî une autre série de cinq articles sur l'histoire de
la vie de Saladin [135]. Il compte sur le livre La vie de Saladin Ayyoubi de l'auteur égyptien Dr. EÌmed Bêlî.
La date, le lieu et les éditions du livre ne sont pas référés. Tantôt O. Sebrî
annote ses articles avec des propos critiques, tantôt il fait de la critique au
cours de ses articles. Il cite sans suivre une méthode scientifique comme le
cas de la plupart des écrivains orientaux de son époque. Les points critiques
qu'il dégage sont les suivants : 1) EÌmed Bêlî écrit : "Les Kurdes ne sont ni Turcs, ni Arabes. C'est une nation appartenant à la race aryenne.
Ils sont peut-être un mélange d'Arabes
et de Turcs", ce qui est contradictoire pour O. Sebrî. 2)
Selon O. Sebrî, EÌmed Bêlî a subi l'influence de la théorie des Kémalistes lorsqu'il a écrit que le mot "kurde"
voulait dire "loup". 3) L'auteur égyptien a séparé les Mèdes des Kurdes ce qui ne l'était pas au point de vue de
O. Sebrî. 4) E. Bêlî a compté sur certaines sources qui ont remonté les
ancêtres de Saladin jusqu'à Merwan Omeyade,
mais entre ce dernier et Merwan, l'ancêtre de Saladin il y a plus
de quatre cents ans, d'après O. Sebrî [136] .
Enfin, en ce qui concerne ses deux articles :
"SelaÌedîn û Ehlî xaç -1-2" qui
sont parus dans Gelawêj [137], nous n'avons pas pu les posséder pour
commenter.
3- ECRITS POLITICO-PHILOSOPHIQUES
Dans sa carrière d'écrivain, O. Sebrî a
écrit une dizaine d'écrits communiquant ses idées politiques et philosophiques.
Nous essayons de les résumer brièvement.
Dans l'écrit intitulée "Gotinên
Şopewer" (Les
mots marquants), O. Sebrî s'exprime quant à la signification et au rôle des
mots suivants : Bext (la chance),
selon lui, n'est pas un événement fortuit loin de l'acte. Bext est un fruit d'un ancien acte qui se montre à l'homme dans un
moment inattendu et sous l'aspect d'un hasard. Un bon acte apporte une bonne
chance, un mauvais acte une mauvaise chance; Tirsa mirinê (La crainte de la mort) ne doit pas avoir lieu chez
les hommes croyants puisqu'ils vont chez le Dieu; toutes les mœurs sauf la
vaillance # la crainte; la générosité # l'avarice; la bienfaisance # la
malfaisance, peuvent être changées par l'éducation [138].
Dans son écrit "Mezin û
mezinatî, an sergevaz û sergevazî" (le grand et la grandeur, ou bien le noble et la
noblesse), O. Sebrî essaie de faire une distinction entre quelqu'un qui est
grand et quelqu'un qui est noble, ou bien entre la grandeur de quelqu'un et la
noblesse de quelqu'un. Il considère les individus comme "agha, prince,
pacha et ministre" des grands hommes. Par contre, les nobles sont des
individus qui laissent derrière eux de grandes et de profondes traces tels que
la religion, la doctrine et la philosophie. Les grands hommes luttent pour leur
intérêt personnel, les nobles pour l'intérêt du peuple : on peut les appeler
"les hommes de Dieu". Ces derniers ne sont pas forcément croyants et
non croyants, justes et injustes. Ce qui importe c'est que leurs actes sont
ceux de Dieu. Il cite les caractérisques d'un noble : 1) croyant en vérité et
en atteignant son but. 2) intelligent pour se faire connaître et connaître
l'entourage. 3) consciencieux pour ce qui se passera ailleurs. 4) possédant une
volonté sans hésitation. 5) fort qui détient une capacité de pouvoir faire
toutes les choses de son cœur. 6) vaillant qui ne connaît pas la peur. 7) fort
contre les oppresseurs . 8) miséricordieux auprès des opprimés. 9) solide face
aux catastrophes. 10) a de l'intuition pour connaître les choses. 11) au point
que rien n'est caché de lui. 12) au point que l'on ne peut pas le tromper. 13)
ferme à appliquer les choses. 14) droit qui n'accepte pas l'obligeance.
"A mes yeux, le noble est le
fils du temps et de la nécessité", écrit O. Sebrî. C'est Dieu qui envoie
le noble. Il dispose de toutes les caractéristiques ci-dessus. "Nous, les
Kurdes, attendons aussi un noble. Lorsque ce noble naît, ces pages de notre
malheur seront sûrement changées et les pages du bonheur seront introduites
dans l'histoire des Kurdes", termine O. Sebrî son écrit [139].
"Serbilindî" veut
dire littéralement en kurde tête-levée. Le sens courant qu'on lui donne c'est
la dignité. Dans cet article, O. Sebrî veut dire plutôt la noblesse. Pour lui,
il y a deux sortes de noblesse cherchée par les hommes : la noblesse
personnelle et la noblesse du peuple. La première est temporaire, éphémère et
morte avec l'homme; la deuxième éternelle et parfois sans-frontière. Selon O.
Sebrî, les nobles kurdes sont ceux qui "luttent et se sacrifient pour la
libération et l'indépendance du Kurdistan" [140].
Dans l'écrit "Sinçî û ol û
girêdana wan bi hev ra" (Les mœurs, la religion et le rapport entre les
deux), il s'agit d'une définition des mœurs et de la religion et du rapport
indispensable entre les deux. Les mœurs sont relatives chez les peuples.
"Parfois, les mœurs qui sont bien vues chez un peuple, sont mal vues chez
un autre". A ce sujet, O. Sebrî cite les noms des prophètes et des
philosophes du monde tels que le Zoroastre kurde (!), Confucius, Aristote, Socrate, Platon, Zénon, Jésus et Mohammed. D'après O. Sebrî, "les mœurs et la religion
sont une seule chose; les mœurs représentent le cœur et la religion l'écorce
(...) Elles sont inséparables (...) Quelqu'un qui porte des mœurs peut être
sans religion, mais qui n'en porte pas ne peut pas avoir une religion, (...)
c'est pourquoi lorsque les croyants d'une religion perdent leurs mœurs, la
religion se détériore,... il ne faut pas oublier aussi que les mœurs sans
religion ne durent pas et ne se protègent pas comme le cœur ne peut pas se
protéger sans écorce (...) les peuples qui jouissent du bonheur sont ceux qui
ont gardé la religion et les mœurs à la fois" [141].
En dépit des poèmes dans son petit
ouvrage Derdên me, O. Sebrî a publié également des écrits qui
reflètent ses pensées politiques et patriotiques. Dans "Kolîgîriya
ramanê" (la
servitude de la pensée), il évoque l'ignorance du peuple, les faiblesses de ses
intellectuels et surtout leur dépendance aux pensées étrangères. La plupart de
"ces derniers pensent que la cause de l'avilissement du peuple kurde est
due à l'occupation étrangère de leur patrie (...) Il est vrai que si le
colonisateur évacuait la patrie, le pays serait indépendant, mais les Kurdes ne
seraient pas libérés (...) La libération c'est le jour où l'on se débarrasse de
la pensée des étrangers et que l'on conserve ses pensées propres" [142].
Dans "Ziman di jîna milletan
de" (la langue dans la vie des peuples), il s'agit de
l'importance de la langue pour l'existence d'un peuple. D'après O. Sebrî, pour
assimiler les Kurdes, les peuples colonisateurs ont commencé par l'interdiction
de la langue. Il cite l'exemple des Kémalistes qui ont interdit le kurde et ont
turquisé les noms des familles kurdes. "Depuis ce jour-là, j'ai kurdisé le
nom de mon fils à l'âge de huit an", écrit O. Sebrî [143].
Dans l'écrit intitulé "Raman di
navbera afirîn û vacabûnê de" (La
pensée, son originalité et sa pourriture), O. Sebrî écrit : "La pensée est
à l'origine de deux sortes : indépendante, dépendante (...) Les deux ont
l'influence sur l'homme (...) La deuxième s'abîme toujours (...) Pour qu'une
pensée remplace une autre, il faut qu'elle soit plus originale et que le
penseur soit savant. (...) La pensée n'est pas éternelle parce qu'elle est
valable pour un temps, une cause et une situation (...) La pensée qui est
démodée et n'est pas abandonnée causera beaucoup de malheurs comme si le corps
d'une mort reste non enterré (...) Elle ne peut pas être ravaudée comme les
vêtements" [144].
Dans l'écrit "Welatparêzî di
navbera duh û îro de" (Le
patriotisme entre hier et aujourd'hui), il s'agit de sa conception du patriotisme.
Il décrit le patriotisme kurde depuis l'effondrement de l'Empire ottoman. Avant la désintégration de celui-ci, il y avait
deux grandes familles kurdes qui occupaient des postes importants à Istanbul.
Leur intérêt avec l'Empire ne leur permettait pas de se montrer patriotique.
Après la Guerre, au lieu d'éveiller leur peuple et de le libérer à l'instar des
autres peuples sous le joug ottoman, elles "attendaient la mort de
l'ennemi (les Ottomans -
NDLR) et la générosité de l'ennemi de l'ennemi (les Alliés - NDLR)". Ces Kurdes étaient loin de leur
peuple. "Quoique Şerîf PaŞa revendique l'indépendance pour les Kurdes et que la
S. D. N. l'admette
et prévoie un Etat kurde, Moustafa Kamal a trompé tous les aghas et les begs kurdes et les a
fait envoyer de tous les côtés du pays des messages télégraphiques à la S. D. N.
affirmant que : ne peut pas nous représenter et que nous
nous séparons pas de nos frères turcs»". Plus
tard, quand les Kémalistes ont accentué leur oppression contre les Kurdes,
Xalid Beg Cibrî avec ses camarades ont fondé un parti. Mais, ces
derniers se sont aussi trompés comme les précédents puisqu'ils ont compté sur
les "aghas et les begs des villages, et sur les riches commerçants des
villes". Comme les Kémalistes ont maté violemment la Révolte de Şêx Se'îd,
l'idée de la Révolution s'est étendue chez toutes les couches sociales au
Kurdistan. Cette fois, la bourgeoisie a pris également la
direction du mouvement de la libération nationale et l'a emmené à l'échec.
"C'est pourquoi, on ne peut pas considérer leur lutte patriotique"
puisqu'"elle était toujours amie de nos occupants. Néanmoins, le peuple
s'est réveillé et a pris son sort dans ses mains bien qu'il y ait des
tentatives de la part de la bourgeoisie de reprendre la direction du
mouvement"
[145].
4- éTUDES
ETHNOLOGIQUES
O. Sebrî a publié trois études ethnologiques
importantes dans une époque où les écrivains kurdes-kurmanc ne s'était pas
encore lancés dans ce domaine: la première est une enquête sur la religion
yézidie; la deuxième décrit l'histoire de sa tribu Mirdêsan
et dans la troisième, il parle de la géographie de la Montagne Sason et des
tribus kurdes qui y habitent.
Dans la première étude "Êzdî û
ola wan" (Les Yézidis et
leur religion) dédié à Tawûsparêz, le surnom de l'orientaliste français Roger Lescot (1914-1975) , il s'agit d'une enquête sur place
qu'il a réalisée avec les quatre dignitaires yézidis du Kurdistan méridional :
Şêx Xelef, Şêx Xidir,
Şêx Îeyder et îsmayîl Beg.
En été 1940, O. Sebrî s'est rendu pendant seize jours à Îasaka, ville syrienne, où s'y étaient réfugiés ces cheikhs yézidis. Il a mené son enquête essentiellement avec
Şêx Xidir. Le poète Cegerxwîn, a assisté aussi avec lui à la plupart des séances
et était de même avis que O. Sebrî quant à l'Yézidisme [146]. Lorsque O. Sebrî faisait son enquête
auprès de ces cheikhs, ces derniers ne se mettaient pas d'accord, entre
eux-mêmes, sur beaucoup de points. D'après O. Sebrî, cette différence provient
du fait que "la religion et les croyances des Yézidis n'ont pas été écrites, elles ont perdu leur
originalité à un tel point que pour mener une simple recherche afin de
découvrir l'origine et la vérité du Yézidisme est devenu quelque chose
d'impossible". Il conclut que "les Yézidis sont de pures Kurdes et
que leur religion d'aujourd'hui est un mélange de plusieurs religions. C'est
pourquoi lorsqu'on étudie leurs croyances, leurs convictions et leur foi, on
découvre les traces de la religion de Zoroastre, de MoÎse, de Jésus et de Mohammed" [147].
Vu son importance, l'orientaliste
suédois Stig Wikander a traduit cette étude en français. Nous trouvons
utile de citer un petit commentaire de ce dernier sur celle-ci :
"M. Osman Sebrî (…) en tant
kurde, il s'est intéressé à la religion yézidie et a tâché de se procurer une information objective.
Il connaît la littérature arabe sur les Yézidis mais ne connaît aucune langue occidentale et ignore
les travaux occidentaux sur ce sujet. Il dit dans son introduction qu'il n'a
voulu écrire que ce qui était bien attesté et pour cela il omet de parler de
tous les points sur lesquels les deux Şêx n'étaient pas parfaitement d'accord.
Cette prudence explique certaines lacunes évidentes dans son exposé : elles
sont voulues. Pour ce qui concerne le reste, on note des détails curieux qui ne
se trouvent pas, tant que je sache, dans la littérature sur les Yézidis. On trouve aussi des renseignements qui
contredisent directement l'information récente des voyageurs européens. Quelle
que soit l'explication de ces divergences, ce témoignage impartial et de bonne
foi sur le Yézidisme contemporain mérite sans doute de ne pas rester
enseveli dans une revue orientale devenue presque introuvable" [148].
"Mirdêsan û Gawestiyên
wan" (Les Mirdês et leur Bœuf-fatigué, groupe dissident de Mirdês), dont un extrait est traduit en français par Thomas Bois [149], est une étude dans laquelle O. Sebrî
relate l'histoire de sa tribu à la demande de Mîr Celadet Bedir-Xan. Il épuise ses informations du Şerefname et de ce
qu'il lui a raconté Evdil Qadir Dirî en 1930. A l'époque, ce dernier et O. Sebrî étaient
expatriés et s'étaient réfugiés chez MiçÌim MiÌêd,
chef de la tribu arabe 'Iniz en Syrie. L'auteur raconte : autrefois, il y avait, une
principauté kurde au nom de Mirdês à Êgil au Kurdistan septentrional. A la faveur de l'affaiblissement de celle-ci, les
princes ont quitté la Principauté peu à peu. Certains ont fondé de petites
principautés comme celles de Çêrmûk et de Palo. Quant aux Koçerê Mirdêsan (les nomades de Mirdês), ils sont restés attachés à
leur principauté. Plus tard dans la moitié du XIIIème siècle, eux aussi
allaient la quitter, passer désormais leurs hivers dans les plaines de Gewran et de Diyarbekir et s'installer dans la plaine de Reqqa (ville syrienne). Ils allaient se diviser entre eux-mêmes. Une
partie de mille familles avec leur prince, Evdil Îey Beg,
s'est installée à Qonya, dans la plaine de Heyman. Une autre partie sous la direction de Îecî Delî
Beg est allée à Qerejdax, puis, elle a continué le chemin jusqu'à
l'entourage de Diyarbekir. On l'a surnommée Mirdêsên Têrikan. Le reste sous la direction de MiÌemed Efendî s'est installé autour du Mont de Qeregêçî et est surnommé Mirdêsên Gawestî. Le mot "Gawestî" veut dire en kurde bœuf-fatigué
littéralement. Les moyens de transport des nomades kurdes à l'époque étaient
des bœufs. Lorsque les Mirdês de MiÌemed Efendî voulaient se déplacer, leurs bœufs étaient devenus
fatigués ce qui les ont obligés de se loger autour du Mont de Qeregêçî. Plus tard, les Gawestî se sont repartis à Gext et aux côtés de la montagne Nemrûd. Il conclut que les tribus Mirdês sont reparties dans trois endroits : les Mirdês d'Evdil Îey occupent dix villages à Heyman, les Mirdêsên Gawestî cent villages à l'Est de Meletiya et dans la région de Gext, et les Mirdêsên Têrikan deux cents villages. En outre, à SerÌedan il a trois villages de Mirdês au nom de Osman Komî,
Ş'ebo et Bazarcix qui s'étaient séparés de Mirdês de Evdil Îey il y a un siècle [150].
Dans "Çiyayê Sasonê" (la montagne de Sason), il s'agit de la géographie et un peu de
l'histoire de cette montagne. Celle-ci se trouve entre les villes Sêrt, MûŞ, Bidlîs et
Diyarbekir. Elle représentait toujours la forteresse des
combattants kurdes contre leurs occupants étrangers. A l'Est, se trouve Motikan; à l'Ouest, se trouve Silîvan; au Nord, se trouve la plaine de MûŞ et au Sud, se trouve la plaine de Xerzan. Sason est formé de vingt-trois grandes et petites
montagnes. Les trois plus hautes sont KarmilêÌ, Kornêk et Arsîv séparées par les deux rivières Artirêr et Kuskêt. Les autres montagnes sont les suivantes : à l'Est,
FerŞek, SipirgîŞ, Kêrkirnûs, Pûragan et Şînas; à l'Ouest, Helqîz, Qendîl, Îatûra, Qemtûra, Dêrqeretîn et ÎerŞewat; au Nord, Horemor, Reben, Mere?o; au Sud, Lele, Helizdirûnan, ŞelaŞ, Mirîçine, Kewkas et Milêxaç. Dix-sept tribus se logent dans la montagne de
Sason qui sont les suivantes : Ezebo, Pisino, Zekerî, Mûsî, Bûbî, Şerwan, Sarimî, Xî, Badikî, Bozikî, Bidirî, Şîgo, Celalî, Timoqî, Welo, MeÌmûd et Bekiran. Le nombre de leur village s'élève à sept cents
quinze. Dans chaque village, il y a une cinquantaine de familles. Entre 1925 et
1940, les tribus Şêrwan, Ezebo, Mûsî, Zekerî, Pisino et Bûbî ont été déportées et exilées. Un bon nombre d'entre
eux a été tué par les Turcs et leurs villages ont été brûlés. Quant aux autres
tribus, elles sont restées sur place [151].
Enfin, Osman Sebrî a écrit deux études sur
la chasse intitulée "Nêçîr" (la
chasse) qui ne se situent pas dans ce cadre, mais nous préférons les mentionner
dans ce chapitre. Il les a dédiées à Lezgîn Axa, un deuxième surnom de
l'orientaliste français Roger Lescot.
Dans la première étude, il s'agit de l'art de la chasse et de l'élevage des
animaux chez les Kurdes . En fait, O. Sebrî a écrit sur la chasse et l'élevage
à partir de son expérience et de sa connaissance personnelles dans ce domaine.
Il parle de la chasse d'ours, cerfs, renards, lapins, poissons, hyènes, perdrix
et bien d'autres oiseaux et animaux [152]. Dans la deuxième étude, il décrit la manière dont
les Kurdes élèvent les animaux afin de les préparer pour la chasse [153].
IV- APPORTS LINGUISTIQUES
Dans sa carrière d'écrivain, O.
Sebrî s'intéressait à la langue aussi. Il est l'un de ceux qui ont assisté aux
séances de mise au point de l'alphabet en caractères latins avec Celadet
Bedir-Xan. Il a consacré de nombreux articles à l'importance
de la langue kurde, de son orthographe, de l'unification de ses dialectes, de
l'adaptation des caractères latins plutôt que les caractères arabes et à l'invention non justifiée de
néologisme de la part des jeunes talentueux écrivains kurdes. Il a publié
également deux petits ouvrages alphabétiques. Nous abordons brièvement ses
principaux points de vue.
Dans son article "Ziman û
nivîsandina wî" (La
langue et son écriture), il s'agit de la conception de O. Sebrî à propos de la
formation de la langue depuis le début. D'après lui, l'écriture de la langue a
traversé six phases : trois allers et trois retours. "Lorsque la langue
est transformée en moyen de compréhension, des phrases sont construites. La
première phase c'était la naissance de la prose. Plus tard, lorsque la langue a
connu un peu du progrès au niveau du vocabulaire, elle est passée à la deuxième
phase : la naissance de la prose rimée (...) Dès que la langue a atteint son
perfectionnement, elle a fait sa troisième phase : la naissance de la poésie
(...) Quand les langues sont écrites, elles ont fait le retour de ces trois
phases : poésie, prose rimée et prose (...) A peine suis-je rendu compte de ce
fait que je me suis orienté de nouveau vers la prose" [154]. A la fin de son article, pour que la prose
s'améliore, il propose aux écrivains de se consacrer à la traduction des œuvres
étrangères en kurde.
Puisque O. Sebrî accorde une
importance à la prose dans le but de rattraper surtout le progrès des autres
langues écrites, il reproche Celadet Bedir-Xan dans son écrit intitulé "Gazind û gilî" (plaintes
et protestations) d'avoir permis trop de place pour la poésie :
"L'objectif de publier Hawar c'était l'établissement de la langue (...) Mais je
vois que certains de nos confrères se sont engagés à écrire des poèmes et des
vers afin de voir leurs noms publiés au-dessous (...) Il est nécessaire que avec
ce niveau de connaissance les personnes telles que Evdil Xaliq Esîrî,
Hevindê Sorî et Cegerxwîn fassent courir leurs chevaux dans le domaine de la
littérature et de la langue afin que nous en profitions aussi. C'est inutile de
composer quatre mots insensés et d'écrire un long nom au-dessous" [155].
Publié dans le premier numéro de la
revue Gelawêj, "Pirsiyara Gelawêjê"
(la
requête de Gelawêj) est un article
écrit à la demande du responsable de celle-ci pour savoir lesquels des
caractères latins ou arabes vont mieux pour la langue kurde. O. Sebrî répond
qu'il préfère les caractères latins pour les trois raisons suivantes : 1) les
huit voyelles qui se trouvent en kurde (a, e, ê, i, î, u, û, o) ne peuvent pas
être transcrites en caractères arabes. 2) la facilité d'apprendre le kurde en caractères
latins plutôt que en caractères arabes. 3) La majorité des Kurdes écrivent en
caractères latins [156].
Contrairement aux autres intellectuels de Hawar, O. Sebrî porte un point de vue alphabétique
important qui reste non adopté pour plusieurs raisons par les Kurdes sauf ceux
d'URSS qui, à leur tour, l'ont mal adopté au milieu des
années quarante. Il le défend constamment depuis l'établissement de l'alphabet
en caractères latins popularisé dans Hawar
au début des années 1930. Il s'agit de ces quatre
consonnes ('p), ('ç), ('k) et ('t) qui ont une prononciation particulière en
kurde. Elles ne ressemblant pas à quatre autres consonnes de mêmes caractères :
(p), (ç), (k), et (t). A ce sujet, Il convient de citer ce qu'a écrit O. Sebrî
pour la revue Hêvî :
"L'histoire de
l'établissement de l'alphabet kurde remonte à quarante ans avant (l'article est
daté de 1983 - NDLR). Lorsque Celadet Bedir-Xan,
que Dieu le bénisse, voulait remplacer l'alphabet en caractères latins par
celui en caractères arabes, il a convoqué certains intellectuels qui
s'intéressaient à la langue et leur a fait montrer son alphabet. J'étais alors
l'un d'entre eux (...) Celadet voulait savoir l'avis de ceux qui sont réunis pour
son alphabet (...) Après avoir discuté sur l'alphabet, Celadet nous a posés la question :
- Est-ce que vous
voyez si à cet alphabet manque quelque chose ?
Parmi ceux qui sont
réunis personne n'a parlé. J'ai dit répondu :
- Oui, je vois qu'il
manque quatre lettres qui existent dans le dialecte kurmancî. Il ne faut pas les ignorer. Les ignorer, c'est un
défaut de l'alphabet.
Celadet m'a répondu
alors :
- Quelles sont les
lettres qui lui manquent ?
Je lui ai dit :
- Ce sont ('p), ('ç),
('k) et ('t) qui existent abondamment en dialecte kurmancî.
Il m'a répondu :
- C'est vrai que ces
quatre lettres existent en kurmancî, mais on peut profiter de ces quatre lettres
proches d'elles : (p), (ç), (k) et (t) telles que nous les avons utilisées dans
l'alphabet en caractères arabes. Les lettres des alphabets européens sont entre 29
et 31. Voilà notre les lettres de notre alphabet a atteint 33.
Je lui ai répondu :
- Il mérite que nous
fassions aussi du progrès comme les Européens, mais non pas dans le cas de diminuer les lettres
de notre alphabet.
Lorsque j'ai vu que
les personnes réunies n'ont pas donné une importance à mon point de vue, j'ai
ajouté en disant :
- Il paraît que mon
point de vue ne vous a pas convaincus. Mais dès qu'une académie scientifique
est fondée au Kurdistan, je présenterais ce manque dans l'alphabet (...).
Ces quatre lettres
dont nous avons parlé sont admises dans l'alphabet de nos confrères kurdes
soviétiques, mais ils ont mis le signe sur les caractères
latins. Quant à moi, je l'ai mis sur les caractères kurdes et je crois que ce
que j'ai fait est plus juste" [157].
Nous allons expliquer ce qui
distingue les lettres dont O. Sebrî parle de celles qui les ressemblent en
kurde.
('k), cette consonne gutturale qui
est distinguée de l'autre gutturale (k) par deux points au-dessus par O. Sebrî
et par une apostrophe par nous à cause d'un problème technique, est une
consonne sonore contrairement à la deuxième qui est sourde. Ce phénomène
linguistique n'est traité par ceux qui s'intéressent à la langue que sur le
plan sémantique. Sur le plan phonétique qui vient en premier lieu, on l'a
jamais abordé de façon approfondie. Jusqu'à présent, les écrits publiés à ce
sujet se limitent au phénomène des mots homographes ayant des significations
différentes. Prenons quelques exemples :
K sourde K sonore
ker (âne) 'kerr
(sourd)
kar (n. m. travail, n. f. profit) 'kar
(le chevreau)
kanî (où est) 'kanî
(source)
Le même problème se produit entre la
prépalatale sonore ('ç) et celle de sourde (ç), entre la dentale sonore ('t) et
celle de sourde (t) et entre la labiale sonore ('p) et celle de sourde (p),
quand il s'agit des mots homographes ayant des significations différentes.
En fait, ce point de vue
linguistique de O. Sebrî est important. En l'ignorant, c'est comme si l'on
ignore la différence entre les consonnes sonores et celles de sourdes dans une
langue telles que : (v et f), (j et Ş), (x et x) et (z et s). Pour mieux
expliciter ce point phonétique, nous prenons l'exemple suivant : {ker} et
{'ker}. Dans cet exemple précis, c'est la prononciation qui définit le sens du
mot et non pas la graphie. Il n'est pas sans intérêt de citer d'autres exemples
:
'K : 'kirin (faire), 'kevir (pierre), 'kund (hibou), 'kezeb (foie),
'keç (fille), 'kon (camp)…
'P : 'penêr (fromage), 'pîr (vieux), 'par (l'an dernier), 'pîvaz
(oignon)…
'Ç : 'çav (œil), 'çêr (langage), 'çixîz (cercle), 'çek (arme), 'çîrok
(histoire)…
'T : 'te (toi), 'ta (branche), 'terr (vert), 'tiŞt (chose), 'tenik
(mince)…
Si les lettres k,
p, ç, et t ne sont pas prononcées comme des consonnes sonores, ces mots ne
veulent rien dire. Le problème est donc phonétique avant d'être sémantique.
Le grammairien kurde ReŞîdê Kurd partage le même point de vue que O. Sebrî dans son
livre Rêzman a ziman ê kurmancî [158]. Mais il n'a pas fait distinction entre les
consonnes sourdes et celles de sonores. Quant au grammairien kurde soviétique, Qanatê Kurdo,
il cite les quatre consonnes sonores sans donner une explication pourquoi ses
compatriotes au Kurdistan ne les ont pas reconnues.
Selon O. Sebrî, ces quatre lettres
(k), (ç), (p) et (t) qui se trouvent en alphabet latin sont des consonnes
sourdes et pour les distinguer de celles de sonores kurdes qui ont les mêmes
caractères, il faut mettre quelque chose au-dessus. Les Kurdes d'URSS ont observé ce phénomène alphabétique essentiel dans
leur langue, mais ils l'ont admis contrairement à l'opinion de O. Sebrî. Autrement
dit, ils ont mis une apostrophe devant les consonnes sourdes et non pas devant
celles de sonores. Pour montrer l'importance de ce phénomène linguistique, nous
avons examiné un texte et nous sommes arrivés que le nombre des consonnes
sonores mentionnées ci--dessus sont beaucoup plus important que celles de
sourdes. C'est pourquoi, pour ne pas alourdir leur alphabet, les Kurdes d'URSS ont préféré,
estimons-nous, de mettre l'apostrophe devant les consonnes sourdes dont la
présence est moins importante par rapport à celles de sonores. Par ailleurs, on
a jamais rencontré dans leurs recherches linguistiques aucune justification
expliquant pourquoi ils ont décidé de distinguer les consonnes sourdes. A ce
sujet, nous avons discuté avec certains compatriotes d'URSS, ils ne nous ont pas fournis aucune
explication.
Depuis la génération de Hawar (excepté les compatriotes
méridionaux), on n'a pas un grammairien ou un linguiste qui peut remettre en
question les problèmes de la langue. La raison pour laquelle les Kurdes n'ont
pas encore adopté ces quatre consonnes sonores depuis la publication de Hawar c'est que leur situation politique demeure toujours
irrésolue ce qui se répercute sur le domaine de la culture et de la langue.
Dans des conditions telles que l'occupation du Kurdistan et l'incapacité des Kurdes réfugiés en Europe de créer techniquement ces caractères introuvables
dans les alphabets des langues européennes, ce n'est pas possible de se pencher
sur ce phénomène. Certaines comme les Editions de Roja Nû en Suède sont même
allées remplacer les deux voyelles i et î par celles qui se trouvent dans l'alphabet turc : È , i. Ainsi, ont-elles édité une partie de ses
publications.
Bien qu'il soit sûr de son point de
vue, O. Sebrî ne se dinstigue pas des autres écrivains. Il dit : "Quoique
je croie que ces quatre lettres existent en dialecte kurmancî, mais je ne les
ai pas utilisées dans mes écrits. Je ne veux pas que je sois parmi les
personnes qui prennent l'initiative des choses toutes seules. Dès que une
institution kurde admet ces quatre lettres, je les utiliserai" [159].
O. Sebrî a publié deux petits ouvrages
alphabétiques : Elifbêya kurdî (L'alphabet kurde) en 1954 et Elifbêya tikûz (L'alphabet authentique) en 1982. Dans le premier,
O. Sebrî ne parle pas de ces quatres consonnes sonores : ('p), ('ç), ('k) et
('t). Toutefois, il évoque un autre phénomène linguistique : l'existence des
deux dentales dures en kurdes (ll) et (rr). Ex. :
ll : çillek (gourmand), millet (nation), qullik (trou)…
rr : pirr (beaucoup), kirrîn (acheter), birrîn (couper), [160].
Dans son deuxième ouvrage, O. Sebrî
ne mentionne pas ces deux dentales dures, mais il reprend son point de vue à
propos des quatre consonnes sonores précédentes [161].
Enfin, reste à parler un mot sur son
article "Çend gotin di warê elifbêya kurdî û tîp û dengên tê de" (quelques mots au sujet de l'alphabet kurde, de ses
lettres et de ses sons) publié par Stig Wikander [162]. Lisant cet article, on s'affronte à quelques idées
contradictoires : le nombre incorrect des lettres de l'alphabet kurde, la date
incorrecte de sa mise au point, l'hypothèse des deux lettres (x) et (Ì)
soi-disant empruntées de l'arabe et du persan, la remise en question des trois
premières consonnes sonores sans la quatrième : ('p), ('ç), ('k), ('t) etc.
Cela nous amène à douter et à penser à la non authenticité de cet article. Pour
nous en rassurer nous avons envoyé l'article à Osman Sebrî en lui demandant si
l'article appartenait vraiment à lui ou non. Voici la réponse parvenue dans sa
lettre datée du 07.05.1990 :
"Cet article cité dans le livre
de Stig Wikander a été altéré par certains malhonnêtes et que des
choses que je n'ai pas dites sont y introduites".
CONCLUSION
Fils villageois d'un agha mirdês au Kurdistan septentrional, Osman Sebrî sera, sur le plan politique, très tôt
victime de la nouvelle carte du Moyen-Orient définie par les Alliés occidentaux suite à la Première Guerre mondiale.
Toutefois, il sera sur le plan littéraire l'un des plus grands écrivains kurdes
du début du XXème siècle.
Quand son père meurt, il n'a que
huit ans. Elevé dans son enfance et sa jeunesse par son oncle, Şukrî, il s'engage politiquement contre le
régime kémaliste. Il affronte rapidement les conséquences
catastrophiques et tragiques de la politique antikurde des Kémalistes.
Emprisonné deux fois et libéré au milieu des années 1920, Osman Sebrî sera
obligé de quitter le pays et se réfugiera en Syrie alors mandatée par les Français qui vont lui faire subir l'emprisonnement et enfin
l'exil en raison de ses activités politiques jusqu'au milieu des années 1930.
A l'occasion de son séjour à Damas, Osman Sebrî fait la connaissance de la famille
Bedir-Xan. Grâce à celle-ci, il s'oriente vers le domaine
littéraire pour pouvoir exprimer ses idées et ses sentiments patriotiques. A
cette époque, Mîr Celadet Bedir-Xan travaillait
pour publier une deuxième revue kurmancî, Hawar (1932-1943), après la revue Kurdistan (1898-1902). Osman Sebrî se met à écrire dans Hawar la poésie et la prose. Plus tard,
il participe activement avec Mîr Celadet Bedir-Xan pour
faire revivre Hawar interrompue
pour une période. Il écrit également dans Ronahî
(1942-1945), supplément illustré de Hawar, dans Roja Nû
(1943-1946) publié à Beyrouth par Mîr Kamuran Bedir-Xan et
dans Gelawêj (1939-1949) publié au Kurdistan méridional par îbrahîm
EÌmed et 'Ela' el-dîn Sicadî. Cette période est considérée l'âge d'or de Osman
Sebrî sur le plan littéraire.
Après la Deuxième Guerre mondiale
dont les causes et les résultats vont ouvrir des horizons nouveaux chez notre
écrivain sur le plan politique. Il s'engage de nouveau dans la politique tout
en fondant avec quelques camarades un premier parti politique kurde au
Kurdistan du Sud-Ouest en 1956. Peu avant et peu après cette période, Osman
Sebrî publie quelques petits ouvrages. Son engagement dans la politique lui
fait subir l'emprisonnement à plusieurs reprises par les autorités syriennes.
Plus tard, pour des raisons internes et externes à la fois le Parti démocratique kurde en
Syrie connaîtra une crise
au sein de lui-même. Il sera scindé en deux : la Droit et la Gauche.
Osman Sebrî prend la direction de la Gauche pendant quelque années. Vers la fin
des années 1960, les manœuvres dans le parti de la part de certains membres
ainsi que la position non prise de son Comité Central face à la mise en œuvre
par les autorités d'un projet racial, nommé la
Ceinture arabe, à Cezîre, région kurde située au nord de la Syrie, font que Osman Sebrî démissionne du parti et
quitte la scène politique. Ces problèmes qu'il a rencontrés ne l'empêchent pas
de continuer à écrire. Au contraire, il publie des poèmes et des récits dans Çiya (1965-1970), revue publiée en Allemagne par ÎemreŞ ReŞo.
Le mouvement national des Kurdes
méridionaux intensifie sa lutte armée contre le régime de Bagdad. Il prend un
grand essor au début des années 1970. Osman Sebrî va y rejoindre. Rentré tôt
dans le conflit avec l'équipe dirigeante à leur tête, Mollah Mustefa Barzanî, il est menacé de mort par son service secret Parastin. Il fuit discrètement du Kurdistan méridional et
rentre au Kurdistan du Sud-Ouest, où il sera emprisonné pour une période.
La période 1970-1980 connaîtra une
silence de la part de Osman Sebrî sur le plan littéraire et politique. A part
les revues du Kurdistan méridional, cette période n'a pas connu assez de revues pour
que puisse y écrire Osman Sebrî . Au milieu des années 1970, le mouvement du
Kurdistan méridional, victime
des intérêts régionaux ainsi que internationaux, va quasiment s'écrouler. Par
allieurs, pour étouffer les courants révolutionnaires jeunes kurdes et turcs,
un junte militaire font un coup d'Etat en Turquie à la fin de 1980. Les
intellectuels kurdes se réfugient en Europe, où ils publieront des revues. Bien
qu'il soit âgé, Osman Sebrî réécrit quelques articles et poèmes dans Gelawêj (Syrie), Berbang (Suède), Roja Nû (Suède) et Hêvî (Paris). Il est âgé de quatre-vingt-cinq ans et vit
actuellement à Damas tout seul avec Kew, sa fille adoptive, loin de ses enfants réfugiés
tous en Europe.
C'est dans des conditions
d'instabilité totale : oppression nationale et culturelle, dix-huit fois
d'emprisonnement et d'exil, et des échecs politiques, que Osman Sebrî a passé
sa vie littéraire. Il ne lui a pas été possible de se consacrer à un thème
précis. Par ailleurs, le vide, comme nous l'avons déjà signalé dans les
chapitres précédents, que la littérature kurde, dialecte kurmancî, a connu dans tous les domaines a fait que les
écrivains kurdes de la Résistance tel
que Osman Sebrî ont essayé de la combler. Pour cette raison, nous estimons que
notre thème doctoral portera sur plusieurs auteurs afin d'éviter la répétition
et l'étroitesse des thèmes que nous serons contraints d'aborder. Nous
envisageons de traiter ce sujet : Poésie kurde de la Résistance : Cegerxwîn, Osman
Sebrî et Qedrîcan. Il s'agit de trois poètes appartenant à la même
génération, mais de convictions idéologiques relativement différentes. Dans son
contact avec les intellectuels de Hawar, Cegerxwîn paraît nationaliste. Plus tard, il devient
communiste. Après avoir quitté le Parti
communiste syrien, il redevient nationaliste. Ce changement
idéologique est refleté clairement dans ses huit recueils de poèmes. Qedrîcan
reste toujours communiste. Le fait qu'il soit communiste ne l'empêche pas de
produire une poésie dans laquelle il décrit ses sentiments pour la patrie. Bien
qu'il n'ait pas beaucoup écrit de poésie, son importance est marquée par un
contenu très riche .
Dans ce travail, nous parlerons en
détail ce qu'est la Résistance, ses
origines, le nombre des poètes y appartenant, le rôle de chacun, l'impact des
uns sur les autres, etc. Nous poursuivrons également l'évolution de poésie de
la Résistance dans chaque période par
rapport à ces événements.
BIBLIOGRAPHIE
1. GENERALITES
BEDIR-KHAN, Emir
Djeladet, Roger Lescot : Grammaire kurde (dialecte kurmandji),
Librairie d'Amérique et de l'Orient, Paris, 1970, 372 p.
FUAD, Kemal : "Çon egeyne seretayekî
bawerpêkraw bo edebî kurdî" (comment déterminer les débuts exacts et
certaines de la littérature kurde), in Nûserî
Kurd, Bagdad, n° 12, décembre 1975, pp. 18-24.
Les Kurdes et le Kurdistan (ouvrage collectif), éd. MASPERO, Paris, 1981, 369
p.
HAKIM, Halkawt :
"Mem û Zîn, un résumé de Mahmud Bayazidi traduit par Alexandre Jaba", in Dabireh, Paris, n° 5, Printemps 1989, pp. 171-192.
PAUL-MARGUERITTE,
Lucie; A. BEDIR-XAN, Kamuran : Proverbes
kurdes, Paris, 1937, 34 p.
REWŞEN, kovara Yekîtiya RewŞenbîrên Welatparêzên Kurdistanê (Lumineux, revue
de l'Union des Intellectuels Patriotiques du Kurdistan), Allemagne, n° 3, 1989.
ŞÊRKO, Bêkes :
"Un entretien avec le poète kurde, Şêrko Bêkes" fait par 'Abid Kerim,
in al-Safîr, Liban, 01.09.1987.
2. SOURCES CONCERNANT OSMAN SEBRî
AHMED, Kamal
Mazhar, mêjû, kurtebasêkî mêjû û Kurd û
mêjû (brève étude sur la science historique, sur les Kurdes et sur leur
histoire), éd. de Dar al-Âfaq al-'Arabiya, Bagdad, 1983, 383 p. (pp. 133-187).
ARMANC, Suède, n° 92, mai 1989.
BLAU, Joyce : mémoire du Kurdistan, éd. de Findakly,
Paris, 1984, 224 p.
BOIS, Thomas :
a- connaissance des Kurdes,
éd. de al-Khayat, Beyrouth,1965,164 p.
b- "Coup d'œil sur la littérature kurde", in Al-Machriq, Beyrouth, mars-avril1955,
pp. 201-239.
c- "Les Yézidis, essai historique et sociologique sur leur origine
religieuse", extrait de la Revue
Al-Machriq, janvier-février et
mars-avril 1961, Imprimerie Catholique, Beyrouth, pp. 109-244.
d- Les Kurdes, histoire,
sociologie, littérature, folklore, Imprimerie Catholique, Beyrouth, 1958,
82 p.
e- "La vie sociale des Kurdes", Extrait de la Revue Al-Machriq, juillet-octobre 1962,
Imprimerie Catholique, Beyrouth, pp. 509-661.
f- "L'Âme des Kurdes à la lumière de leur folklore", in Les Cahiers de l'Est, n° 5 et 6,
Beyrouth, 1946, 57 p.
CEGERXWîN :
a- "PEYAMEKE CEGERXWîN, ji Osman Sebrî re" (une lettre de
Cegerxwîn dédiée à Osman Sebrî), Hawar,
Damas, n° 21, 5 juin 1933, p. 2.
b- "JI OSMAN SEBRî RE" (dédié à Osman Sebrî), Dîwana Yekem (Premier recueil),
Imprimerie Bahoz, 1ère éd., Suède,1971, p. 94.
c- Tarîxa Kurdistan -1 , éd.
Roja Nû, Stockholm, 1985, 216 p.
CELîL, Ordîxan :
"Osman Sebrî", Gelawêj,
Syrie, n° 15, mars 1986, pp. 4-6.
CELîL, Casim : lîteratûra (la littérature) , manuel
pour V-VI classe, éd. de Lûys, Erevan, 1970, p 60.
Çiya {(1-8), (1965-1970)} (la Montagne), revue culturelle kurde, éditeur et
responsable : ÎemreŞ ReŞo, Allemagne, 1974, 159 p.
GELAWÊJ, "Namak ji Apo re" (une lettre pour Apo), Syrie, n°15, mars
1986, p. 8.
GORANî, Elî Seydo :
Ferhenga kurdî nûjen, kurdî - erebî,
éd. Cherkat al-Charq al-Awsat lîl tîbâ'â, Amman, 1985, 670 p.
Hawar (1-9), réédité par MiÌemed Bekir, éd. de Hawar, Stockholm, 1987, 127
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culturelle), Arbil, n° 37, octobre 1985, pp. 81-82.
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la littérature kurde), Suède, 74 (20), 27.06.1989, pp. .
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MORE, Christiane : Les Kurdes Aujourd'hui, éd. l'Harmattan,
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territoire et peuple sans Etat), éd. de Kurdologia, Londres, 1985, 99 p.
NOURî PASHA,
Général Ihsan : la révolte de l'Agiridagh
(Ararat), éd. de Kurdes Genève, Suisse, 1985, 195 p.
QEDRîCAN :
"HAWAR HEBE GAZî LI DÛ YE, ji bona birayê min Osman Sebrî", Hawar, n° 1, 15 mai 1932, pp. 6-7.
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(1942-1945)}, Damas, réédité par les Editions de Jîna Nû, Suède, 1985, 583 p.
VANLY, Ismet Chérif
: Kurdistan und Kurden, Band 3, éd.
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WIKANDER, Stig :
a- recueil des textes kourmandji,
éd. Wiesbaden otto Harrassowitz, Uppsala, 1959. 108 P.
b- "Un témoignage kurde sur les Yézidis du Sindjar", in Orientalia Suecana, II,1953, pp.
112-118.
ZAZA, Nouredine : Ma vie de kurde ou le cri du peuple kurde,
éd. de Pierre Marcel Favre, Suisse, 1982, 223 p.
3-BIBLIOGRAPHIE
(PAR THEMES ET par ORDRE
ALPHABETIQUE)
3. I. ANTHOLOGIE :
Apo (ouvrage comprenant la plupart des poèmes de Apo), publié par ÎemreŞ ReŞo,
Allemagne, 1979, 160 p.
BLAU, Joyce : mémoire du Kurdistan, éd. de Findakly, Paris, 1984, 224 p.
KURDO, Qanat : Tarîxa Edebyeta Kurdî-1, éd. de Roja Nû,
Stockholm, 1983, 192 p.
WIKANDER, Stig : recueil des textes kourmandji, Wiesbaden
otto Harrassowitz, Uppsala, 1959. 108 P.
3. 2. OUVRAGES PUBLIES PAR OSMAN SEBRî :
BAHOZ û çend nivîsarên dinê (la tempête,
et quelques autres écrits), Damas (?), 1956, 67 p.
ÇAR LEHENG (quatre héros), Damas, 1984, 40 p.
DERDÊN ME (nos problèmes), Damas (?), 1957, 32 p.
ELIFBÊYA KURDî (l'alphabet kurde), Damas (?), 2ème éd. publié par
PDK-Syrie, 1954, 54 p.
ELIFBÊYA TIKÛZ (l'alphabet authentique), Damas, 1982, 44 p.
3. 3. POEMES EPARS :
"AGIRî"
(Ararat), Berbang, (l'Aube), Suède,
n° 1982, p. 22.
"BERDÊLK,
ji Qedrîcanê canbira ra" (l'échange dédié à mon frère fidèle, Qedrîcan), Hawar (l'Appel), Damas, n° 2, 1 juin
1932, p. 10.
"BERDILIYA
MIÎOKÊ" (la bien-aimée de MiÌokê), Ronahî
(la Lumière), Damas, n° 19,1 octobre, 1943, p. 5.
"BERSIVA HOŞENG"
(la réponse de HoŞeng), Berbang,
Suède, n° 16, 1983, pp. 9-11.
"BIJî WELATÊ MIN"
(vive ma patrie), Roja Nû (le Jour
nouvel), Stockholm, n° 45, 2/1983, p. 10.
"CEJINPîROZIYA
WELATO, ji bîrên rojên kevin" ( joyeuse fête de nouvel An à l'attention de
Welato, en souvenir des anciens jours ), Hawar,
Damas, n° 54, 15 mai
1943, p. 2.
"DAYLAN, ji
bîrên rojên kevin" (Daylan, en souvenir des anciens jours), Hawar, n° 55, 15 juin 1943, p. 4.
"DIÇIM
ÎEC" (je fais un pèlerinage), Hêviya
Welêt, dengê Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa, (l'Espoir de la Patrie,
organe de l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 2, mai 1964, pp.
23-25.
"DîK Û ROVî"
(le coq et le renard), Hawar, Damas,
n° 31, 1 août 1941, p, 5.
"DONGIYA
ÇEQEL" (la mort du chacal), Hawar,
Damas, n° 27, 15 avril 1941, pp. 5-6.
"EM KURD"
(nous, les Kurdes), Berbang, Suède, n°
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"EVîN, ji
bîrên rojên kevin" (l'amour, en souvenir des anciens jours), Hawar, Damas, n° 53, 15 mars 1943, p.
2.
"EVîNA
ÇIYAN" (l'amour pour les montagnes),
Çiya (la Montagne), Allemagne, n° 2, mars 1966, p. 4.
"GîSIN"
(le soc), Hêviya Welêt, dengê Komeley
Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie, organe de l'Organisation
des Etudiants kurdes en Europe), n° 2, mai 1964, pp. 14-15.
"GULAN NAXWAZIM" ( je ne demande pas
de fleurs), Gelawêj (Sirius), Syrie,
n° 15, 1986, p. 15.
"GURÊ PîR"
(le vieux loup), Ronahî, Damas, n°
12, 1 mars 1943, p. 15.
"HÊVIYA
KALEMÊR" (l'espoir du vieux), Çiya,
Allemagne, n° 6, décembre 1968, p. 7.
"HÊVIYA
NÛ" (le nouvel espoir), Roja Nû,
Beyrouth, n° 15, août 1943, p. 1.
"HIŞIYARî"
(l'éveil), Çiya, Allemagne, n° 5,
février 1968, p. 8.
"HO,
XORT" (Oh, jeune homme), Hêviya
Welêt, dengê Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie,
organe de l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 3, mars 1965, p.
23.
"JAN" (la
souffrance), Hêviya Welêt, dengê
Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie, organe de
l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 2, mai 1964, p. 12.
"JI DÛR VE / Şihra
mensûr/, ji nûrê min ê delal, Mihemed Beg, re" (De loin, /vers libres/,
dédié à mon cher MiÌemed Beg, lumière de mes yeux), Hawar, Damas, n° 21, 5 juin 1933, p. 4.
"KEÇA ŞI'RÊ,
ji bîrên rojên kevin" (La jeune fille à travers la poésie, en souvenir des
anciens jours), Hawar, Damas, n° 65,
15 juillet 1943, p. 5.
"KER Û AZADî"
(l'âne et la liberté), Hêviya Welêt,
dengê Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie, organe de
l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 2, mai 1964, pp. 17-18.
"KÛÇKÊ
BEKIRAN" (le chien de Bekiran), Çiya,
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"LAVELAV"
(supplique), Hawar, Damas, n° 20, 8
mai 1933, pp. 3-5.
"LAWÊ
GEL" (le fils du peuple), Çiya
(1-8, 1965-1970), revue culturelle kurde, éditeur et responsable : ÎemreŞ ReŞo,
Allemagne, 1974, pp. X-XIII.
"MARŞA
CANBÊZARAN, ji Seydayê Cegerxwîn re" (la marche des militants, dédié à
Monsieur Cegerxwîn), Hawar, Damas, n°
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"MARŞA
FELATÊ" (la marche de la liberté),
Hawar, Damas, n° 50, 15 octobre 1942, p. 7.
"MARŞA
XORTAN" (la marche de la jeunesse), Hawar,
Damas, n° 27, 15 avril 1941. P. 7.
"MENEWŞ",
Gelawêj, Syrie, n° 15, mars 1986, p.
15.
"NEVIYÊ KALÊ
SIYAMEND" (le descendant âgé de Siyamend), Hêvî (l'Espoir), n° 5, mai 1986, Paris. 68. /il à noter que Osman
Sebrî a employé le surnom de "Kalo" sous ce poème/.
"NEWRUZ"
(le nouvel An), Çiya, Allemagne, n°
7, août 1969, p. 16.
"ROVIYÊ
KERR" (le renard sourd), Hawar,
Damas, n° 52, 20 janvier 1943, pp. 10-11.
"ROVIYÊ JîR"
(le renard intelligent), Hawar,
Damas, n° 29, 10 juin 1941, p. 8.
"SERBILINDî"
(la dignité), Roja Nû, Stockholm, n°
45, 2/1983, p. 10.
"SERSALA MIN,
ji Qedrîcan re, ji bîrên rojên kevin" (mon anniversaire, dédié à Qedrîcan,
en souvenir des anciens jours), Hawar,
Damas, n° 54, 15 mai 1943, p. 3.
"SERWER, bo
Barzanî" (dédié à Barzanî, le dirigent), Mamostayê Kurd (l'Enseignant kurde), Stockholm, n° 3, 1986, p. 8.
"SIYAMEND"
(Siyamend), Gelawêj, Syrie, n° 11,
novembre 1984, p. 19. / il est à noter que Osman Sebrî a employé le surnom de
"Kalo" sous ce poème/.
"ŞÊRÊ
MIN" (mon lion), Gelawêj, Syrie,
n° 11, novembre 1984, p. 18.
"Şihirên
zarokan : DIBISTAN, BIHAR, TEVDîRA MIŞKAN" (poèmes pour les enfants :
l'école, le printemps, la décision des souris), Hawar, Damas, n° 49, 15 septembre 1942, p. 7.
"ŞOREŞA
KURD" (la révolution des Kurdes),
Çiya, Allemagne, n° 8, décembre 1970, p. 20.
"ŞÛRÊ
ELO" (l'épée d' Alo), Çiya,
Allemagne, n ° 5, août 1968, pp. 7-8.
"WEFDA KURDî"
(la délégation kurde), Hêviya Welêt,
dengê Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie, organe de
l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 3, mars 1965, pp. 12-15.
"WELATÊ TIRî-VIRYAN"
(le pays de Tirî-Viryan), Hawar,
Damas, n° 28, 15 mai 1941, p. 6.
"XORTÊ
HÊJA" (le jeune homme compétent), Çiya,
Allemagne, n° 3, septembre 1966, pp. 10-11.
"XWEŞXWANA
ÇIYAYîKî, ji Nûredîn Ûsif ra" (le chant d'une montagne, dédié à Nûredîn
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1943, p. 4.
"ZIMAN"
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1984, p. 61.
"ZOZAN, ji Ş'irên
zarokan" (la montagne, poèmes pour les enfants), Ronahî, Damas, n° 20, 1 novembre 1943, p. 3.
3. 4. Œuvres Narratives
3. 4. 1. Nouvelles :
"LI
GORISTANEKA AMEDÊ" (dans un cimetière de Diyarbakir), Hawar, Damas, n° 21, 5 juin 1933, pp. 2- 6.
"ŞîNA JINEKÊ
LI SER GORA BIRHO, ji bîrên rojên kevin /09.06.1933, Aka (Palestine)/" (La
lamentation d'une femme sur la tombe de Birho, en souvenir des anciens jours), Ronahî, Damas, n° 21, 1 décembre 1943,
pp. 5-8.
3. 4. 2. Récits :
"BERAZ Û
BERAZî" (le porc et les Berazî), Ronahî,
Damas, n° 16, 1 juillet 1943, p. 11.
"ENKER Û NEKîR"
(Enker et Nekîr), in recueil de textes
kourmandji publié par Stig Wikander, Wiesbaden Otto Harrassowitz, Uppsala,
1959, pp. 17-19.
"LEHENG
-1" (héros -1), Çiya, Allemagne,
n° 3, septembre 1966, pp. 3-4.
"LEHENG
-2" ('héros -2), Çiya, Allemagne,
n° 6, décembre 1968, pp. 6-8.
"LEHENG
-3" (héros -3), Çiya, Allemagne,
n° 7, août 1969, pp. 6-8.
"LEHENG
-4" (héros -4), Çiya, Allemagne,
n° 8, décembre 1970, pp. 4-5.
"MIJO Û
XANÊ" (Mijo et Xanê), Ronahî,
Damas, n° 17, 1 août 1943, p. 5.
"MIST-AWIK"
(Mist-Awik), Ronahî, Damas, n° 12, 1
mars 1943, p. 21.
"NÊÇîRA
HIRÇAN" (la chasse des ours), Hawar,
Damas, n° 48, 15 août 1942, p. 4-6.
"PIRA GENDERÊ
Û ÎEMªŞKÊ KULIK" (le pont de Gender et ÎemûŞkê Kulik), Hawar, Damas, n°
52, 20 janvier 1943, p. 8.
"SEYÊ KU GUR
TANî FÊZA PÊZ" (le chien qui attirait des loups dans la bergerie), Ronahî, Damas, n° 15, 1 juin 1843, pp.
5-7.
"ŞÊREK BI
DAREKî" (un lion vaincu avec un bâton), Ronahî, Damas, n° 14, 1 mai 1943, pp. 8-9.
"ŞÊXÊ BARZAN
ÇAWA FIRANDIN ?" (comment on a fait voler le Cheikh de Barzan ?), Ronahî, Damas, n° 17, 1 août 1943, pp.
22-24.
"ŞEYTANQÛNî
-1" (Şeytanqûnî -1), Hawar,
Damas, n° 55, 15 juin 1943, pp. 7-8.
"ŞEYTANQÛNî
-2" (Şeytanqûnî - 2), Hawar,
Damas, n° 56, juillet 1943, pp. 3-4.
"TERŞÊ ŞEVÊ
-1" (le fantôme de la nuit -1), Ronahî,
Damas, n° 14, 1 mai 1943, pp. 6-7.
"WARÊ MIN NE î
KOR E" (Ma race n'est pas éteinte), Hawar,
Damas, n° 51, 15 novembre 1942, p. 5.
3. 4. 3. Contes :
"PIRÇEMEK Û
SILÊMAN" (la chauve-souris et le Roi Salomon), recueil des textes kourmandji publié par Stig Wikander,Wiesbaden
Otto Harrassowitz, Uppsala, 1959, p. 7.
"TERLAN, ji
qisetên îbretamîz" (le roi des oiseaux, histoires servant d'exemples), Ronahî, Damas, n° 20, 1 novembre 1943,
pp. 12-13.
3. 5. écrits
critiques
"BOBELATÊN ME
YÊN CIVAKî" (nos problèmes sociaux),
Roja Nû, Beyrouth, n° 9, 28 juin 1943, p. 1.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON - pêŞgotin" (l'histoire de la vie de Napoléon - préface), Ronahî, Damas, n° 16, 1 juillet 1943,
pp. 12-13.
"DîROKA JîNA NAPOLYON
-1" (l'histoire de la vie de Napoléon -1), Ronahî, Damas, n° 17, 1 août 1943, pp. 26-28.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -2" (l'histoire de la vie de Napoléon -2), Ronahî, Damas, n° 18, 1 septembre 1943, pp. 16-18.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -3" (l'histoire de la vie de Napoléon -3), Ronahî, Damas, n° 19, 1 octobre 1943, pp. 9-10.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -4" (l'histoire de la vie de Napoléon -4), Ronahî, Damas, n° 20, 21 novembre 1943, pp. 9-11.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -5" (l'histoire de la vie de Napoléon -5), Ronahî, Damas, n° 21, 1 janvier 1944, pp. 3-4.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -6" (l'histoire de la vie de Napoléon -6), Ronahî, Damas, n° 22, février-mars 1944, pp. 5-7.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -7" (l'histoire de la vie de Napoléon -7), Ronahî, Damas, n° 23, avril 1944, pp. 18-21.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -8" (l'histoire de la vie de Napoléon -8), Ronahî, Damas, n° 24, mai 1944, p. 6-8.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -9" (l'histoire de la vie de Napoléon -9), Ronahî, Damas, n° 25, mai 1944, pp. 10-12.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -10" (l'histoire de la vie de Napoléon -10), Ronahî, Damas, n° 26, juin-juillet 1944, pp. 14-15.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -11" (l'histoire de la vie de Napoléon -11), Ronahî, Damas, n° 27, août-septembre 1945, pp. 17-19.
"DîROKA JîNA
SELAîEDîN -1" (l'histoire de la vie de Saladin -1), Ronahî, Damas, n° 23, février-mars 1944, pp. 12-14.
"DîROKA JîNA
SELAîEDîN -2" (l'histoire de la vie de Saladin -2), Ronahî, Damas, n° 24, avril 1944, pp. 17-18.
"DîROKA JîNA
SELAîEDîN -3" (l'histoire de la vie de Saladin -3), Ronahî, Damas, n° 25, mai 1944, pp. 21-22.
"DîROKA JîNA
SELAîEDîN -4" (l'histoire de la vie de Saladin -4), Ronahî, Damas, n° 26, juin-juillet, 1944, 10-11.
"DîROKA JîNA
SELAîEDîN -5" (l'histoire de la vie de Saladin -5), Ronahî, Damas, n° 28, mars 1945, pp. 9-10.
"PIRJINî Û
BELAYÊN WÊ" (la polygamie et ses problèmes) Roja Nû, Beyrouth, n° 17, 1 août 1943, p. 1.
"SELAÎEDîN Û
EHLî XAÇ -1" (Saladin et les Croisés -1), Gelawêj, Bagdad, n° 6, juin 1949, pp. 1-8, 57-61.
"SELAÎEDîN Û
EHLî XAÇ -2" (Saladin et les Croisés -2), Gelawêj, Bagdad, n° 8, août 1949, pp. 1-5.
"ŞAŞIYÊN ME
KURDAN" (Nos fautes à nous, les Kurdes), Berbang, Suède, n° 14, 1983, pp. 3-4.
"TARîXA KURD Û
KURDISTANÊ -1" (l'histoire des Kurdes et du Kurdistan -1), Hawar, Damas, n° 28, 15 mai 1941, pp.
5-6.
"TARîXA KURD Û
KURDISTANÊ -2" (l'histoire des Kurdes et du Kurdistan -2), Hawar, Damas, n° 29, 10 juin 1941, pp.
6-7.
"TARîXA KURD Û
KURDISTANÊ -3" (l'histoire des Kurdes et du Kurdistan -3), Hawar, Damas, n° 30, 1 juillet 1941,
9-11.
3. 6. écrits
politico-philosophiques :
"FEDAKARî"
(le sacrifice), Hêviya Welêt, dengê
Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie, organe de
l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 1, 1963, p. 16.
"GELO DEM JI
ZÊR E ?" (le temps vaut-il autant que l'or?), Hawar, Damas, n° 52, 20 janvier 1943, p. 6.
"GOTINÊN ŞOPEWER"
(les mots marquants), Hawar, Damas,
n° 48, 15 août 1942, p. 7.
"KÜRT
KOMÜNISTLERININ BIRLIG HAKKINDA" (à propos de la réunification des
communistes kurdes), Yekîtî, ji bo
serxwebûn û azadî (l'Union pour l'indépendance et la libération), Europe, n° 1,
1983, p. 41.
"MAFIR MIROV
TENÊ CAREKÊ DIMRE, ..." (puisque l'homme meurt une seule fois, ..), Hêviya Welêt, dengê Komeley
Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie, organe de l'Organisation
des Etudiants kurdes en Europe), n° 1, 1963, pp. 12-13.
"MEZIN Û
MEZINATî, AN SERGEVAZ Û SERGEVAZî, ez vê bendê ji xanima gelparêz RewŞen
Bedir-Xan re berpê dikim" (le grand et la grandeur, ou bien le noble et la
noblesse, je dédie cet article à la dame fidèle au patriotisme, RewŞen
Bedir-Xan), Hawar, Damas, n° 51, 15
novembre 1942, pp. 9-10.
"SERBILINDî"
(la dignité), Berbang, Suède, n° 12,
juin 1983, p. 7.
"SINÇî Û OL.
GIRÊDANA WAN BI HEV RE" (les mœurs, la religion et le rapport entre les
deux), Roja Nû, Beyrouth, n° 2, 10
mai 1943, p. 1.
"ZIMAN Û JîNA
MILETAN" (la langue dans la vie des peuples), Hêviya Welêt, dengê Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir
de la Patrie, organe de l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 1,
1963, pp. 19-21.
3. 7. études
ethnologiques :
"ÇIYAYÊ
SASONÊ" (la montagne de Sason), Hawar,
Damas, n° 27, 15 avril 1941, p. 8.
"ÊZDî Û OLA
WAN-1, ji Mîrza Tawûsparêz re" (les Yézidis et leur religion-1, dédié à
Monsieur Tawûsparêz, le surnom de Roger Lescot ), Ronahî, Damas, n° 19, 1 octobre 1943, pp. 13-19.
"ÊZDî Û OLA
WAN-2, ji Mîrza Tawûsparêz re" (les Yézidis et leur religion-2, dédié à
Monsieur Tawûsparêz, le surnom de Roger Lescot), Ronahî, Damas, n° 20, 1 novembre 1943, p. 16.
"ÊZDî Û OLA WAN-3, ji Mîrza Tawûsparêz
re" (les Yézidis et leur religion-3, dédié à Monsieur Tawûsparêz, le
surnom de Roger Lescot), Ronahî, Damas,
n° 21, 1 décembre 1943, p. 15.
"MIRDÊSAN Û
GAWESTIYÊN WAN" (les Mirdês et leurs Bœufs-fatigués, group dissident de
Mirdês), Hawar, Damas, n° 52, 20
janvier 1943, pp. 6, 11-12.
3. 8. éCRITS
LINGUISTIQUES :
"ÇEND
GAZIND" (quelques plaintes), Ronahî,
Damas, n° 20 novembre 1943, pp. 5-6.
"ÇEND GOTIN DI
WARÊ ELIFBÊYA KURDî Û TîP Û DENGÊN TÊDE" (quelques mots au sujet de
l'alphabet kurde, de ses lettres et de ses sons), recueil des textes kourmandji
publié par Stig Wikander, Wiesbaden Otto Harrassowitz, Uppsala, 1959, pp.
103-104.
"ÇEND REXNE JI
KALEMÊREKî KURD" (quelques critiques de la part d'un homme âgé), Hêvî, Paris, n° 2, mai 1984, pp. 8-9.
"DI WARÊ
PARASTINA ZIMÊN DE" (à propos de la sauvegarde la langue), Berbang, Suède, n° 5, 1982, p. 9.
"GAZIND Û GILî"
(les plaintes et les protestations), Hawar,
Damas, n° 14, 31 décembre 1932, p. 4.
"ELIFBÊYA KURDî"
(l'alphabet kurde), Hêvî, Paris, n°
1, septembre 1983, pp. 19-20.
"Name ji Hêviyê re" (Une lettre pour Hêvî), Hêvî, Paris, n° 2, 1984, pp. 8-9.
"PIRSIYARA
GELAWÊJÊ" (la requête de Gelawêj), Gelawêj, Irak, n° 1, 1945, pp. 58-60.
"SEHîTî"
(l'orthographe), Hawar, Damas, n° 22,
1 juillet 1933, pp. 1-2.
"ZIMAN"
(la langue), Berbang, Suède, n° 3,
1982, pp. 5-6.
"ZIMAN Û NIVîSANDINA
Wî" (la langue et son écriture), Ronahî,
Damas, n° 24, avril 9144, pp. 22-23.
3. 9. Divers dont la chasse :
"AGIRî"
(Ararat), Hawar, Damas, n° 36, 1
décembre 1941, pp. 8-9.
CEGERXWîN, Sewra Azadî (la Révolution de la
liberté), éd. de PALE (Organisation des révolutionnaires et des patriotes du
Kurdistan), 1954, 211 p. / préface écrite par Osman Sebrî, pp. I-IV/.
ÇIYA (1-8, 1965-1970), la revue culturelle kurde, éditeur et responsable :
ÎemreŞ ReŞo, Allemagne, 1974, 159 p. / préface écrite par Osman Sebrî, pp.
IX-XI/.
"HEVALÊ ÇAK" (le bon camarade), Ronahî, Damas, n° 18, 1 septembre 1943,
p. 8.
"LI PÊŞBERÊ
YARÊ" (devant la bien-aimée), Hawar,
Damas, n° 49, 15 septembre 1942, p. 4.
"LI WELATÊ ÇîNÊ
MEÎKEMÊN WÊ ÇAWA EDALETÊ BELAV DIKIN"/ traduit en kurde par Osman Sebrî/
(comment la justice est appliquée en Chine), Ronahî, Damas, n° 12, 1 mars 1943, p. 19.
"NÊÇîR - 1, ji
axayê min ê delal, Şêxê nêçîrvanan Lezgîn Axa ra" (la chasse -1, dédié à
mon cher agha, Lezgîn Axa, chef des chasseurs), Ronahî, Damas, n° 17, 1 août 1943, pp. 13-19.
"NÊÇîR - 2, ji
axayê min ê delal, Şêxê nêçîrvanan, Lezgîn Axa ra" (la chasse-2, dédié à
mon cher agha, Lezgîn Axa, chef des chasseurs), Ronahî, Damas, n° 18, 1 septembre 1943, pp. 11-14.
"PîROZî"
(félicitations), Çiya, Allemagne, n°
2, mars 1966, pp. 11-12.
3. 10. Les entretiens avec Osman Sebrî
"HEVPEYVîNEK
BI OSMAN SEBRî RE, Amed û Zîn" (un entretien avec Osman Sebrî fait par
Amed et Zîn), Hêvî, Parîs, n° 6, mai
1987, pp. 40-45.
"HEVPEYVîNEK
BI OSMAN SEBRî RE" (un entretien avec Monsieur Osman Sebrî), Firat Cewerî,
Hêvî, n° 7, 1989, PP. ? (l'entretien
reste toujours non publié).
"NEH KASÊT (60
d.) DENGKIRIN BI APO RE DI SALÊN 1985-1988 DE, Amed û Zîn" (Neuf cassettes
(60 m.) d'entretien avec Apo enregistrées par Amed et Zîn entre les années
1985-1988).
"MAMOSTA OSMAN
SEBRî JI BO PÊŞENGÊ DIPEYIVE" (Monsieur Osman Sebrî parle à PêŞeng ), PêŞeng, Syrie (?), n° 5, mai 1984, pp. 42-43.
"REPORTAJEK BI
OSMAN SEBRî" (un reportage avec Osman Sebrî), Berxwedan, n° 71, Allemagne, 31 janvier 1989, PP. 16-18.
"REPORTAJEK BI
OSMAN SEBRî RE" (une reportage avec Osman Sebrî), Berxwedan, n° 95, Allemagne, 15 février 1990, 10-11, 16.
4. BIBLIOGRAPHIE
(PAR THEMES ET PAR ORDRE CHRONOLOGIQUE)
4. 1. OUVRAGES PUBLIES PAR OSMAN SEBRî :
ELIFBÊYA KURDî (l'alphabet kurde), Damas (?), 2ème éd. publié par
PDK-Syrie, 1954, 54 p.
BAHOZ û çend nivîsarên dinê (la tempête, et quelques autres
écrits), Damas (?),
1956, 67 p.
DERDÊN ME (nos problèmes), Damas (?), 1957, 32 p.
Apo (ouvrage comprenant la plupart des poèmes de Apo), publié par ÎemreŞ ReŞo,
Allemagne, 1979, 160 p.
ELIFBÊYA TIKÛZ (l'alphabet authentique), Damas, 1982, 44 p.
ÇAR LEHENG (quatre héros), Damas, 1984, 40 p.
4. 2. POEMES EPARS :
"BERDÊLK, ji
Qedrîcanê canbira ra" (l'échange, dédié à mon frère fidèle, Qedrîcan), Hawar (l'Appel), Damas, n° 2, 1 juin
1932, p. 10.
"LAVELAV"
(supplique), Hawar, Damas, n° 20, 8
mai 1933, pp. 3-5.
"JI DÛR VE / Şihra
mensûr/, ji nûrê min ê delal, MiÌemed Beg, re" (De loin, /vers libres/,
dédié à mon cher MiÌemed Beg, lumière de mes yeux), Hawar, Damas, n° 21, 5 juin 1933, p. 4.
"DONGIYA
ÇEQEL" (la mort du chacal), Hawar,
Damas, n° 27, 15 avril 1941, pp. 5-6.
"MARŞA
XORTAN" (la marche de la jeunesse), Hawar,
Damas, n° 27, 15 avril 1941. P. 7.
"WELATÊ TIRî-VIRYAN"
(le pays de Tirî-Viryan), Hawar,
Damas, n° 28, 15 mai 1941, p. 6.
"ROVIYÊ JîR"
(le renard intelligent), Hawar,
Damas, n° 29, 10 juin 1941, p. 8.
"DîK Û ROVî"
(le coq et le renard), Hawar, Damas,
n° 31, 1 août 1941, p, 5.
"MARŞA
CANBÊZARAN, ji Seydayê Cegerxwîn re" (la marche des militants, dédié à
Monsieur Cegerxwîn), Hawar, Damas, n°
49, 15 septembre 1942, p. 4.
"Şihirên
zarokan : DIBISTAN, BIHAR, TEVDîRA MIŞKAN" (poèmes pour les enfants :
l'école, le printemps, la décision des souris), Hawar, Damas, n° 49, 15 septembre 1942, p. 7.
"MARŞA
FELATÊ" (la marche de la liberté), Hawar,
Damas, n° 50, 15 octobre 1942, p. 7.
"ROVIYÊ
KERR" (le renard sourd), Hawar,
Damas, n° 52, 20 janvier 1943, pp. 10-11.
"EVîN, ji
bîrên rojên kevin" (l'amour, en souvenir des anciens jours), Hawar, Damas, n° 53, 15 mars 1943, p. 2.
"GURÊ PîR"
(le vieux loup), Ronahî, Damas, n°
12, 1 mars 1943, p. 15.
"XWEŞXWANA
ÇIYAYîKî, ji Nûredîn Ûsif ra" (le chant d'une montagne, dédié à Nûredîn
Ûsif), Ronahî, Damas, n° 14, 1 mai
1943, p. 4.
"CEJINPîROZIYA
WELATO, ji bîrên rojên kevin" ( joyeuse fête de nouvel An à l'attention de
Welato, en souvenir des anciens jours ), Hawar,
Damas, n° 54, 15 mai 1943, p. 2.
"SERSALA MIN,
ji Qedrîcan re, ji bîrên rojên kevin" (mon anniversaire, dédié à Qedrîcan,
en souvenir des anciens jours), Hawar,
Damas, n° 54, 15 mai 1943, p. 3.
"DAYLAN, ji
bîrên rojên kevin " (Daylan, en souvenir des anciens jours), Hawar, n° 55, 15 juin 1943, p. 4.
"KEÇA ŞI'RÊ,
ji bîrên rojên kevin" (la jeune fille à travers la poésie, en souvenir des
anciens jours), Hawar, Damas, n° 65,
15 juillet 1943, p. 5.
"HÊVIYA
NÛ" (le nouvel espoir), Roja Nû,
Beyrouth, n° 15, août 1943, p. 1.
"BERDILIYA
MIÎOKÊ" (la bien-aimée de MiÌokê), Ronahî
(la Lumière), Damas, n° 19,1 octobre, 1943, p. 5.
"ZOZAN, ji Ş'irên
zarokan" (la montagne, poèmes pour les enfants), Ronahî, Damas, n° 20, 1 novembre 1943, p. 3.
"JAN" (la
souffrance), Hêviya Welêt, dengê
Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie, organe de
l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 2, mai 1964, p. 12.
"KER Û AZADî"
(l'âne et la liberté), Hêviya Welêt,
dengê Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie, organe de
l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 2, mai 1964, pp. 17-18.
"GîSIN"
(le soc), Hêviya Welêt, dengê Komeley
Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie, organe de l'Organisation
des Etudiants kurdes en Europe), n° 2, mai 1964, pp. 14-15.
"DIÇIM
ÎEC" (je fait un pèlerinage), Hêviya Welêt, dengê Komeley Xwêndikaranî
Kurd le Ewropa, (l'Espoir de la Patrie, organe de l'Organisation des Etudiants
kurdes en Europe), n° 2, mai 1964, pp. 23-25.
"WEFDA KURDî"
(la délégation kurde), Hêviya Welêt,
dengê Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie, organe de
l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 3, mars 1965, pp. 12-15.
"HO,
XORT" (Oh, jeune homme), Hêviya
Welêt, dengê Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie,
organe de l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 3, mars 1965, p.
23.
"EVîNA
ÇIYAN" (l'amour pour les montagnes), Çiya
(la Montagne), Allemagne, n° 2, mars 1966, p. 4.
"XORTÊ
HÊJA" (le jeune homme compétent),
Çiya, Allemagne, n° 3, septembre 1966, pp. 10-11.
"HIŞIYARî"
(l'éveil), Çiya, Allemagne, n° 5,
février 1968, p. 8.
"ŞÛRÊ
ELO" (l'épée d' Alo), Çiya,
Allemagne, n ° 5, août 1968, pp. 7-8.
"HÊVIYA
KALEMÊR" (l'espoir du vieux), Çiya,
Allemagne, n° 6, décembre 1968, p. 7.
"NEWRUZ"
(le nouvel An), Çiya, Allemagne, n°
7, août 1969, p. 16.
"KÛÇKÊ
BEKIRAN" (le chien de Bekiran), Çiya,
Allemagne, n° 8, décembre 1970, p. 13.
"ŞOREŞA
KURD" (la révolution des Kurdes),
Çiya, Allemagne, n° 8, décembre 1970, p. 20.
"LAWÊ
GEL" (le fils du peuple), Çiya (1-8,
1965-1970), revue culturelle kurde, éditeur et responsable : ÎemreŞ ReŞo,
Allemagne, 1974, pp. X-XIII.
"EM KURD"
(nous, les Kurdes), Berbang, Suède,
n° 3, 1982, p. 6.
"AGIRî"
(Ararat), Berbang, (l'Aube), Suède,
n° 1982, p. 22.
"BERSIVA HOŞENG"
(la réponse de HoŞeng), Berbang,
Suède, n° 16, 1983, pp. 9-11.
"BIJî WELATÊ
MIN" (vive ma patrie), Roja Nû
(le Jour nouvel), Stockholm, n° 45, 2/1983, p. 10.
"SERBILINDî"
(la dignité), Roja Nû, Stockholm, n°
45, 2/1983, p. 10.
"ZIMAN"
(la langue), Hêvî, p, n° 2, 1 mai
1984, p. 61.
"ŞÊRÊ
MIN" (mon lion), Gelawêj, Syrie,
n° 11, novembre 1984, p. 18.
"SIYAMEND"
(Siyamend), Gelawêj, Syrie, n° 11,
novembre 1984, p. 19. / il est à noter que Osman Sebrî a employé le surnom de
"Kalo" sous ce poème/.
"MENEWŞ",
Gelawêj, Syrie, n° 15, mars 1986, p.
15.
"SERWER, bo
Barzanî" (dédié à Barzanî, le dirigent), Mamostayê Kurd (l'Enseignant
kurde), Stockholm, n° 3, 1986, p. 8.
"GULAN
NAXWAZIM" ( je ne demande pas des fleurs), Gelawêj (Sirius), Syrie, n° 15, 1986, p. 15.
"NEVIYÊ KALÊ
SIYAMEND" (le descendant âgé de Siyamend), Hêvî (l'Espoir), n° 5, mai
1986, Paris. 68. /il à noter que Osman Sebrî a employé le surnom de
"Kalo" sous ce poème/.
4. 3. Œuvres narratives
4. 3. 1. Nouvelles :
"LI
GORISTANEKA AMEDÊ" (dans un cimetière de Diyarbakir), Hawar, Damas, n° 21, 5 juin 1933, pp. 2- 6.
"ŞîNA JINEKÊ
LI SER GORA BIRHO, ji bîrên rojên kevin /09.06.1933, Aka (Palestine)/" (La
lamentation d'une femme sur la tombe de Birho, en souvenir des anciens jours), Ronahî, Damas, n° 21, 1 décembre 1943,
pp. 5-8.
4. 3. 2. Récits :
"NÊÇîRA
HIRÇAN" (la chasse des ours), Hawar,
Damas, n° 48, 15 août 1942, p. 4-6.
"WARÊ MIN NE î
KOR E" (Ma race n'est pas éteinte), Hawar,
Damas, n° 51, 15 novembre 1942, p. 5.
"PIRA GENDERÊ
Û ÎEMÛŞKÊ KULIK" (le pont de Gender et ÎemûŞkê Kulik), Hawar, Damas, n° 52, 20 janvier 1943, p.
8.
"MIST-AWIK"
(Mist-Awik), Ronahî, Damas, n° 12, 1 mars 1943, p. 21.
"TERŞÊ ŞEVÊ-1"
(le fantôme de la nuit-1), Ronahî, Damas, n° 14, 1 mai 1943, pp. 6-7.
"ŞÊREK BI
DAREKî" (un lion vaincu avec un bâton), Ronahî, Damas, n° 14, 1 mai 1943,
pp. 8-9.
"SEYÊ KU GUR
TANî FÊZA PÊZ" (le chien qui attirait des loups dans la bergerie), Ronahî, Damas, n° 15, 1 juin 1843, pp.
5-7.
"ŞEYTANQÛNî-1"
(Şeytanqûnî -1), Hawar, Damas, n° 55,
15 juin 1943, pp. 7-8.
"BERAZ Û
BERAZî" (le porc et les Berazî), Ronahî,
Damas, n° 16, 1 juillet 1943, p. 11.
"ŞEYTANQÛNî-2"
(Şeytanqûnî - 2), Hawar, Damas, n°
56, juillet 1943, pp. 3-4.
"ŞÊXÊ BARZAN
ÇAWA FIRANDIN ?" (comment on a fait voler le Cheikh de Barzan ?), Ronahî, Damas, n° 17, 1 août 1943, pp.
22-24.
"MIJO Û
XANÊ" (Mijo et Xanê), Ronahî,
Damas, n° 17, 1 août 1943, p. 5.
"ENKER Û NEKîR"
(Enker et Nekîr), in recueil de textes
kourmandji publié par Stig Wikander, Wiesbaden Otto Harrassowitz, Uppsala,
1959, pp. 17-19.
"LEHENG-1"
(héros -1), Çiya, Allemagne, n° 3,
septembre 1966, pp. 3-4.
"LEHENG-2"
('héros -2), Çiya, Allemagne, n° 6,
décembre 1968, pp. 6-8.
"LEHENG-3"
(héros -3), Çiya, Allemagne, n° 7,
août 1969, pp. 6-8.
"LEHENG-4"
(héros-4), Çiya, Allemagne, n° 8,
décembre 1970, pp. 4-5.
4. 3. 3. Contes :
"TERLAN, ji qisetên
îbretamîz" (le roi des oiseaux, pris des histoires qui servent
d'exemples), Ronahî, Damas, n° 20, 1
novembre 1943, pp. 12-13.
"PIRÇEMEK Û
SILÊMAN" (la chauve-souris et le Roi Salomon), recueil des textes kourmandji publié par Stig Wikander,Wiesbaden
Otto Harrassowitz, Uppsala, 1959, p. 7.
4. 4. ECRITS CRITIQUES
"TARîXA KURD Û
KURDISTANÊ -1" (l'histoire des Kurdes et du Kurdistan -1), Hawar, Damas, n° 28, 15 mai, 1941, pp.
5-6.
"TARîXA KURD Û
KURDISTANÊ -2" (l'histoire des Kurdes et du Kurdistan -2), Hawar, Damas, n° 29, 10 juin 1941, pp.
6-7.
"TARîXA KURD Û
KURDISTANÊ -3" (l'histoire des Kurdes et du Kurdistan -3), Hawar, Damas, n° 30, 1 juillet 1941,
9-11.
"BOBELATÊN ME
YÊN CIVAKî" (nos problèmes sociaux),
Roja Nû, Beyrouth, n° 9, 28 juin 1943, p. 1.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON - pêŞgotin" (l'histoire de la vie de Napoléon - préface), Ronahî, Damas, n° 16, 1 juillet 1943,
pp. 12-13.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -1" (l'histoire de la vie de Napoléon -1), Ronahî, Damas, n° 17, 1 août 1943, pp. 26-28.
"PIRJINî Û
BELAYÊN WÊ" (la polygamie et ses problèmes) Roja Nû, Beyrouth, n° 17, 1 août 1943, p. 1.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -2" (l'histoire de la vie de Napoléon -2), Ronahî, Damas, n° 18, 1 septembre 1943, pp. 16-18.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -3" (l'histoire de la vie de Napoléon -3), Ronahî, Damas, n° 19, 1 octobre 1943, pp. 9-10.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -4" (l'histoire de la vie de Napoléon -4), Ronahî, Damas, n° 20, 21 novembre 1943, pp. 9-11.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -5" (l'histoire de la vie de Napoléon -5), Ronahî, Damas, n° 21, 1 janvier 1944, pp. 3-4.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -6" (l'histoire de la vie de Napoléon -6), Ronahî, Damas, n° 22, février-mars 1944, pp. 5-7.
"DîROKA JîNA
SELAÎEDîN -1" (l'histoire de la vie de Saladin -1), Ronahî, Damas, n° 23, février-mars 1944, pp. 12-14.
"DîROKA JîNA
SELAÎEDîN -2" (l'histoire de la vie de Saladin -2), Ronahî, Damas, n° 24, avril 1944, pp. 17-18.
"DîROKA JîNA
SELAÎEDîN -3" (l'histoire de la vie de Saladin -3), Ronahî, Damas, n° 25, mai 1944, pp. 21-22.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -7" (l'histoire de la vie de Napoléon -7), Ronahî, Damas, n° 23, avril 1944, pp. 18-21.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -8" (l'histoire de la vie de Napoléon -8), Ronahî, Damas, n° 24, mai 1944, p. 6-8.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -9" (l'histoire de la vie de Napoléon -9), Ronahî, Damas, n° 25, mai 1944, pp. 10-12.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -10" (l'histoire de la vie de Napoléon -10), Ronahî, Damas, n° 26, juin-juillet 1944, pp. 14-15.
"DîROKA JîNA
SELAÎEDîN -4" (l'histoire de la vie de Saladin -4), Ronahî, Damas, n° 26, juin-juillet, 1944, 10-11.
"DîROKA JîNA
NAPOLYON -11" (l'histoire de la vie de Napoléon -11), Ronahî, Damas, n° 27, août-septembre 1945, pp. 17-19.
"DîROKA JîNA
SELAÎEDîN -5" (l'histoire de la vie de Saladin -5), Ronahî, Damas, n° 28, mars 1945, pp. 9-10.
"SELAîEDîN Û
EHLî XAÇ -1" (Saladin et les Croisés -1), Gelawêj, Bagdad, n° 6, juin 1949, pp. 1-8, 57-61.
"SELAÎEDîN Û
EHLî XAÇ -2" (Saladin et les Croisés -2), Gelawêj, Bagdad, n° 8, août 1949, pp. 1-5.
"ŞAŞIYÊN ME
KURDAN" (Nos fautes à nous, les Kurdes), Berbang, Suède, n° 14, 1983, pp. 3-4.
4. 5. écrits
politico-philosophiques :
"GOTINÊN ŞOPEWER"
(les mots traceurs), Hawar, Damas, n°
48, 15 août 1942, p. 7.
"GELO DEM JI
ZÊR E ?" (le temps vaut-il autant que l'or?), Hawar, Damas, n° 52, 20 janvier 1943, p. 6.
"MEZIN Û
MEZINATî, AN SERGEVAZ Û SERGEVAZî, ez vê bendê ji xanima gelparêz RewŞen
Bedir-Xan re berpê dikim" (le grand et la grandeur, ou bien le noble et la
noblesse, je dédie cet article à la dame fidèle au patriotisme, RewŞen
Bedir-Xan), Hawar, Damas, n° 51, 15
novembre 1942, pp. 9-10.
"FEDAKARî"
(le sacrifice), Hêviya Welêt, dengê
Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie, organe de
l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 1, 1963, p. 16.
"ZIMAN Û JîNA
MILETAN" (la langue dans la vie des peuples), Hêviya Welêt, dengê Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir
de la Patrie, organe de l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 1,
1963, pp. 19-21.
"MAFIR MIROV
TENÊ CAREKÊ DIMRE, ..." (puisque l'homme meurt une seule fois, ..), Hêviya Welêt, dengê Komeley Xwêndikaranî
Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie, organe de l'Organisation des Etudiants
kurdes en Europe), n° 1, 1963, pp. 12-13.
"SERBILINDî"
(la dignité), Berbang, Suède, n° 12,
juin 1983, p. 7.
"KÜRT
KOMÜNISTLERININ BIRLIG HAKKINDA" (à propos de la réunification des
communistes kurdes), Yekîtî, ji bo
serxwebûn û azadî (l'Union pour l'indépendance et la libération), Europe, n° 1,
1983, p. 41.
4. 6. études
ethnologiques :
"ÇIYAYÊ
SASONÊ" (la montagne de Sason), Hawar,
Damas, n° 27, 15 avril 1941, p. 8.
"MIRDÊSAN Û
GAWESTIYÊN WAN" (les Mirdês et leurs Bœufs-fatigués, group dissident de
Mirdês), Hawar, Damas, n° 52, 20
janvier 1943, pp. 6, 11-12.
"ÊZDî Û OLA
WAN -1, ji Mîrza Tawûsparêz re" (les Yézidis et leur religion -1, dédié à
Monsieur Tawûsparêz, le surnom de Roger Lescot ), Ronahî, Damas, n° 19, 1 octobre 1943, pp. 13-19.
"ÊZDî Û OLA
WAN -2, ji Mîrza Tawûsparêz re" (les Yézidis et leur religion -2, dédié à
Monsieur Tawûsparêz, le surnom de Roger Lescot), Ronahî, Damas, n° 20, 1 novembre 1943, p. 16.
"ÊZDî Û OLA WAN -3, ji Mîrza Tawûsparêz
re" (les Yézidis et leur religion -3, dédié à Monsieur Tawûsparêz, le
surnom de Roger Lescot), Ronahî,
Damas, n° 21, 1 décembre 1943, p. 15.
4. 7. écrits
linguistique
"GAZIND Û GILî"
(les plaintes et les protestations), Hawar, Damas, n° 14, 31 décembre 1932, p.
4.
"SEHîTî"
(l'orthographe), Hawar, Damas, n° 22,
1 juillet 1933, pp. 1-2.
"ÇEND
GAZIND" (quelques plaintes), Ronahî,
Damas, n° 20 novembre 1943, pp. 5-6.
"ZIMAN Û NIVîSANDINA
Wî" (la langue et son écriture),
Ronahî, Damas, n° 24, avril 9144, pp. 22-23.
"ÇEND GOTIN DI
WARÊ ELIFBÊYA KURDî Û TîP Û DENGÊN TÊDE" (quelques mots au sujet de
l'alphabet kurde, de ses lettres et de ses sons), recueil des textes kourmandji publié par Stig Wikander, Wiesbaden
Otto Harrassowitz, Uppsala, 1959, pp. 103-104.
"ZIMAN"
(la langue), Berbang, Suède, n° 3,
1982, pp. 5-6.
"DI WARÊ
PARASTINA ZIMÊN DE" (à propos de la sauvegarde la langue), Berbang, Suède, n° 5, 1982, p. 9.
"ELIFBÊYA KURDî"
(l'alphabet kurde), Hêvî, Paris, n°
1, septembre 1983, pp. 19-20.
"ÇEND REXNE JI
KALEMÊREKî KURD" (quelques critiques de la part d'un homme âgé), Hêvî, Paris, n° 2, mai 1984, pp. 8-9.
4. 8. Divers dont la chasse :
"AGIRî"
(Ararat), Hawar, Damas, n° 36, 1
décembre 1941, pp. 8-9.
"LI PÊŞBERÊ
YARÊ" (devant la bien-aimée), Hawar,
Damas, n° 49, 15 septembre 1942, p. 4.
"LI WELATÊ ÇîNÊ
MEÎKEMÊN WÊ ÇAWA EDALETÊ BELAV DIKIN"/ traduit en kurde par Osman Sebrî/
(comment la justice est appliquée en Chine), Ronahî, Damas, n° 12, 1 mars 1943, p. 19.
"NÊÇîR - 1, ji
axayê min ê delal, Şêxê nêçîrvanan Lezgîn Axa ra" (la chasse -1, dédié à
mon cher agha, Lezgîn Axa, chef des chasseurs), Ronahî, Damas, n° 17, 1 août 1943, pp. 13-19.
"NÊÇîR - 2, ji
axayê min ê delal, Şêxê nêçîrvanan, Lezgîn Axa ra" (la chasse -2, dédié à
mon cher agha, Lezgîn Axa, chef des chasseurs), Ronahî, Damas, n° 18, 1 septembre 1943, pp. 11-14.
"HEVALÊ
ÇAK" (le bon camarade), Ronahî,
Damas, n° 18, 1 septembre 1943, p. 8.
"PîROZî"
(félicitations), Çiya, Allemagne, n°
2, mars 1966, pp. 11-12.
ÇIYA (1-8,
1965-1970), la revue culturelle kurde, éditeur et responsable : Hemreş ReŞo,
Allemagne, 1974, 159 p. / préface écrite par Osman Sebrî, pp. IX-XI/.
4. 9. Les entretiens avec Osman Sebrî
"MAMOSTA OSMAN
SEBRî JI BO PÊŞENGÊ DIPEYIVE" (Monsieur Osman Sebrî parle à PêŞeng), PêŞeng, Syrie (?), n° 5, mai 1984, pp.
42-43.
"NEH KASÊT (60
d.) DENGKIRIN BI APO RE DI SALÊN 1985-1988 DE, Amed û Zîn" (Neuf cassettes
(60 m.) d'entretien avec Apo enregistrées par Amed et Zîn, entre les années
1985-1988).
"HEVPEYVîNEK
BI OSMAN SEBRî RE, Amed û Zîn" (un entretien avec Osman Sebrî fait par
Amed et Zîn), Hêvî, Parîs, n° 6, mai
1987, pp. 40-45.
"HEVPEYVîNEK
BI OSMAN SEBRî RE" (un entretien avec Monsieur Osman Sebrî), Firat Cewerî,
Hêvî, n° 7, 1989, PP. ? (l'entretien
reste toujours non publié).
"RAPORTAJEK BI
OSMAN SEBRî" (un reportage avec Osman Sebrî), Berxwedan, n° 71, Allemagne, 31 janvier 1989, PP. 16-18.
"REPORTAJEK BI
OSMAN SEBRî RE" (une reportage avec Osman Sebrî), Berxwedan, n° 95, Allemagne, 15 février 1990, 10-11, 16.
[1] Kemal Fuad : "Çon egeyne seretayekî bawerpêkraw bo edebî
kurdî" (comment déterminer les débuts exacts et certaines de la
littérature kurde), in Nûserî Kurd,
Bagdad, n° 12, décembre 1975, pp. 18-24.
[2] Djeladet Bedir Khan, Roger Lescot, Grammaire
kurde (dialecte kurmandji),
Paris, Librairie d’Amérique et de l’Orient, 1970, pp. 6-7.
[3] "Neh kasêt (60 d.) dengkirin bi Apo re di salên 1985-1988 de,
Amed û Zîn" (Neuf cassettes (60 m.) d'entretien avec Apo enregistrées par
Amed et Zîn entre les années 1985-1988). Ces entretiens ont été écrits. Nous
espérons pouvoir, un jour, les publier.
[4] Ibid.
[5] "Mamosta Osman Sebrî ji bo PêÒengê dipeyive" (Monsieur Osman
Sebrî parle à PêÒeng), PêÒeng, Syrie (?), n° 5, mai 1984,
p. 43.
[6] "Neh kasêt (60 d.) dengkirin bi Apo re …"
[7] "Hevpeyvînek bi Osman Sebrî re, Amed û Zîn" (un entretien
avec Osman Sebrî fait par Amed et Zîn), Hêvî,
Parîs, n° 6, mai 1987, p. 41.
[8] "Neh kasêt (60 d.) dengkirin bi Apo re …"
[9] Cewad Mollah: Kurdistân watanon
wa cha'bon bidûnî dawla (Kurdistan, territoire et peuple sans Etat), éd. de
Kurdologia, Londres, 1985, pp. 64-66.
[10] "Neh kasêt (60 d.) dengkirin bi Apo re …"
[11] Ibid.
[12] Ibid.
[13] Ibid.
[14] En signe de respect, Osman Sebrî emploie toujours le mot
"Apo" à ses interlocuteurs.
[15] "Neh kasêt (60 d.) dengkirin bi Apo re …"
[16] Ibid.
[17] Ibid.
[18] Nous avons recueilli ces propos d'après un personnage proche de Osman
Sebrî qui vit à Paris.
[19] "Neh kasêt (60 d.) dengkirin bi Apo re …"
[20] Cewad Moullah : Kurdistan
watanon wa cha'bon bidouni dawla (Kurdistan, territoire et peuple sans
Etat), éd. de Kurdologie, Londres, 1985, p. 65.
[21] "Neh kasêt (60 d.) dengkirin bi Apo re …"
[22] Ibid.
[23] Ibid.
[24] Ibid.
[25] Hawar
(1-9), réédité par MiÌemed Bekir, éd. de Hawar, Stockholm,
1987, p. VII.
[26] "Neh kasêt (60 d.) dengkirin bi Apo re …"
[27] Ibid.
[28] Ibid.
[29] Cf. une étude faite à ce propos dans REW∑EN, kovara Yekîtiya RewÒenbîrên Welatparêzên Kurdistanê (Lumineux, revue de l'Union des
Intellectuels Patriotiques du Kurdistan), Allemagne, n° 3, 1989.
[30] Cf. Apo
(ouvrage comprenant la plupart des poèmes de Apo), publié par ÎemreÒ ReÒo, Allemagne, 1979, p. VII.
[31] Nouredine Zaza aurait dû traduire le nom du parti de l'arabe ainsi :
Parti démocratique kurde en Syrie et non pas de Syrie.
Comme les partis politiques du Kurdistan du Sud-Ouest n'osent employer le terme
"Kurdistan", ils trouvent une autre "solution". D'après
eux, le terme en Syrie indique que le parti est kurde avant d'être syrien.
Autrement dit, ils sous-entendent qu'en Syrie se trouve une partie du Kurdistan
et non pas une minorité kurde.
[32] Nouredine Zaza : Ma vie de kurde
ou le cri du peuple kurde, éd. de Pierre Marcel Favre, Suisse, 1982, p.
137-140.
[33] "Neh kasêt (60 d.) dengkirin bi Apo re …"
[34] Le mot "Partî" est devenu une appellation courante pour
désigner le Parti démocratique kurde en
Syrie jusqu'à présent.
[35] "Neh kasêt (60 d.) dengkirin bi Apo re …"
[36] Apo (ouvrage
comprenant la plupart des poèmes de Apo), publié par ÎemreÒ ReÒo, Allemagne, 1979, p. VII.
[37] "Neh kasêt (60 d.) dengkirin bi Apo re …"
[38] Ibid.
[39] Christiane More : Les Kurdes
Aujourd'hui, éd. l'Harmattan, Paris, 1984, pp. 203-204.
[40] Ibid., p. 203.
[41] "Neh kasêt (60 d.) dengkirin bi Apo re …"
[42] Ibid.
[43] Apo (ouvrage
comprenant la plupart des poèmes de Apo), publié par ÎemreÒ ReÒo, Allemagne, 1979, p. VII.
[44] Ibid., p. VII.
[45] La lettre "q" de l'alphabet latin kurde employé dans Hawar se prononce "k" à partir
du n° 1 jusqu'au n° 23.
[46] Qedrîcan : "Hawar hebe
gazî li dû ye, ji bona birayê min Osman Sebrî", Hawar, n° 1, 15 mai 1932, pp. 6-7.
[47] Nous n'avons pas remplacé "k" par "q" car le poème
est publié en caractères arabes.
[48] "Berdêlk, ji Qedrîcanê canbira ra" (l'échange
dédié à mon frère fidèle, Qedrîcan), Hawar
(l'Appel), Damas, n° 2, 1 juin 1932, p. 10.
[49] "Hevpeyvînek bi Osman Sebrî re Amed û Zîn" (un entretien
avec Osman Sebrî fait par Amed et Zîn), Hêvî,
Parîs, n° 6, mai 1987, pp. 40-45.
[50] "Lavelav" (supplique), Hawar,
Damas, n° 20, 8 mai 1933, pp. 3-5.
[51] Ibid.
[52] "MarÒa xortan"
(la marche de la jeunesse), Hawar,
Damas, n° 27, 15 avril 1941. P. 7.
[53] "Hêviya nû" (le nouvel espoir), Roja Nû, Beyrouth, n° 15, août 1943, p. 1
[54] "Dongiya çeqel" (la mort de chacal), Hawar, Damas, n° 27, 15 avril 1941, pp. 5-6.
[55] "Welatê Tirî-Viryan" (le pays de Tirî-Viryan), Hawar, Damas, n° 28, 15 mai 1941, p. 6.
[56] "Keça Òi'rê, ji
bîrên rojên kevin" (la jeune fille à travers la poésie, en souvenir des
anciens jours), Hawar, Damas, n° 65,
15 juillet 1943, p. 5.
[57] "Evîn, ji bîrên rojên kevin" (l'amour, en souvenir des
anciens jours), Hawar, Damas, n° 53,
15 mars 1943, p. 2.
[58] "MenewÒ", Gelawêj, Syrie, n° 15, mars 1986, p. 15.
[59] Apo (ouvrage
comprenant la plupart des poèmes de Apo), publié par ÎemreÒ ReÒo, Allemagne, 1979, p. 114.
[60] "Jan" (la souffrance), Hêviya
Welêt, dengê Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie,
organe de l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 2, mai 1964, p.
12.
[61] Extraits du Coran placés dans des morceaux de cuir et utilisés comme moyen
de guérison.
[62] Instrument pointu avec lequel les cheikhs se piquent pour prouver
qu'ils sont devins.
[63] Ibid.
[64] Nouredine Zaza : Ma vie de kurde
ou le cri du peuple kurde, éd. de Pierre Marcel Favre, Suisse, 1982, pp.
139-140.
[65] BAHOZ û çend nivîsarên dinê (la
tempête, et quelques autres écrits), Damas (?), 1956, p. 16.
[66] Ibid., pp. 21-22.
[67] Nouredine Zaza : Ma vie de kurde
ou le cri du peuple kurde, éd. de Pierre Marcel Favre, Suisse, 1982, pp.
132-133.
[68] BAHOZ û çend nivîsarên dinê (la
tempête, et quelques autres écrits), Damas (?), 1956, pp. 38-39.
[69] Ibid. p. 40.
[70] Ibid. pp. 42-43.
[71] Ibid. pp. 45-47.
[72] "Ho, Xort" (Oh, jeune homme), Hêviya Welêt, dengê Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir
de la Patrie, organe de l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 3,
mars 1965, p. 23.
[73] "Ker û azadî" (l'âne et la liberté), Hêviya Welêt, dengê Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir
de la Patrie, organe de l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 2,
mai 1964, pp. 17-18.
[74] Apo (ouvrage
comprenant la plupart des poèmes de Apo), publié par ÎemreÒ ReÒo, Allemagne, 1979, p. 58.
[75] Ibid. 51.
[76] Les Kurdes et le Kurdistan (ouvrage
collectif), éd. MASPERO, Paris, 1981, p. 316.
[77] "Gîsin" (le soc), Hêviya
Welêt, dengê Komeley Xwêndikaranî Kurd le Ewropa (l'Espoir de la Patrie,
organe de l'Organisation des Etudiants kurdes en Europe), n° 2, mai 1964, pp.
14-15.
[78] "Hêviya kalemêr" (l'espoir du vieux), Çiya, Allemagne, n° 6, décembre 1968, p. 7.
[79] Apo (ouvrage
comprenant la plupart des poèmes de Apo), publié par ÎemreÒ ReÒo, Allemagne, 1979, p. 40.
[80] Cf. Les Kurdes et le Kurdistan (ouvrage
collectif), éd. MASPERO, Paris, 1981, pp. 272-287.
[81] Apo (ouvrage
comprenant la plupart des poèmes de Apo), publié par ÎemreÒ ReÒo, Allemagne, 1979, p. 26.
[82] Ibid. p. 28.
[83] Ibid. p. 19.
[84] Ibid. p. 22.
[85] Ibid. p. 11.
[86] Ibid. p. 8.
[87] Ibid. p. 10.
[88] Ibid. p. I.
[89] "Bijî welatê min" (vive ma patrie), Roja Nû (le Jour nouvel), Stockholm, n°
45, 2/1983, p. 10.
[90] "Bersiva HoÒeng" (la réponse de
HoÒeng), Berbang,
Suède, n° 16, 1983, pp. 9-11.
[91] A propos de Cegerxwîn, voir un de ses poèmes traduit par Thomas Bois : "Coup d'œil sur la
littérature kurde", in Al-Machriq,
Beyrouth, mars-avril 1955, p. 228.
[92] Joyce Blau : mémoire du
Kurdistan, éd. de Findakly, Paris, 1984, p. 7.
[93] Pour connaître la métrique accentuelle de la poésie populaire kurde
lire : Mamed JEMO, Introduction à la
métrique de la poésie classique et populaire kurdes, recherche présentée
sous la direction de Charles-Henri de Fouchécour, la Sorbonne Nouvelle (Paris
III), Paris, 1990.
[94] "Dîk û rovî" (le coq et le renard), Hawar, Damas, n° 31, 1 août 1941, p, 5.
[95] Lucie Paul-Margueritte, Kamuran A. BEDIR-XAN, Proverbes kurdes, Paris, 1937, pp. 7-8.
[96] ∑êrko Bêkes : "Un entretien avec le
poète kurde, ∑êrko Bêkes" fait par 'Abid Kerim, in al-Safîr, Liban, 01.09.1987.
[97] Halkawt Hakim : "Mem û Zîn, un résumé de Mahmud Bayazidi traduit
par Alexandre Jaba", in Dabireh,
Paris, n° 5, Printemps 1989, pp. 171-192.
[98] Thomas Bois : connaissance des
Kurdes, éd. de al-Khayat, Beyrouth,1965, p. 130.
[99] Thomas Bois : "Coup d'œil sur la littérature kurde", in Al-Machriq, Beyrouth, mars-avril1955, p.
226.
[100] "∑îna jinekê li
ser gora Birho, ji bîrên rojên kevin /09.06.1933, Aka (Palestine)/" (La
lamentation d'une femme sur la tombe de Birho, en souvenir des anciens jours), Ronahî, Damas, n° 21, 1 décembre 1943,
pp. 5-8.
[101] Ibid. p. 8.
[102] "Nêçîra hirçan" (la chasse des ours), Hawar, Damas, n° 48, 15 août 1942, p. 4-6.
[103] Thomas Bois : "L'Âme des Kurdes à la lumière de leur
folklore", in Les Cahiers de l'Est,
n° 5 et 6, Beyrouth, 1946, p. 27.
[104] "Pira Genderê û
ÎemûÒkê Kulik" (le pont de Gender et ÎemûÒkê
Kulik), Hawar, Damas, n° 52, 20 janvier 1943, p. 8.
[105] Thomas Bois : "L'Âme des Kurdes à la lumière de leur folklore",
in Les Cahiers de l'Est, n° 5 et 6,
Beyrouth, 1946, p. 28.
[106] "Warê min ne î kor e" (Ma race n'est pas éteinte), Hawar, Damas, n° 51, 15 novembre 1942,
p. 5.
[107] Thomas Bois : "L'Âme des Kurdes à la lumière de leur
folklore", in Les Cahiers de l'Est,
n° 5 et 6, Beyrouth, 1946, p. 26.
[108] "Mist-Awik" (Mist-Awik), Ronahî,
Damas, n° 12, 1 mars 1943, p. 21.
[109] Thomas Bois : "L'Âme des Kurdes à la lumière de leur
folklore", in Les Cahiers de l'Est,
n° 5 et 6, Beyrouth, 1946, pp. 20-21.
[110] Joyce Blau : mémoire du Kurdistan,
éd. de Findakly, Paris, 1984, pp. 154-158.
[111] "∑êrek bi
darekî" (un lion vaincu avec un bâton), Ronahî, Damas, n° 14, 1 mai 1943, pp. 8-9.
[112] "Seyê ku gur tanî fêza pêz" (le chien qui attirait
des loups dans la bergerie), Ronahî,
Damas, n° 15, 1 juin 1843, pp. 5-7.
[113] "Beraz û Berazî" (le porc et les Berazî), Ronahî, Damas, n° 16, 1 juillet 1943, p.
11.
[114] Thomas Bois : "L'Âme des Kurdes à la lumière de leur
folklore", in Les Cahiers de l'Est,
n° 5 et 6, Beyrouth, 1946, pp. 52-53.
[115] "∑êxê Barzan çawa
firandin ?" (comment on a fait voler le Cheikh de Barzan ?), Ronahî, Damas, n° 17, 1 août 1943, pp.
22-24.
[116] Thomas Bois : "L'Âme des Kurdes à la lumière de leur
folklore", in Les Cahiers de l'Est,
n° 5 et 6, Beyrouth, 1946, pp. 21-22.
[117] "Mijo û Xanê" (Mijo et Xanê), Ronahî, Damas, n° 17, 1 août 1943, p. 5.
[118] Çar leheng (quatre héros),
Damas, 1984, pp.1-6.
[119] Ibid. pp. 9-20.
[120] Ibid. pp. 20-29.
[121] Ibid. pp. 30-33.
[122] Stig Wikander : Recueil des
textes kourmandji, éd. Wiesbaden otto Harrassowitz, Uppsala, 1959. pp.
17-19.
[123] "Terlan, ji qisetên îbretamîz" (le roi des oiseaux, des
histoires qui servent d'exemples), Ronahî,
Damas, n° 20, 1 novembre 1943, pp. 12-13.
[124] Stig Wikander : Recueil des
textes kourmandji, éd. Wiesbaden otto Harrassowitz, Uppsala, 1959. p. 11.
[125] "Agirî" (Ararat), Hawar,
Damas, n° 36, 1 décembre 1941, pp. 8-9.
[126] "Li pêÒberê
yarê", Hawar, Damas, n° 49, 15
septembre 1942, p. 4.
[127] "Bobelatên me yên civakî" (nos problèmes sociaux), Roja Nû, Beyrouth, n° 9, 28 juin 1943,
p. 1
[128] "Pirjinî û belayên wê" (la polygamie et ses
problèmes) Roja Nû, Beyrouth, n° 17,
1 août 1943, p. 11.
[129] "∑aÒiyên me
Kurdan" (Nos fautes à nous, les Kurdes), Berbang, Suède, n° 14, 1983, pp. 3-4.
[130] "Tarîxa kurd û Kurdistanê -1" (l'histoire des Kurdes et du
Kurdistan -1), Hawar, Damas, n° 28,
15 mai, 1941, pp. 5-6.
[131] "Tarîxa kurd û Kurdistanê -2" (l'histoire des Kurdes et du
Kurdistan -2), Hawar, Damas, n° 29,
10 juin 1941, pp. 6-7.
[132] "Tarîxa kurd û Kurdistanê -3" (l'histoire des Kurdes et du
Kurdistan -3), Hawar, Damas, n° 30, 1
juillet 1941, 9-11.
[133] "Dîroka jîna Napolyon -pêÒgotin" (l'histoire de la vie de Napoléon - préface), Ronahî, Damas, n° 16, 1 juillet 1943, p.
13.
[134] Ibid. p. 13.
[135] "Dîroka jîna SelaÌedîn -1-5" (L'histoire de la vie de Saladin - 1-5), Ronahî, Damas, n° 23, 24, 25, 26, 28,
1944-45.
[136] "Dîroka jîna SelaÌedîn -1" (L'histoire de la vie de Saladin - 1), Ronahî, Damas, n° 23, février-mars 1944,
pp. 12-14.
[137] "SelaÌedîn û Ehlî
Xaç -1-2" (Saladin et les Croisés-1), Gelawêj,
Bagdad, n° 6, 8, 1949.
[138] "Gotinên Òopewer"
(les mots marquants), Hawar, Damas,
n° 48, 15 août 1942, p. 7.
[139] "Mezin û mezinatî, an sergevaz û
sergevazî, ez vê bendê ji xanima gelparêz RewÒen Bedir-Xan re berpê dikim"
(le grand et la grandeur, ou bien le noble et la noblesse, je dédie cet article
à la dame fidèle au patriotisme, RewÒen Bedir-Xan), Hawar, Damas, n° 51, 15 novembre 1942,
pp. 9-10.
[140] "Serbilindî" (la dignité), Berbang, Suède, n° 12, juin 1983,
p. 7.
[141] "Sinçî û ol, girêdana wan bi hev re" (les mœurs, la religion
et le rapport entre les deux), Roja Nû,
Beyrouth, n° 2, 10 mai 1943, p. 1.
[142] "Kolîgîriya ramanê" in Derdên
me (nos problèmes), Damas (?), 1957, pp. 2-7.
[143] "Ziman di jîna miletan de" in Derdên me (nos problèmes), Damas (?), 1957, pp. 6-8.
[144] "Raman di navbera afirîn û vacabûnê de" in Derdên me (nos problèmes), Damas (?),
1957, pp. 14-16.
[145] "Welatparêzî di navbera duh û îro de" in Derdên me (nos problèmes), Damas (?),
1957, pp. 20-27.
[146] "Êzdî û ola wan -1, ji Mîrza Tawûsparêz re" (les Yézidis et
leur religion -1, dédié à Monsieur Tawûsparêz, le surnom de Roger Lescot ), Ronahî, Damas, n° 19, 1 octobre 1943, p.
13. En effet, dans son livre Tarîxa
Kurdistanê - 1, Cegerxwîn essaie de prouver que les Yézidis sont des Kurdes
zoroastriens (Cf. Cegerxwîn, Tarîxa
Kurdistanê - 1, éd. Roja Nû, Suède, 1985, pp. 19-39).
[147] Ibid. p. 13.
[148] Stig Wikander : "Un témoignage kurde sur les Yézidis du
Sindjar", Osman Sebrî et Stig Wikander, in Orientalia Suecana, II, 1953, p. 112.
[149] Thomas Bois : "L'Âme des Kurdes à la lumière de leur
folklore", in Les Cahiers de l'Est,
n° 5 et 6, Beyrouth, 1946, p. 26.
[150] "Mirdêsan û Gawestiyên wan" (les Mirdês et leurs
Bœufs-fatigués, group dissident de Mirdês), Hawar,
Damas, n° 52, 20 janvier 1943, pp. 6, 11-12.
[151] "Çiyayê Sasonê" (la montagne de Sason), Hawar, Damas, n° 27, 15 avril 1941, p. 8.
[152] "Nêçîr - 1, ji a‹ayê min ê delal, Òêxê
nêçîrvanan Lezgîn A‹a ra" (la chasse -1, dédié à mon cher agha, Lezgîn A‹a, chef des chasseurs), Ronahî,
Damas, n° 17, 1 août 1943, pp. 13-19.
[153] "Nêçîr - 2, ji a‹ayê min ê delal, Òêxê
nêçîrvanan, Lezgîn A‹a ra" (la chasse-2, dédié à mon cher agha, Lezgîn A‹a, chef des chasseurs), Ronahî,
Damas, n° 18, 1 septembre 1943, pp. 11-14.
[154] "Ziman û nivîsandina wî" (la langue et son écriture), Ronahî, Damas, n° 24, avril 9144, pp.
22-23.
[155] "Gazin û gilî" (les plaintes et les protestations), Hawar, Damas, n° 14, 31 décembre 1932,
p. 4.
[156] "Pirsiyara Gelawêjê"
(la requête de Gelawêj), Gelawêj, Irak, n° 1, 1945, pp. 58-60.
[157] "Name ji Hêviyê re"
(Une lettre pour Hêvî), Hêvî, Paris, n° 2, 1984, pp. 8-9.
[158] ReÒîdê Kurd : Rêzman a ziman ê kurmancî, Editions de
Karam, Damas, 1956, 114 p.
[159] "Elifbêya kurdî" (l'alphabet kurde), Hêvî, Paris, n° 1,
septembre 1983, pp. 19-20.
[160] Elifbêya kurdî (l'alphabet
kurde), Damas (?), 2ème éd. publié par PDK-Syrie, 1954, pp. 31-32.
[161] Elifbêya tikûz (l'alphabet
authentique), Damas, 1982, 44 p.
[162] "Çend gotin di warê Elifbêya kurdî û tîp û dengên tê
de"(quelques mots au sujet de l'alphabet kurde, de ses lettres et de ses
sons), Recueil des textes kourmandji
publié par Stig Wikander, Wiesbaden Otto Harrassowitz, Uppsala, 1959, pp.
103-104.

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